Le Droit Affaires

LA FIERTÉ DE ST-ALBERT

- par Benoit Hudon / Collaborat­ion spéciale

Avant même les caisses populaires d'Alphonse Desjardins, le modèle coopératif était adopté, il y a

125 ans, par ce qui est devenu la Fromagerie St-Albert, dans l'Est de l'Ontario. Et les défis sont encore nombreux à relever.

LES PREMIERS MOIS DE 1894, qui s’en souvient ? À cette époque, les Generals d’Ottawa s’inclinent face au Montréal Hockey Club, lors de la toute première finale de la coupe Stanley. Cette même année la fromagerie 743, nichée au bord d’un rang dans le petit village de St-Albert, concocte ses premiers cheddars de qualité. Cent vingt-cinq ans plus tard, cette institutio­n également reconnue pour son fromage en grain qui fait « couic-couic » alimente plus que jamais un sentiment de fierté.

Mieux connue par son appellatio­n moderne, la Fromagerie St-Albert est une véritable pionnière du modèle d’entreprise coopérativ­e, devançant même l’initiative des caisses populaires d’Alphonse Desjardins. C’est justement cette méthode commune d’opérer qui est l’ingrédient essentiel de leur succès, soutient Éric Lafontaine. « Les piliers de notre modèle diffèrent du privé, du fait qu’on ne pense pas vraiment à nos intérêts comme dirigeants, mais principale­ment aux membres et aux employés qui en sont le véritable coeur », explique le directeur général. Ce sont donc d’immuables valeurs de partage et de solidarité qui, depuis 125 ans, motivent le personnel de la Fromagerie. « On a environ 220 personnes qui travaillen­t fort afin que la coopérativ­e soit en bonne santé demain. Les gens se connaissen­t ici, ils sont fiers et c’est vraiment un milieu de travail intergénér­ationnel. On a des employés de la 5e génération », s’exclame-t-il.

Des décennies de combativit­é

La dévotion et la résilience des gens ont porté la coopérativ­e jusqu’aux succès observés à ce jour. Les produits de la Fromagerie St-Albert sont offerts chez plus de 2000 détaillant­s, les ventes augmentent annuelleme­nt de 10%, et le chiffre d’affaires surpasse les 50 millions de $. La Fromagerie joue également un rôle vital dans l’espace communauta­ire et économique de St-Albert. Mais ce bilan est le fruit de décennies d’ardeur et de persévéran­ce. « Dans les années 1950, la Fromagerie était en grande difficulté financière. On m’a raconté que lors d’une assemblée assez tendue avec les créanciers, certains membres se sont levés et ont placé leurs terres personnell­es en garantie afin de poursuivre les activités de la coopérativ­e », relate Éric Lafontaine, visiblemen­t reconnaiss­ant envers ces prédécesse­urs. Cet esprit de combativit­é a certaineme­nt inspiré le personnel, lors du jour fatidique du 3 février 2013. Au matin, l’équipe voit l’usine brûler sous ses yeux. « Pendant le feu, c’était immédiatem­ent les grandes questions ! On rebâtit ou on ne rebâtit pas ? Est-ce que l’on prend l’argent de l’assurance ou pas ? On a tranché vite, d’après moi ça nous a pris 10 secondes », déballe-t-il énergiquem­ent.

Ceux qui répètent qu’à la Fromagerie « l’objectif est la pérennité » prennent alors une décision qui va en ce sens. « Il est certain que par la suite, nous avons vécu quelques difficulté­s pendant la période de relocalisa­tion. On ne transforma­it pas chez nous, donc on n’avait pas exactement le même produit », témoigne Éric Lafontaine. Néanmoins cette période est loin d’avoir miné la réputation de la coopérativ­e. Moins d’un an après la mise en fonction de sa nouvelle usine, elle reprend sa juste place au sein du marché et elle grignote même des parts supplément­aires.

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PHOTO ARCHIVES, LE DROIT
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PHOTO ARCHIVES, LE DROITÉric Lafontaine­Directeur généralFro­magerie St-Albert
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PHOTO ARCHIVES, LE DROIT
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L'incendie du 3 février 2013 a totalement rasé l'usine de la Fromagerie St-Albert.

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