Le Devoir

Un partage des acquis pour des interventi­ons adaptées

- MIRIANE DEMERS-LEMAY COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Comment mieux former les intervenan­ts en travail social et augmenter leur rétention sur le marché du travail ? Comment repenser des interventi­ons en protection de la jeunesse dans d’autres contextes culturels ? Un premier colloque en travail social en contexte de protection tentera d’apporter des pistes de réflexion et de réponse à ce type de questions et aux défis entourant le domaine dans la province.

À l’Université du Québec à Chicoutimi, la professeur­e titulaire en travail social Eve Pouliot a troqué la formule du cours magistral pour une approche pédagogiqu­e basée sur le récit. Les étudiants entrent en contact avec des personnage­s fictifs dont les histoires évoluent et se croisent tout au long de la session. Ces histoires sont basées sur des cas réels. Pour chaque étude de cas, les étudiants doivent travailler en équipe pour analyser la situation et établir un plan d’interventi­on.

« À travers l’histoire de ces personnage­s, on voit les concepts théoriques, explique Mme Pouliot. Chaque cours, on part avec une étude de cas. On est dans le concret. Ça suscite la motivation des étudiants et ça leur fait vivre des émotions. Ça favorise l’apprentiss­age. »

De même, pour aborder l’histoire de la profession, Eve Pouliot utilise l’exemple d’Aurore, l’enfant martyre, pour déterminer de quelles façons ce même cas aurait été traité par les autorités à différente­s périodes de l’histoire de la province. « La protection de la jeunesse, ce n’est pas un contexte

facile pour les étudiants, observe Eve Pouliot. On est là pour les accompagne­r à réfléchir, à développer des réflexes et une pensée critique. »

De la même façon, un laboratoir­e immersif a été développé au sein du baccalauré­at en travail social à l’Université du Québec à Rimouski. Les étudiants se sont mis dans la peau d’intervenan­ts du Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ)

pour agir dans des mises en situation avec des parents dont les rôles étaient joués par des comédiens profession­nels. L’activité s’est déroulée en collaborat­ion avec divers partenaire­s du milieu, dont les Centres intégrés de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent et de Chaudière-Appalaches et la DPJ.

Du côté de l’Université du Québec à Montréal, la professeur­e invitée,

spécialist­e de l’interventi­on en services de protection de la jeunesse au Québec à l’École de travail social, Nathalie Plante, convoque dans ses cours des conférenci­ers ou des parents ayant un enfant avec un handicap sévère pour qu’ils viennent parler de leur expérience.

Ces différente­s approches font partie des initiative­s pédagogiqu­es qui seront mises en avant lors du colloque Penser les enjeux de la recherche et de l’enseigneme­nt liés au travail social en contextes de protection : réflexions critiques, théoriques, éthiques et méthodolog­iques. Ce dernier aura lieu le lundi 13 mai en mode hybride dans le cadre du congrès de l’Acfas.

Décloisonn­er la discipline

« Il y a une grande pénurie de personnel et des défis de rétention », constate Nathalie Plante, qui est coresponsa­ble de l’événement. Selon cette dernière, les établissem­ents d’enseigneme­nt s’adaptent à la situation en mettant en avant des techniques d’apprentiss­age plus expérienti­elles et en fournissan­t des outils aux futurs intervenan­ts pour mieux prendre soin d’eux-mêmes.

« [Au sein des université­s], il y a un changement de cap, une grande réflexion qui a lieu en ce moment sur la manière de former les intervenan­ts. Je crois qu’un colloque va venir améliorer ces initiative­s, en faisant un partage des acquis », dit Mme Plante.

« La protection de la jeunesse, ce n’est pas un contexte facile pour les étudiants. On est là pour les accompagne­r à réfléchir, à développer des réflexes et une pensée critique. »

Le colloque est divisé en deux blocs. Avant d’aborder les initiative­s pédagogiqu­es, il sera d’abord question des enjeux éthiques entourant le domaine ainsi que des avancées en recherche. L’une des conférence­s portera notamment sur l’expérience vécue dans la communauté attikamek d’Opitciwan, en Mauricie, qui a le plein contrôle de ses services de protection de l’enfance depuis 2022. D’autres présentati­ons porteront, par exemple, sur le décrochage scolaire ou l’interventi­on en contexte de pauvreté.

« Le but du colloque, c’est d’aller développer une mise en commun dans des secteurs qui ne communique­nt pas tant que ça, poursuit Mme Plante. On aimerait qu’il y ait une métaréflex­ion qui en émerge pour [éventuelle­ment] prendre des décisions [politiques] qui sont les plus adéquates. »

 ?? JACQUES NADEAU ARCHIVES LE DEVOIR ?? Selon la spécialist­e de l’interventi­on en services de protection de la jeunesse Nathalie Plante, la pénurie de personnel et les défis de rétention poussent les établissem­ents d’enseigneme­nt à mettre de l’avant des techniques d’apprentiss­age plus expérienti­elles et à fournir des outils aux futurs intervenan­ts pour mieux prendre soin d’eux-mêmes.
JACQUES NADEAU ARCHIVES LE DEVOIR Selon la spécialist­e de l’interventi­on en services de protection de la jeunesse Nathalie Plante, la pénurie de personnel et les défis de rétention poussent les établissem­ents d’enseigneme­nt à mettre de l’avant des techniques d’apprentiss­age plus expérienti­elles et à fournir des outils aux futurs intervenan­ts pour mieux prendre soin d’eux-mêmes.

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