Groupe Nordik
La vision de deux entrepreneurs
Bien ancré à Chelsea, le Nordik Spa‑Nature est une entreprise florissante. L’investissement initial de 3,2 millions est passé à 35 millions de dollars. Les deux propriétaires pourraient aisément se contenter de surfer sur ce joli succès qui a fait la renommée de l’Outaouais en Amérique du Nord. Mais il n’est rien. Bien avant que le spa n’accueille son premier client en 2005, la paire avait déjà en tête un plan d’expansion solide et une vision bien précise de comment ils allaient redéfinir cette industrie, dont ils sont devenus, dix ans plus tard, les chefs de file.
La petite histoire du Nordik SpaNature débute en 2001 lorsque Martin Paquette s’entraîne pour compléter le marathon d’Ottawa. « J’avais entendu parler des bienfaits de l’expérience thermale, soit d’alterner le chaud et le froid », explique le président et propriétaire du Groupe Nordik. Il tente l’expérience dans un établissement des Laurentides. C’est le coup de foudre. Il veut ouvrir un spa nordique en Outaouais.
« J’étais un policier de 30 ans avec une petite compagnie de gestion de projets. J’ai décidé de m’y consacrer à 100% », poursuit celui qui à l’époque vend sa maison et retourne s’installer dans le sous-sol de ses parents pour mener à terme son idée folle. Mais avant, il doit convaincre son ami Daniel Gingras, un éducateur spécialisé qui arrondit ses fins mois en rédigeant des plans d’affaires, d’embarquer dans l’aventure.
« Pendant un mois et demi, il m’a parlé de son projet de spa sans arrêt ! » raconte en riant Daniel Gingras, aujourd’hui vice-président et propriétaire du Nordik. Sous l’insistance de son grand ami, il essaie lui-aussi l’expérience thermale. Le déclic est aussi fort de son côté.
« Je crois que j’ai rédigé tout le plan d’affaires dans mon auto en revenant ! »
Bien choisir son emplacement
« Nous sommes le seul spa de ce type qui n’est pas établi sur le bord d’une rivière, mais pour nous Chelsea, c’était la destination parfaite », souligne Martin Paquette.
Bordée par le Parc de la Gatineau, accessible en une quinzaine de minutes de la capitale fédérale, Chelsea offre la nature à un jet de pierre de la ville. « Et c’était important pour nous de ne pas être qu’une destination de fin de semaine, poursuit Daniel Gingras. En étant à Chelsea, nous demeurons accessibles la semaine, et ce, toute l’année. »
Ils ont arpenté le secteur boisé en raquettes.
Puis, ils sont tombés sur cette paroi rocheuse qui surplombe aujourd’hui le site. « J’ai su toute de suite que nous avions trouvé notre emplacement », explique Martin Paquette, le grand visionnaire du projet.
Le duo a trimé dur pendant quatre ans pour obtenir le changement de zonage, amasser les permis, mais surtout les
3,2 millions de dollars nécessaires.
Les ingénieurs, les arpenteurs, les designers; tout a été payé de leur poche. Pour mettre la main sur la mise de fonds initiale, ils ont subdivisé leur terrain et se sont lancés dans l’immobilier.
Le Nordik Spa-Nature a bien changé au cours des 11 dernières années.
Aux premières installations se sont greffées au fil des années de nouveaux bains, de nouvelles aires de détente et une piscine avec vue panoramique sur la région. Une cinquième phase d’agrandissement est en cours avec la construction de l’espace Banyä, qui devrait accueillir ses premiers clients d’ici décembre. Cet espace sera doté d’une salle de yoga chaud et d’une salle d’exfoliation. La sixième phase est aussi déjà amorcée et offrira une expérience unique de boue thermale. Le Groupe Nordik a dû d’ailleurs développer son propre système de filtration, car cette technologie n’existait nulle part ailleurs.
Cette phase sera suivie en 2018 par l’ajout d’un hôtel de 30 chambres, ce qui permettra d’offrir, notamment, des retraites de yoga.
« Nous avons vendu environ 30% du terrain, ce qui nous a permis d’avoir la mise de fonds pour financer le spa. Le spa a toujours été notre but », poursuit Daniel.
« Depuis le début, nous nous sommes versés aucune dividende. Cet argent a servi à financer les différentes phases d’agrandissement », souligne Martin. « Une de nos grandes forces est notre capacité de visualiser l’expérience du client de son arrivée à la réception, son expérience sur le site, que l’on considère comme une scène », précise Martin qui s’inspire grandement des principes de The
Walt Disney Company, qui conçoit l’expérience de ses clients selon un mode spectacle.
Bientôt trois spas à Toronto
Mais avant de lancer le projet d’hôtel à Chelsea, le Groupe Nordik va mettre ses efforts sur le développement dans la Ville Reine. Un marché difficile où l’immobilier atteint des sommes exorbitantes. « On parle facilement d’un million l’acre à Toronto et nous avons besoin de 10 acres pour ouvrir un spa », confirme Martin. Le groupe a acheté en 2013 le Cullen Garden Park
à Whitby, dans la région du Grand Toronto. Le Groupe planifie mettre la main sur deux autres sites.
Le défi de Winnipeg
En janvier 2015, le Groupe a ouvert les portes à Winnipeg de son deuxième établissement, le Thermëa. Seul spa nordique dans les Prairies, l’établissement connaît déjà un succès important, même si construction a posé de nombreux défis. Le projet a nécessité 11 mois de travail de plus que prévu à l’échéancier, engendrant des dépassements de coûts de l’ordre de trois millions de dollars. « C’est deux années de ma vie qui ont été très difficiles. Nous avons revu notre structure corporative pour ne jamais avoir à revivre ça. Nous avons perdu beaucoup d’argent, mais nous en ressortons tout de même satisfait », indique Martin.
La croissance
Au cours des 18 à 24 prochains mois, le nombre d’employés du groupe Nordik va passer de 365 à plus de
600. Les investissements devraient atteindre les 45 millions sur cette même période avec l’ouverture de trois nouvelles installations. « Notre objectif est d’ouvrir un nouveau spa tous les deux ans », prévient Daniel, qui admet être lui-même étourdi par ces chiffres. « Mais la croissance a toujours été dans nos plans. Il n’a jamais été question d’être de simples opérateurs, nous sommes là pour développer cette industrie. »
Le Groupe Nordik vient aussi d’acquérir un bâtiment de
27 000 pieds carrés dans le secteur des Hautes-Plaines à Gatineau pour y installer son siège social.
Un bon coup ? Avoir acquis le terrain de Whitby à Toronto pour 2,5 millions de dollars. Le terrain vaut maintenant 7 millions de dollars. Un mentor ? Christiane Germain du Groupe Germain Un moins bon coup ? Le projet de Winnipeg a coûté 3 millions...
PHOTOS PATRICK WOODBURY, LEDROIT
Daniel Gingras et Martin Paquette, propriétaires du Groupe Nordik