Au-delà des oeuvres
Aujourd’hui, l’expérience muséale transcende la simple visite des espaces d’exposition. Les institutions misent désormais sur des expériences inédites et interdisciplinaires pour toucher une diversité de publics. Parfois, le musée se déploie dans la ville
Les initiatives telles que les soirées nocturnes et les activités combinant arts et loisirs illustrent cette tendance. Ces événements ne se limitent pas à la médiation culturelle traditionnelle ; ils visent plutôt à créer des expériences. « Je pense que l’événementiel a un certain attrait pour attirer l’attention du public et lui montrer que le musée peut être un lieu convivial », exprime Ariane Lasalle, cheffe des événements au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). On peut prendre à titre d’exemple le Block Party Basquiat en 2022, où des interprètes de danse urbaine se sont livrés à des battles en marge de l’exposition À plein volume. Basquiat et la musique.
Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) tente également de diversifier son offre afin de répondre aux besoins exprimés par les visiteurs, selon Marie-Hélène Audet, cheffe du service de la médiation. « On va inviter des artistes de différentes disciplines à venir interpréter des collections, des oeuvres ou des thèmes présentés dans les expositions, ajoute-t-elle. On remarque dans ces moments-là que c’est un public assez nouveau, plus jeune, et que de nombreux musées cherchent à rejoindre. »
Les intervenants s’accordent sur le fait que cette interdisciplinarité découle de la présence d’une proximité culturelle. Le MBAM est au coeur d’une cité muséale où coexistent la salle Bourgie et le cinéma du Musée, favorisant ainsi les collaborations. Quant au Musée d’art de Joliette (MAJ), il est partie prenante du projet Joliette halte culturelle, lancé en 2022 et dont le but est de mettre en commun les ressources afin d’offrir des programmations qui se répondent et de faire de Joliette un pôle culturel, malgré son éloignement des grands centres.
Le musée hors les murs
Amener le musée directement dans le quotidien des gens est le pari que fait
le MNBAQ avec son projet Ricochets, en collaboration avec le Musée de la civilisation. Cette initiative d’innovation sociale vise à attirer les familles qui hésitent à visiter le musée, en utilisant des organismes communautaires comme intermédiaires. Il s’agit d’une tendance qui s’observe ici comme ailleurs, selon Marie-Hélène Audet.
Julie Armstrong-Boileau, directrice du développement et des communications au Musée d’art de Joliette, partage une vision similaire sur l’importance de l’interdisciplinarité et de la collaboration entre institutions pour enrichir l’offre culturelle. « Nous sommes plusieurs à voir le potentiel de se réunir, de mutualiser nos ressources, notre programmation et de voir plus grand ensemble, explique-t-elle. Cette collaboration est, par nature, interdisciplinaire. »
Les initiatives hors des murs au MAJ, telles que Mirage, projet de projection illusionniste sur un bâtiment patrimonial qui a eu lieu à l’été 2023, ou Ondulation (à lire en encadré) permet aux artistes issus de milieux des arts visuels et numériques de « s’imprégner du terreau historique et culturel de Joliette afin de créer leurs oeuvres », selon Mme Armstrong-Boileau. Ce qui ouvre un champ des possibles.
Pour Ariane Lasalle, ces événements permettent de faire découvrir la riche scène locale. « On travaille beaucoup avec de jeunes artistes et on pense que le musée peut offrir une plateforme, précise-t-elle. On regarde ce qui se fait dans les galeries, les festivals, nous sommes toujours à l’affût. »