L’essor des emplois non traditionnels
À 30 ans, Andréanne a réalisé que la coiffure, ce n’était pas pour elle. « Quand j’ai annoncé à mon conjoint que je voulais travailler dans la construction, Marc-André a pensé que je plaisantais! » Pour confirmer son choix, elle rencontrait une semaine plus tard une conseillère d’Option Femmes Emploi (OFE) de Gatineau. C’était il y a cinq ans et; aujourd’hui, Andréanne pratique enfin un métier qu’elle aime et touche un bien meilleur salaire.
Option Femmes Emploi facilite l’intégration des femmes sur le marché du travail depuis 38 ans. À l’époque, il y avait la fonction publique, l’éducation, la santé et le service à la clientèle comme principaux débouchés envisagés par les femmes. « Il y a 20 ans, on a créé l’option non traditionnelle pour permettre aux femmes d’augmenter leurs chances de trouver un emploi ailleurs, où il y avait une demande de main-d’oeuvre », explique la coordonnatrice de projet, Marianne Lapointe.
« En 20 ans, c’est près de 500 femmes qui ont tenté l’aventure de choisir un « emploi à faible représentation féminine » et qui ont été accompagnées par notre organisation », poursuit-elle.
Quel est le profil type?
Marianne Lapointe sourit lorsqu’on lui demande quel est le profil typique de celle qui veut percer les chasses gardées masculines. « C’est un mythe », répond-elle. « Les femmes qui le font sont d’âge, d’éducation et d’ethnies différentes. On ne peut même pas dire que ce sont des femmes qui veulent se salir les mains ou avoir un métier manuel, puisque les options non traditionnelles sont très diversifiées. On peut penser, par exemple, au dessin de bâtiments ou à l’informatique, qui comportent peu de tâches physiques.» Seule caractéristique commune; «le désir d’occuper un emploi qui les passionnent !»
Est-ce que les mentalités ont assez évolué en vingt ans pour qu’on puisse passer à autre chose? Loin de là, croit Mme Lapointe : « Il reste encore beaucoup de travail à faire auprès des employeurs pour rendre les milieux de travail plus accueillants. Parmi les obstacles qui demeurent, il y a la discrimination à l’embauche, le harcèlement, l’intimidation et la conciliation travail/famille. Des enjeux de taille auxquels s’ajoutent les préjugés personnels et ceux de l’entourage des candidates employées dans des milieux à faible représentativité féminine. Ce sont ces préjugés qui freinent le plus leurs projets! »
De nombreux outils
En vingt ans, OFE a développé des outils et des stratégies pour améliorer l’intégration des femmes dans des milieux où elles sont peu présentes.
• Création récente d’un programme de bourses d’études; 10 bourses remises pour aider les femmes à faire face aux frais de formations.
• Nouveau projet favorisant l’accès des femmes au secteur de l’automobile.
• Des services et de la formation pour les entreprises pour mettre en place des mesures de conciliation travail/famille, pour comprendre comment prévenir le harcèlement en milieu de travail et pour améliorer l’intégration d’une nouvelle employée.
• Création de fiches d’exploration mettant de l’avant la réussite de femmes de l’Outaouais occupant des emplois et professions non traditionnels.
Andréanne, elle, ne regrette pas son choix. Elle encourage même sa fille adolescente à explorer à son tour des avenues non traditionnelles. « Sans Option Femmes Emploi, je serais encore prisonnière d’une profession que je n’aimais pas. Aujourd’hui, je m’accomplis et je suis tellement contente de ne pas avoir écouté ceux qui disaient que ça ne marcherait pas! »