Le Droit Affaires

LE SPORT ABORDABLE…. ET RENTABLE !

- par Marc Gauthier / Collaborat­ion spéciale

EN CE VENDREDI DE NOVEMBRE EN FIN D’APRÈS-MIDI, LES CLIENTS ENTRENT À PLEINE PORTE, dans ce commerce pourtant situé dans un parc industriel, pratiqueme­nt sans devanture. Pour venir ici, il faut connaître. Pourtant, l’achalandag­e n’a pas dérougi depuis 27 ans.

Lorsque Malcolm Corcoran a lancé Sport Échange Outaouais, il savait qu’il tenait un filon : récupérer les articles de sport qui dorment dans les sous-sols et les greniers puis les revendre bon marché aux jeunes, aux familles qui ne peuvent payer plein prix pour s’équiper.

« J’avais prévu des ventes annuelles de 70 000 $ dans mon plan d’affaires, en 1991. Et c’est exactement ce que j’ai réalisé », raconte le fondateur de ce concept unique dans la région.

« Aujourd’hui, il y a des jours où je dépasse ce chiffre dans une seule journée », s’exclame son fils, Éric, qui a pris officielle­ment la relève du père il y a une dizaine d’années. Si le commerce a grandi sans cesse depuis 1991, le concept, lui, est resté le même : rendre accessible aux gens la pratique de l’activité physique et prolonger ainsi la vie de l’équipement sportif.

Malcolm Corcoran était professeur d’éducation physique lorsqu’il se lance en affaires en 1991. C’était un mordu de sport, un guide de plein air, fana de ski et de vélo mais qui s’ennuyait dans sa routine. Sa nouvelle passion commercial­e lui bouffera ses journées entières pendant les premières années. Jusqu’à l’arrivée dans l’entreprise de son fils unique, Éric qui, à partir de 1995, en prendra graduellem­ent la charge. « Mon père m’a laissé prendre toute la place que je voulais, reconnaît le fils. »

« On se complète parfaiteme­nt, dit le père. Moi, je suis le visionnair­e, organisé, spécialist­e de l’équipement. Éric, avec son bac en administra­tion, c’est lui qui développe, qui met en pratique, qui gère le quotidien ». Depuis son arrivée, le magasin a été agrandi à au moins six reprises, a fait son entrée dans la vente en ligne, a élargi sa gamme de produits à vendre. « On manquait d’équipement­s usagés. On ne peut pas en pondre des patins et des skis usagés, alors il fallait trouver du nouveau matériel à vendre aux clients et on a commencé à offrir de plus en plus de produits neufs », lance Corcoran fils. Et le cycle est complété. « On rachète l’équipement neuf qu’on a vendu et on le revend », explique Corcoran père.

Si bien qu’aujourd’hui, Sport Échange Outaouais réalise 80% de son chiffre d’affaires avec l’équipement neuf, 20% avec l’usagé. « C’est curieux, plein de gens ne savent pas encore qu’on vend du neuf. C’est bon parce ça veut dire qu’on peut exploiter cette veine », constate avec amusement Éric Corcoran.

Plus que de la vente d’articles de sport

Au fil des ans, l’entrepôt du sport s’est lancé à fond dans la location : skis, raquettes, patins... « La première année, on louait 100 paires de skis par hiver. Aujourd’hui, on est rendus à 3 000 paires. Si on n’existait pas, constate Éric Corcoran, un grand pourcentag­e de gens ne skierait pas. Ça coûte cher, le ski alpin. » « On vend du temps, ajoute-t-il, le client achète du temps de loisir. » En parallèle, les ateliers de réparation de skis, de patins, de vélos, fonctionne­nt à plein régime. Sport Échange Outaouais est ainsi devenu le plus grand magasin-entrepôt d’articles de sports neufs et usagés de l’Est du Canada.

Un concept rentable

L’entreprise vend désormais pour des millions de dollars par année, elle est propriétai­re de son immeuble ainsi que du bâtiment adjacent, si bien qu’il y a place pour grandir encore. Mais Éric Corcoran ne songe pas à ouvrir d’autres magasins. « C’est tout un casse-tête, admet-il, de gérer ce type de commerce, avec l’équipement usagé, la gestion des stocks, etc… » Il envisage plutôt vendre des licences, mais l’idée n’est pas encore mûre pour le moment. Ce qui allume le nouveau président de l’entreprise, c’est d’acheter en ligne des lots d’équipement­s à travers le monde et les revendre. « J’aime gagner, j’aime réaliser des deals », dit-il avec enthousias­me.

Dans les moments forts de l’année, Sport Échange Outaouais embauche jusqu’à 50 personnes pour répondre à la demande.

Malcolm Corcoran, 71 ans, ne vient au magasin qu’une ou deux fois par mois. Ce qui l’amuse, c’est voir dans le commerce des clients qui ont été ses élèves alors qu’il était professeur d’éducation physique et qui viennent à leur tour équiper leurs enfants !

Est-ce qu’il y aura de la relève à la relève dans quelques années ? Les deux enfants d’Éric Corcoran n’ont que 18 et 13 ans, trop jeunes encore selon le père pour déterminer ce qu’ils feront plus tard. Mais il aimerait bien voir l’entreprise demeurée dans le giron familial.

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Eric et son père Malcom Corcoran Propriétai­resSport Échange Outaouais
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