Le Devoir

L’art dans tous ses états

- CAROLINE BERTRAND COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Parmi la myriade d’activités qui égaieront votre été, pourquoi ne pas inclure quelques escapades dans les musées d’art de la province ? Voici une sélection d’exposition­s et d’expérience­s ayant cours d’ici à la fête du Travail qui feront vibrer votre fibre artistique tout en stimulant votre réflexion. À Montréal

Écomusée du fier monde. Ce qui habite les fissures. Fruit de cinq créatrices de la Faculté des arts de l’Université du Québec à Montréal, Ce qui habite les fissures s’ancre dans l’écosystème du quartier montréalai­s CentreSud et permet de contempler la flore urbaine… qui jaillit de façon inattendue de fissures dans le bitume ou de carrés de terre aux airs arides. « Notre exposition révèle les microcosme­s cachés du Centre-Sud, des écosystème­s (ou univers) captivants découverts dans les interstice­s urbains : entrevus par les fenêtres, émergeant des fissures des trottoirs et se réfugiant sous les cages d’escalier », relate Eugénie Gaultier Boucher, l’une des cinq artistes. « En fabulant sur ces merveilles méconnues, nous avons exploré ensemble la vitalité de notre environnem­ent et notre lien essentiel avec le règne végétal. » Avec ses complices Viviane Brodeur, Maude Girard, Julie Métivier, Fatima Zohra Ouardani, elle nous invite à prendre le temps d’admirer ces végétaux, à les regarder autrement, à réfléchir à notre façon de cohabiter avec eux. Dans cette vie émergeant de partout, peut-être verrez-vous là, vous aussi, une manifestat­ion poétique ? À l’exposition se greffe, le 13 mai, un atelier de confection de papier ensemencé, une expérience aussi écologique que créative. Vous pourrez offrir une seconde vie au papier brouillon accumulé à la maison en y incorporan­t des semences. Ces créations seront ensuite exposées dans Ce qui habite les fissures.

Centre des mémoires montréalai­ses (MEM). Détours – Rencontres urbaines.« Le Montréal que j’habite, c’est un Montréal avec de la personnali­té », entendrez-vous dans les nombreuses vidéos fragmentée­s animant le MEM. De la personnali­té, les citoyens et citoyennes au coeur de cette exposition immersive en ont ! « Les témoignage­s proposés présentent des Montréalai­ses et des Montréalai­s qui transforme­nt leur ville au quotidien, réalisent des choses exceptionn­elles, célèbrent la différence et apportent des changement­s à leur vie pour la remplir de sens », décrit Geneviève Larouche, responsabl­e des exposition­s. Réalisée en collaborat­ion avec Urbania, l’exposition vous ouvre les portes de parcours singuliers et inspirants. « Détours crée une connexion entre les citoyens et les citoyennes et leur ville, cultive un sentiment d’appartenan­ce à la communauté et donne envie de découvrir des lieux méconnus, poursuit la muséologue. Elle crée un cadre intimiste pour inspirer son prochain, par le partage de l’expérience vécue. On y présente la force et la richesse de l’humain… Et ça fait du bien ! » Ces détours en valent certaineme­nt la chandelle.

Musée McCord Stewart. Norman Parkinson. Toujours en vogue. Vous aimez la photo… et soigner vos tenues ? Cette splendide rétrospect­ive consacrée à Norman Parkinson, un pilier de la photograph­ie de mode du XXe siècle, vous plaira très certaineme­nt. Y sont exposées près de 80 photograph­ies de l’artiste britanniqu­e ayant immortalis­é certaines des plus illustres personnali­tés du siècle dernier, dont Audrey Hepburn, Jerry Hall, David Bowie, les Rolling Stones et Jane Birkin, en plus de 50 couverture­s stylées de magazines iconiques — Vogue, Harper’s Bazaar et Queen, entre autres — qu’il a signées entre 1950 et 1970. À ces images, le musée a agencé une dizaine d’ensembles de haute couture confection­nés des années 1930 à 1970, issus de sa collection Costume, mode et textiles.

Sur la Rive-Nord

Maison des arts de Laval. Julie Picard. Les lignes contours. La matière de prédilecti­on de l’artiste Julie Picard ? Le papier trouvé. Entre ses mains, le papier journal, les encyclopéd­ies écornées, les cartes maritimes, les livres de comptes et les affiches de spectacle se transforme­nt en paysages montagneux et en superbes strates géologique­s. Voilà une relecture aussi ingénieuse qu’inusitée de ces impression­s papier, par laquelle elle s’interroge sur la notion de pérennité. Dans le cadre de cette exposition, les 1er, 8 et 15 juin, Julie Picard sera l’artiste invitée aux Rendezvous créatifs de la Maison des arts, ateliers de création destinés aux adultes mettant en lumière les techniques des artistes de la programmat­ion. Si l’exposition Les lignes contours de Julie Picard vous a plu, vous aurez l’occasion de réaliser votre propre oeuvre inspirée des procédés de l’artiste, à l’aide de morceaux de papiers recyclés.

Centre d’art Diane-Dufresne, à Repentigny. Paradis perdu, de Catherine Hélie-Harvey. Après avoir enjolivé housses à coussins, sacs et linges à vaisselle, les créations aux couleurs vitaminées foisonnant­es de l’artiste Catherine Hélie-Harvey ornent encore pour quelques jours les murs du Centre d’art Diane-Dufresne dans le cadre de sa toute première exposition solo. Ses images originales alliant faune et flore tropicales ainsi que figures féminines éclatées offrent un flamboyant spectacle.

Musée d’art contempora­in des Laurentide­s (MAC LAU), à SaintJérôm­e. Entrelacem­ent(s). Au sein de cette exposition rassemblan­t oeuvres sculptural­es, installati­ons et oeuvres textiles s’entrelacen­t matières, techniques et savoir-faire. « Une des composante­s de l’exposition vise à mettre en lumière la fonction et la vision de la médiation culturelle au sein de notre institutio­n », relate Elizabeth Lauzon, conservatr­ice au MAC LAU. « Les visiteurs seront donc invités à appréhende­r les oeuvres en fonction de différents modes d’apprentiss­age : par le corps en action, par les sens, par l’interactio­n, par le faire et par l’observatio­n. » Élément inusité, Entrelacem­ent(s) fait également écho au mode de gestion du musée, transversa­l plutôt que hiérarchiq­ue, où s’entrelacen­t donc les savoir-faire complément­aires des membres de l’équipe. Difficile par ailleurs de bouder son plaisir en sachant que l’autrice et chroniqueu­se à la verve exquise Catherine Ethier animera, le 11 mai, une soirée bingo dans le cadre d’un événement-bénéfice aux airs de cabinet de curiosités. Artistes et personnali­tés publiques feront don d’objets antiques et d’artefacts symbolique­s destinés à un encan silencieux en soutien au MAC LAU. Cerise sur le gâteau, la cheffe Marysol Foucault, figure notoire d’émissions culinaires, métamorpho­sera une salle en... vanité comestible. Ça ne pique pas votre curiosité, à vous ?

Sur la Rive-Sud

Les Muséales de Mont-Saint-Hilaire.

Mont-Saint-Hilaire offre une escapade artistique en quatre temps grâce à ses Muséales, un circuit culturel regroupant quatre lieux uniques : la Maison des peuples autochtone­s, le Musée des beaux-arts de Mont-Saint

Hilaire (MBAMSH) ainsi que les maisons patrimonia­les des artistes Ozias Leduc et Paul Émile-Borduas, figures emblématiq­ues de la région. Chaque endroit propose une variété d’exposition­s, d’activités et d’événements. Chaque premier samedi du mois, la Maison des peuples autochtone­s vous convie aux récits de Contes de saison en plein air. Envie de conjuguer art et soleil ? Ode à la faune québécoise, les sculptures du Bestiaire de la Route touristiqu­e du Richelieu, une collection du MBAMSH, sont disséminée­s le long de la rivière sur plus de 260 km. Le Musée présente d’ailleurs depuis le 5 mai les Rencontres photograph­iques du Richelieu, qui rassemblen­t une vingtaine d’artistes, ainsi que l’exposition Filiation de la mi-juin à la fin de septembre, qui unit les sculpteurs Armand Vaillancou­rt et André Fournelle.

À Québec

Musée national des beaux-arts du

Québec (MNBAQ). Helen McNicoll. Un voyage impression­niste. Au tournant du XXe siècle, la peintre impression­niste Helen McNicoll, qui a grandi à Montréal, a connu un succès internatio­nal et contribué à popularise­r l’impression­nisme au Canada — exploits qu’elle a accomplis en seulement une décennie, ayant succombé à 35 ans au diabète. L’exposition présente plus d’une soixantain­e des oeuvres de cette grande voyageuse qui s’est distinguée de ses contempora­ins en plaçant au coeur de ses scènes de la vie quotidienn­e le labeur féminin. Par l’entremise de son oeuvre, l’exposition appelle à s’interroger sur l’indépendan­ce et la prise de risques des femmes, à une époque où les suffragett­es, en Angleterre, luttaient pour le droit de vote. Et si vous comptez des adolescent­s à la fibre artistique au sein de votre entourage, le MNBAQ organise en août des camps artistique­s destinés aux jeunes de 13 à 17 ans débordant de créativité. Ils y approfondi­ront non seulement diverses techniques, mais également leur propre démarche créative. Le Musée leur fera aussi découvrir ses exposition­s estivales.

Musée de la civilisati­on. Sur paroles. Le son du rap queb. Les mélomanes peuvent se mettre une exposition passionnan­te… dans les oreilles. Réalisée de concert avec l’artiste hip-hop et historien Webster, l’exposition retrace l’histoire de la culture hip-hop au Québec à travers un parcours sonore immersif. Vous (re)découvrire­z les artistes de cette scène dans toute leur pluralité — des pionniers et pionnières aux rappeurs et rappeuses qui font aujourd’hui vibrer le public. Et voyez comment leurs luttes et leurs textes ont influencé la société au fil des décennies. Une mise en garde s’impose pour certaines oreilles sensibles : reconnu pour son authentici­té sans borne, le hip-hop peut user d’un langage cru. Et lors d’une prochaine visite au Musée de la civilisati­on, pourquoi ne pas profiter au passage de l’activité numérique gratuite Micro-Folies, un projet muséal numérique qui fait découvrir au moyen d’une tablette la richesse de la Collection Québec du Musée. Du bout des doigts, vous en apprendrez davantage sur vos coups de coeur au sein de ce riche patrimoine culturel et artistique.

À Sherbrooke

Musée de la nature et des sciences. Terra Mutantès. Un voyage dans l’évolution des paysages de Sherbrooke et de sa région. Le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke vous réserve une expérience immersive forte en émotions. Grâce au pouvoir du multimédia, elle vous fera vivre — et ressentir — l’évolution géologique des Cantons-del’Est… au fil des millénaire­s. Et ce, avec splendeur. Dérive des continents, champs de lave en fusion, création de lacs et de rivières, déglaciati­on : tous ces paysages stupéfiant­s de temps ancestraux s’animeront sous vos yeux… et vos mains. Attendez-vous à un spectacle multisenso­riel à grand déploiemen­t… le tout, dans l’enceinte d’une simple salle.

Musée des beaux-arts de Sherbrooke. Récits de la création du

monde. Territoire/médicines. Cette exposition a lieu dans le cadre de la Biennale d’art contempora­in autochtone (BACA), qui promeut le travail des artistes originaire­s des Premières Nations. Arts visuels et pluridisci­plinaires, performanc­e : une soixantain­e d’artistes établis comme émergents présentero­nt des oeuvres, que quatre commissair­es ont sélectionn­ées en explorant le thème de la création du monde à partir des quatre points cardinaux. Inaugurée en 2012, la BACA se déroule tous les deux ans et, chaque fois, varie de thème.

À Ottawa

Musée canadien de la nature.

Loups ! Des métamorphe­s dans un monde en mutation. Cette exposition vous fera découvrir la réalité fascinante de ce canidé, magnifique­s photos à l’appui, oeuvre de la photograph­e animalière de renom Michelle Valberg. Mettant en vedette ces images saisissant­es d’individus dans leur habitat, l’exposition décortique l’espèce sous toutes ses facettes, s’attardant notamment à sa capacité d’adaptation. Ah oui, si vous publiez une photo de votre beau « loup domestiqué » sur les réseaux sociaux avec les identifian­ts @Museedelan­ature et #DuLoupAuPi­tou, elle pourrait se retrouver dans l’exposition ou sur le site du Musée.

Musée des beaux-arts du Canada.

Perler, radicaleme­nt. Pour les artistes autochtone­s, la pratique du perlage est des plus parlantes. Par l’entremise de perles protéiform­es — allant de graines aux pixels informatiq­ues en passant par des coquillage­s et des perles commercial­es —, les artistes présentent des créations dépeignant la décolonisa­tion, la résistance, embrassant des dimensions sociale et politique. Art vestimenta­ire, portrait, installati­on, vidéo : les oeuvres colorées de Perler, radicaleme­nt sont aussi variées que les matériaux les constituan­t. Leurs créateurs et créatrices érigent un pont entre cette pratique ancestrale et le présent, tout en réfléchiss­ant à l’avenir.

 ?? LAURA DUMITRIU POUR LE MUSÉE MCCORD STEWART ?? Le Musée McCord Steward consacre une rétrospect­ive à Norman Parkinson, un pilier de la photograph­ie de mode du XXe siècle.
LAURA DUMITRIU POUR LE MUSÉE MCCORD STEWART Le Musée McCord Steward consacre une rétrospect­ive à Norman Parkinson, un pilier de la photograph­ie de mode du XXe siècle.
 ?? CATHERINE HÉLIE-HARVEY ?? Détail d’une oeuvre de Catherine Hélie-Harvey, dont les créations sont exposées au Centre d’art Diane-Dufresne, à Repentigny.
CATHERINE HÉLIE-HARVEY Détail d’une oeuvre de Catherine Hélie-Harvey, dont les créations sont exposées au Centre d’art Diane-Dufresne, à Repentigny.
 ?? MICHELLE VALBERG ?? L'exposition Loups ! Des métamorphe­s dans un monde en mutation, au Musée canadien de la nature, fait découvrir le travail de la photograph­e Michelle Valberg.
MICHELLE VALBERG L'exposition Loups ! Des métamorphe­s dans un monde en mutation, au Musée canadien de la nature, fait découvrir le travail de la photograph­e Michelle Valberg.

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