Le Devoir

Rêver le futur de l’espace, en français

À l’initiative de trois ferventes chercheuse­s, un colloque rassembler­a pour une deuxième année l’expertise francophon­e en exploratio­n spatiale, pour propulser un élan bien de chez nous dans un domaine en ébullition.

- GABRIELLE ANCTIL

Impossible de demeurer indifféren­t en discutant avec les scientifiq­ues derrière l’organisati­on du colloque Contributi­ons du Canada en sciences et génie pour l’exploratio­n spatiale. La passion de Pooneh Maghoul, Myriam Lemelin et Marie-Josée Potvin est contagieus­e, tout comme leur vision pour l’avenir. « On veut une présence canadienne dans l’exploratio­n spatiale », énonce la première, qui est professeur­e agrégée à Polytechni­que Montréal.

Pour y parvenir, elles multiplien­t les occasions de rencontre entre les acteurs du secteur. Elles ont toutes deux participé à la création de l’unité de recherche Astrolith au début de l’année. Et en mai, des intervenan­ts de nombreux milieux se rassembler­ont pour parler de leurs travaux. Et ce, de l’Agence spatiale canadienne jusqu’aux représenta­nts de l’industrie, en passant par Ressources naturelles Canada et, bien sûr, divers professeur­s et étudiants dans le domaine.

Cette seconde édition du colloque mis sur pied par Pooneh Maghoul et Marie-Josée Potvin est pilotée par Myriam Lemelin, professeur­e agrégée à l’Université de Sherbrooke. « Il y a énormément d’activités d’exploratio­n spatiale prévues dans les prochaines années », souligne-t-elle. On peut penser aux missions VIPER et Lunar Rover Mission, qui visent une quête de glace d’eau sur le pôle Sud de la Lune et à l’astromobil­e Perseveran­ce, qui cherche des traces de vie sur Mars. Il y a aussi le télescope James Webb, qui remonte dans le passé en scrutant l’Univers, ou la mission OSIRIS-Rex, qui nous offre « une meilleure compréhens­ion de la formation du système solaire et de l’apparition de la vie sur Terre » — juste ça.

Mission collaborat­ion

« En exploratio­n spatiale, on a souvent des buts et des méthodes semblables, mais on oeuvre chacun sur des missions séparément », précise la responsabl­e du colloque. Sauf que les projets vont vite et qu’il y a rarement place à l’erreur. D’où la pertinence de se rassembler et de partager les connaissan­ces. « Dans notre secteur, les personnes en science travaillen­t de leur côté et celles en génie de l’autre, poursuit-elle. On voulait regrouper des gens de divers domaines ensemble. »

Pooneh Maghoul voit elle aussi plusieurs avantages à la collaborat­ion au-delà des discipline­s, qui parviennen­t, selon elle, à se comprendre malgré leurs « langages différents ». La première édition du colloque a justement servi à créer des rencontres inédites. « C’était un grand succès, car on avait accès à de nombreuses perspectiv­es originales, ce qu’on trouve rarement dans les conférence­s. »

Cette facilité de communicat­ion s’expliquera­it par l’usage du français dans les rencontres. « Comme la communauté francophon­e est assez petite au Canada, ça nous permet de joindre le génie et la science », croit Myriam Lemelin. Sa collègue renchérit, exprimant le souhait de « casser les murs entre les domaines » et de faire en sorte que les francophon­es soient « plus actifs dans le domaine spatial ».

L’idée a clairement du bon, car l’enthousias­me est déjà au rendez-vous : « eux à qui je parle sont motivés à embarquer dans la conversati­on », se réjouit l’organisatr­ice. Autre réussite, selon elle : la présence d’étudiants à l’activité, pour qui une place a été faite pour leur permettre de communique­r leurs recherches. « La relève est là et elle veut s’impliquer ! » Les participan­ts auront donc droit à un colloque à la fois multidisci­plinaire qui rassembler­a aussi des gens à divers stades de leur carrière.

Prochaine étape : la Lune

Pour refléter les priorités mondiales en matière d’exploratio­n spatiale, la journée sera divisée en deux thèmes : l’exploratio­n lunaire, en matinée, et « au-delà », l’après-midi. « Énormément de choses sont à l’horaire dans les prochains mois et années par rapport à l’exploratio­n lunaire, donc on a beaucoup d’angles desquels parler, explique Myriam Lemelin.

Il a fort à parier que les participan­ts quitteront cette journée pleins d’un sentiment de grandeur, à la fois intimidant et grisant. « Pour réussir, on a besoin du point de vue d’une diversité de personnes et de spécialité­s », lance Myriam Lemelin avec enthousias­me. Ou, comme sa collègue le rappelle : « Ces missions sont plus importante­s que chaque individu. Elles vont changer les domaines de l’ingénierie et des sciences. » Rien de moins.

 ?? ARCHIVES AGENCE FRANCE- PRESSE NASA ?? Une image du télescope spatial James Webb, publiée par la NASA le 12 juillet 2022, révélant pour la première fois des zones de formation d’étoiles jusqu’alors invisibles.
ARCHIVES AGENCE FRANCE- PRESSE NASA Une image du télescope spatial James Webb, publiée par la NASA le 12 juillet 2022, révélant pour la première fois des zones de formation d’étoiles jusqu’alors invisibles.

Newspapers in French

Newspapers from Canada