Rêver le futur de l’espace, en français
À l’initiative de trois ferventes chercheuses, un colloque rassemblera pour une deuxième année l’expertise francophone en exploration spatiale, pour propulser un élan bien de chez nous dans un domaine en ébullition.
Impossible de demeurer indifférent en discutant avec les scientifiques derrière l’organisation du colloque Contributions du Canada en sciences et génie pour l’exploration spatiale. La passion de Pooneh Maghoul, Myriam Lemelin et Marie-Josée Potvin est contagieuse, tout comme leur vision pour l’avenir. « On veut une présence canadienne dans l’exploration spatiale », énonce la première, qui est professeure agrégée à Polytechnique Montréal.
Pour y parvenir, elles multiplient les occasions de rencontre entre les acteurs du secteur. Elles ont toutes deux participé à la création de l’unité de recherche Astrolith au début de l’année. Et en mai, des intervenants de nombreux milieux se rassembleront pour parler de leurs travaux. Et ce, de l’Agence spatiale canadienne jusqu’aux représentants de l’industrie, en passant par Ressources naturelles Canada et, bien sûr, divers professeurs et étudiants dans le domaine.
Cette seconde édition du colloque mis sur pied par Pooneh Maghoul et Marie-Josée Potvin est pilotée par Myriam Lemelin, professeure agrégée à l’Université de Sherbrooke. « Il y a énormément d’activités d’exploration spatiale prévues dans les prochaines années », souligne-t-elle. On peut penser aux missions VIPER et Lunar Rover Mission, qui visent une quête de glace d’eau sur le pôle Sud de la Lune et à l’astromobile Perseverance, qui cherche des traces de vie sur Mars. Il y a aussi le télescope James Webb, qui remonte dans le passé en scrutant l’Univers, ou la mission OSIRIS-Rex, qui nous offre « une meilleure compréhension de la formation du système solaire et de l’apparition de la vie sur Terre » — juste ça.
Mission collaboration
« En exploration spatiale, on a souvent des buts et des méthodes semblables, mais on oeuvre chacun sur des missions séparément », précise la responsable du colloque. Sauf que les projets vont vite et qu’il y a rarement place à l’erreur. D’où la pertinence de se rassembler et de partager les connaissances. « Dans notre secteur, les personnes en science travaillent de leur côté et celles en génie de l’autre, poursuit-elle. On voulait regrouper des gens de divers domaines ensemble. »
Pooneh Maghoul voit elle aussi plusieurs avantages à la collaboration au-delà des disciplines, qui parviennent, selon elle, à se comprendre malgré leurs « langages différents ». La première édition du colloque a justement servi à créer des rencontres inédites. « C’était un grand succès, car on avait accès à de nombreuses perspectives originales, ce qu’on trouve rarement dans les conférences. »
Cette facilité de communication s’expliquerait par l’usage du français dans les rencontres. « Comme la communauté francophone est assez petite au Canada, ça nous permet de joindre le génie et la science », croit Myriam Lemelin. Sa collègue renchérit, exprimant le souhait de « casser les murs entre les domaines » et de faire en sorte que les francophones soient « plus actifs dans le domaine spatial ».
L’idée a clairement du bon, car l’enthousiasme est déjà au rendez-vous : « eux à qui je parle sont motivés à embarquer dans la conversation », se réjouit l’organisatrice. Autre réussite, selon elle : la présence d’étudiants à l’activité, pour qui une place a été faite pour leur permettre de communiquer leurs recherches. « La relève est là et elle veut s’impliquer ! » Les participants auront donc droit à un colloque à la fois multidisciplinaire qui rassemblera aussi des gens à divers stades de leur carrière.
Prochaine étape : la Lune
Pour refléter les priorités mondiales en matière d’exploration spatiale, la journée sera divisée en deux thèmes : l’exploration lunaire, en matinée, et « au-delà », l’après-midi. « Énormément de choses sont à l’horaire dans les prochains mois et années par rapport à l’exploration lunaire, donc on a beaucoup d’angles desquels parler, explique Myriam Lemelin.
Il a fort à parier que les participants quitteront cette journée pleins d’un sentiment de grandeur, à la fois intimidant et grisant. « Pour réussir, on a besoin du point de vue d’une diversité de personnes et de spécialités », lance Myriam Lemelin avec enthousiasme. Ou, comme sa collègue le rappelle : « Ces missions sont plus importantes que chaque individu. Elles vont changer les domaines de l’ingénierie et des sciences. » Rien de moins.