L’art dans tous ses états
Parmi la myriade d’activités qui égaieront votre été, pourquoi ne pas inclure quelques escapades dans les musées d’art de la province ? Voici une sélection d’expositions et d’expériences ayant cours d’ici à la fête du Travail qui feront vibrer votre fibre artistique tout en stimulant votre réflexion. À Montréal
Écomusée du fier monde. Ce qui habite les fissures. Fruit de cinq créatrices de la Faculté des arts de l’Université du Québec à Montréal, Ce qui habite les fissures s’ancre dans l’écosystème du quartier montréalais CentreSud et permet de contempler la flore urbaine… qui jaillit de façon inattendue de fissures dans le bitume ou de carrés de terre aux airs arides. « Notre exposition révèle les microcosmes cachés du Centre-Sud, des écosystèmes (ou univers) captivants découverts dans les interstices urbains : entrevus par les fenêtres, émergeant des fissures des trottoirs et se réfugiant sous les cages d’escalier », relate Eugénie Gaultier Boucher, l’une des cinq artistes. « En fabulant sur ces merveilles méconnues, nous avons exploré ensemble la vitalité de notre environnement et notre lien essentiel avec le règne végétal. » Avec ses complices Viviane Brodeur, Maude Girard, Julie Métivier, Fatima Zohra Ouardani, elle nous invite à prendre le temps d’admirer ces végétaux, à les regarder autrement, à réfléchir à notre façon de cohabiter avec eux. Dans cette vie émergeant de partout, peut-être verrez-vous là, vous aussi, une manifestation poétique ? À l’exposition se greffe, le 13 mai, un atelier de confection de papier ensemencé, une expérience aussi écologique que créative. Vous pourrez offrir une seconde vie au papier brouillon accumulé à la maison en y incorporant des semences. Ces créations seront ensuite exposées dans Ce qui habite les fissures.
Centre des mémoires montréalaises (MEM). Détours – Rencontres urbaines.« Le Montréal que j’habite, c’est un Montréal avec de la personnalité », entendrez-vous dans les nombreuses vidéos fragmentées animant le MEM. De la personnalité, les citoyens et citoyennes au coeur de cette exposition immersive en ont ! « Les témoignages proposés présentent des Montréalaises et des Montréalais qui transforment leur ville au quotidien, réalisent des choses exceptionnelles, célèbrent la différence et apportent des changements à leur vie pour la remplir de sens », décrit Geneviève Larouche, responsable des expositions. Réalisée en collaboration avec Urbania, l’exposition vous ouvre les portes de parcours singuliers et inspirants. « Détours crée une connexion entre les citoyens et les citoyennes et leur ville, cultive un sentiment d’appartenance à la communauté et donne envie de découvrir des lieux méconnus, poursuit la muséologue. Elle crée un cadre intimiste pour inspirer son prochain, par le partage de l’expérience vécue. On y présente la force et la richesse de l’humain… Et ça fait du bien ! » Ces détours en valent certainement la chandelle.
Musée McCord Stewart. Norman Parkinson. Toujours en vogue. Vous aimez la photo… et soigner vos tenues ? Cette splendide rétrospective consacrée à Norman Parkinson, un pilier de la photographie de mode du XXe siècle, vous plaira très certainement. Y sont exposées près de 80 photographies de l’artiste britannique ayant immortalisé certaines des plus illustres personnalités du siècle dernier, dont Audrey Hepburn, Jerry Hall, David Bowie, les Rolling Stones et Jane Birkin, en plus de 50 couvertures stylées de magazines iconiques — Vogue, Harper’s Bazaar et Queen, entre autres — qu’il a signées entre 1950 et 1970. À ces images, le musée a agencé une dizaine d’ensembles de haute couture confectionnés des années 1930 à 1970, issus de sa collection Costume, mode et textiles.
Sur la Rive-Nord
Maison des arts de Laval. Julie Picard. Les lignes contours. La matière de prédilection de l’artiste Julie Picard ? Le papier trouvé. Entre ses mains, le papier journal, les encyclopédies écornées, les cartes maritimes, les livres de comptes et les affiches de spectacle se transforment en paysages montagneux et en superbes strates géologiques. Voilà une relecture aussi ingénieuse qu’inusitée de ces impressions papier, par laquelle elle s’interroge sur la notion de pérennité. Dans le cadre de cette exposition, les 1er, 8 et 15 juin, Julie Picard sera l’artiste invitée aux Rendezvous créatifs de la Maison des arts, ateliers de création destinés aux adultes mettant en lumière les techniques des artistes de la programmation. Si l’exposition Les lignes contours de Julie Picard vous a plu, vous aurez l’occasion de réaliser votre propre oeuvre inspirée des procédés de l’artiste, à l’aide de morceaux de papiers recyclés.
Centre d’art Diane-Dufresne, à Repentigny. Paradis perdu, de Catherine Hélie-Harvey. Après avoir enjolivé housses à coussins, sacs et linges à vaisselle, les créations aux couleurs vitaminées foisonnantes de l’artiste Catherine Hélie-Harvey ornent encore pour quelques jours les murs du Centre d’art Diane-Dufresne dans le cadre de sa toute première exposition solo. Ses images originales alliant faune et flore tropicales ainsi que figures féminines éclatées offrent un flamboyant spectacle.
Musée d’art contemporain des Laurentides (MAC LAU), à SaintJérôme. Entrelacement(s). Au sein de cette exposition rassemblant oeuvres sculpturales, installations et oeuvres textiles s’entrelacent matières, techniques et savoir-faire. « Une des composantes de l’exposition vise à mettre en lumière la fonction et la vision de la médiation culturelle au sein de notre institution », relate Elizabeth Lauzon, conservatrice au MAC LAU. « Les visiteurs seront donc invités à appréhender les oeuvres en fonction de différents modes d’apprentissage : par le corps en action, par les sens, par l’interaction, par le faire et par l’observation. » Élément inusité, Entrelacement(s) fait également écho au mode de gestion du musée, transversal plutôt que hiérarchique, où s’entrelacent donc les savoir-faire complémentaires des membres de l’équipe. Difficile par ailleurs de bouder son plaisir en sachant que l’autrice et chroniqueuse à la verve exquise Catherine Ethier animera, le 11 mai, une soirée bingo dans le cadre d’un événement-bénéfice aux airs de cabinet de curiosités. Artistes et personnalités publiques feront don d’objets antiques et d’artefacts symboliques destinés à un encan silencieux en soutien au MAC LAU. Cerise sur le gâteau, la cheffe Marysol Foucault, figure notoire d’émissions culinaires, métamorphosera une salle en... vanité comestible. Ça ne pique pas votre curiosité, à vous ?
Sur la Rive-Sud
Les Muséales de Mont-Saint-Hilaire.
Mont-Saint-Hilaire offre une escapade artistique en quatre temps grâce à ses Muséales, un circuit culturel regroupant quatre lieux uniques : la Maison des peuples autochtones, le Musée des beaux-arts de Mont-Saint
Hilaire (MBAMSH) ainsi que les maisons patrimoniales des artistes Ozias Leduc et Paul Émile-Borduas, figures emblématiques de la région. Chaque endroit propose une variété d’expositions, d’activités et d’événements. Chaque premier samedi du mois, la Maison des peuples autochtones vous convie aux récits de Contes de saison en plein air. Envie de conjuguer art et soleil ? Ode à la faune québécoise, les sculptures du Bestiaire de la Route touristique du Richelieu, une collection du MBAMSH, sont disséminées le long de la rivière sur plus de 260 km. Le Musée présente d’ailleurs depuis le 5 mai les Rencontres photographiques du Richelieu, qui rassemblent une vingtaine d’artistes, ainsi que l’exposition Filiation de la mi-juin à la fin de septembre, qui unit les sculpteurs Armand Vaillancourt et André Fournelle.
À Québec
Musée national des beaux-arts du
Québec (MNBAQ). Helen McNicoll. Un voyage impressionniste. Au tournant du XXe siècle, la peintre impressionniste Helen McNicoll, qui a grandi à Montréal, a connu un succès international et contribué à populariser l’impressionnisme au Canada — exploits qu’elle a accomplis en seulement une décennie, ayant succombé à 35 ans au diabète. L’exposition présente plus d’une soixantaine des oeuvres de cette grande voyageuse qui s’est distinguée de ses contemporains en plaçant au coeur de ses scènes de la vie quotidienne le labeur féminin. Par l’entremise de son oeuvre, l’exposition appelle à s’interroger sur l’indépendance et la prise de risques des femmes, à une époque où les suffragettes, en Angleterre, luttaient pour le droit de vote. Et si vous comptez des adolescents à la fibre artistique au sein de votre entourage, le MNBAQ organise en août des camps artistiques destinés aux jeunes de 13 à 17 ans débordant de créativité. Ils y approfondiront non seulement diverses techniques, mais également leur propre démarche créative. Le Musée leur fera aussi découvrir ses expositions estivales.
Musée de la civilisation. Sur paroles. Le son du rap queb. Les mélomanes peuvent se mettre une exposition passionnante… dans les oreilles. Réalisée de concert avec l’artiste hip-hop et historien Webster, l’exposition retrace l’histoire de la culture hip-hop au Québec à travers un parcours sonore immersif. Vous (re)découvrirez les artistes de cette scène dans toute leur pluralité — des pionniers et pionnières aux rappeurs et rappeuses qui font aujourd’hui vibrer le public. Et voyez comment leurs luttes et leurs textes ont influencé la société au fil des décennies. Une mise en garde s’impose pour certaines oreilles sensibles : reconnu pour son authenticité sans borne, le hip-hop peut user d’un langage cru. Et lors d’une prochaine visite au Musée de la civilisation, pourquoi ne pas profiter au passage de l’activité numérique gratuite Micro-Folies, un projet muséal numérique qui fait découvrir au moyen d’une tablette la richesse de la Collection Québec du Musée. Du bout des doigts, vous en apprendrez davantage sur vos coups de coeur au sein de ce riche patrimoine culturel et artistique.
À Sherbrooke
Musée de la nature et des sciences. Terra Mutantès. Un voyage dans l’évolution des paysages de Sherbrooke et de sa région. Le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke vous réserve une expérience immersive forte en émotions. Grâce au pouvoir du multimédia, elle vous fera vivre — et ressentir — l’évolution géologique des Cantons-del’Est… au fil des millénaires. Et ce, avec splendeur. Dérive des continents, champs de lave en fusion, création de lacs et de rivières, déglaciation : tous ces paysages stupéfiants de temps ancestraux s’animeront sous vos yeux… et vos mains. Attendez-vous à un spectacle multisensoriel à grand déploiement… le tout, dans l’enceinte d’une simple salle.
Musée des beaux-arts de Sherbrooke. Récits de la création du
monde. Territoire/médicines. Cette exposition a lieu dans le cadre de la Biennale d’art contemporain autochtone (BACA), qui promeut le travail des artistes originaires des Premières Nations. Arts visuels et pluridisciplinaires, performance : une soixantaine d’artistes établis comme émergents présenteront des oeuvres, que quatre commissaires ont sélectionnées en explorant le thème de la création du monde à partir des quatre points cardinaux. Inaugurée en 2012, la BACA se déroule tous les deux ans et, chaque fois, varie de thème.
À Ottawa
Musée canadien de la nature.
Loups ! Des métamorphes dans un monde en mutation. Cette exposition vous fera découvrir la réalité fascinante de ce canidé, magnifiques photos à l’appui, oeuvre de la photographe animalière de renom Michelle Valberg. Mettant en vedette ces images saisissantes d’individus dans leur habitat, l’exposition décortique l’espèce sous toutes ses facettes, s’attardant notamment à sa capacité d’adaptation. Ah oui, si vous publiez une photo de votre beau « loup domestiqué » sur les réseaux sociaux avec les identifiants @Museedelanature et #DuLoupAuPitou, elle pourrait se retrouver dans l’exposition ou sur le site du Musée.
Musée des beaux-arts du Canada.
Perler, radicalement. Pour les artistes autochtones, la pratique du perlage est des plus parlantes. Par l’entremise de perles protéiformes — allant de graines aux pixels informatiques en passant par des coquillages et des perles commerciales —, les artistes présentent des créations dépeignant la décolonisation, la résistance, embrassant des dimensions sociale et politique. Art vestimentaire, portrait, installation, vidéo : les oeuvres colorées de Perler, radicalement sont aussi variées que les matériaux les constituant. Leurs créateurs et créatrices érigent un pont entre cette pratique ancestrale et le présent, tout en réfléchissant à l’avenir.