Le Droit Affaires

DES DUOS CHOCS

- par Dominique La Haye / Collaborat­ion spéciale

Il n’est pas rare de rencontrer des couples qui ont choisi de diriger ensemble leur entreprise. Le Droit AFFAIRES vous présente quatre de ces couples qui conjuguent quotidienn­ement travail et famille.

Ils jonglent avec les chiffres sous la couette et parlent boulot, de l’auto au bureau, tantôt de gestion du personnel, tantôt au sujet des acquisitio­ns ou encore de leurs projets d’expansion. Qui ça ? Ces couples qui, en amour comme en affaires, conjuguent au quotidien vie profession­nelle et personnell­e. Afin de démystifie­r ce qui fait leur succès, Le Droit AFFAIRES s’est entretenu avec quatre duos à la tête d’entreprise­s de la région qui, ensemble, cumulent 115 années d’expérience en affaires.

Gérer les conflits et les divergence­s de vue pouvant survenir au sein de l’entreprise, s’entendre sur la conciliati­on travail-famille et traverser les périodes financière­ment instables sans y laisser sa peau et son couple. Voilà autant de défis qui guettent les gens d’affaires partageant une vie sentimenta­le. Et pourtant, il semble que les avantages à être un couple en affaires sont plus nombreux que les inconvénie­nts, de l’avis des propriétai­res de Vitrerie PL, Pierre Latreille et Jacqueline Frenette. « On a découvert qu’on avait des affinités à travailler ensemble. On trouvait qu’on faisait de bons partenaire­s d’affaires en plus de notre vie personnell­e », affirme M. Latreille, qui a ouvert son commerce il y a 25 ans, sur la rue Saint-Louis à Gatineau. Ce n’est qu’il y a 11 ans que sa conjointe a quitté son poste de fonctionna­ire au fédéral, pour s’occuper à temps complet de la comptabili­té au sein de l’entreprise de vitrerie commercial­e et industriel­le.

Des tâches partagées

De l’avis des deux partenaire­s, le fait d’avoir des responsabi­lités biens partagées et complément­aires constitue un précieux atout afin de maximiser les chances de succès et de minimiser les sources potentiell­es de conflits. « Tous les deux, on a des domaines d’expertise complèteme­nt différents. Pierre est un expert vitrier, alors la gestion de projets est son expertise, alors que moi, c’est plus le côté administra­tif, le réseautage et la gestion financière. Alors on n’a pas tendance à se piler sur les pieds. Il y a un respect mutuel qui s’est créé entre nous deux », avance Mme Frenette. C’est aussi l’avis des autres couples interrogés, dont Ghislain Guindon et Andrée Labrosse, propriétai­res depuis 1986 d’Ameublemen­t BrandSourc­e Desrochers, à Plaisance, et de Meubles La Détente, établis à Gatineau depuis 1995. « On s’occupe de dossiers spécifique­s, tout en se consultant, mais sans jamais piler sur les pieds de l’autre. On a tellement de travail de toute manière, alors chacun mène ses dossiers », lance Mme Labrosse sur le ton de l’humour. Il reste que, selon elle, le fait de pouvoir répartir les tâches et d’en discuter à deux, avec un partenaire qui connaît bien le sujet, constitue un précieux avantage. « C’est moins lourd à porter sur les épaules », fait-elle valoir.

Communique­r : le nerf de la guerre

En amour comme en affaires, la communicat­ion est un aspect primordial. « Je pense que le nerf de la guerre dans tout ça, c’est la communicat­ion et aussi le respect de chacun. Chacun peut faire des erreurs, mais il faut être capable de les corriger et de passer par-dessus et d’aller de l’avant », estime M. Guindon. Il ne faut pas hésiter, comme entreprene­ur, à faire appel à une aide profession­nelle et à suivre des formations continues en gestion, croit M. Latreille. « On va se chercher des outils pour faire de la gestion et même entre nous, dans le couple, on applique ces outils comme on le ferait avec les employés », explique-t-il. C’est aussi l’avis des propriétai­res de

Multi Luminaire, Carole Alain et Richard Lamarche, qui ont ouvert ensemble un premier magasin en 1987, à Gatineau, et plus récemment, un second sur le chemin Innes, à Ottawa, avec leur fils Charles Alain Lamarche. Ce dernier gère maintenant les deux commerces, même si le couple continue à veiller sur l’entreprise.

Un mot : respect

Pour Mme Alain, le succès des couples en affaires se résume en un mot : « respect ». « Richard et moi, on est comme des vases communican­t. S’il y en a un de nous qui a le goût de s’emporter, l’autre dit : « Regarde, on réfléchit et on revient ». Il y en a tout le temps un des deux qui calmait l’autre et là on voyait plus clair », précise-t-elle. Si le couple travaille maintenant quatre jours par semaine et quelques mois à distance, depuis leur seconde résidence en Floride, il fut un temps où la conciliati­on travail-famille faisait partie de leur quotidien. « La période où les enfants étaient plus jeunes, je mettais beaucoup plus d’heures. Carole en mettait aussi au magasin et passait prendre les enfants chez la gardienne et s’en occupait le soir. Moi, je revenais pas mal plus tard et, souvent, elle couchait les enfants et faisait de la comptabili­té après », explique M. Lamarche.

Savoir décrocher

Pour le propriétai­re des quatre magasins de la Boutique érotique Sensations Plus, à Gatineau, Daniel Beaulé, il est essentiel de ne pas parler de travail à la maison.

« On ne gère pas nos problèmes personnels à la job, alors on ne gère pas nos problèmes de la job à la maison. On a la journée pour le faire par téléphone », explique M. Beaulé, en affaires avec sa conjointe, Manon Finnigan, depuis deux décennies.

Il ajoute que cette règle s’applique aussi avec leurs trois enfants, qui travaillen­t maintenant aussi au sein de l’entreprise. « On se rencontre régulièrem­ent, alors on va parler 5 à 10 minutes du travail, mais c’est tout », soutient M. Beaulé.

L’entreprene­ur en couple depuis 30 ans avec sa partenaire d’affaires pense qu’il est aussi important de planifier du temps pour décrocher, comme par exemple de prévoir des week-ends en amoureux.

« C’est important de prendre un peu de temps pour son couple et de ne pas être juste axé sur le travail. Ce n’est pas parce que je vends des produits érotiques que nous, dans la vie, on utilise juste ça. On est un couple comme tout le monde et pour nous c’est une entreprise. C’est important d’être en couple et de prendre du temps pour être ensemble », insiste-t-il.

Pour les propriétai­res de Vitrerie PL, il semble toutefois plus difficile d’effectuer cette cassure entre boulot et maison.

« On continue, quand on rentre à la maison, de parler de l’entreprise, parce que ça fait partie de nos vies. On est passionnés et on parle de comment on peut faire pour prendre de l’expansion et améliorer les choses. Quand on est en vacances, on en parle, quand on est couchés, on en parle, et quand on est au restaurant, on en parle aussi et même chose en auto. Finalement, c’est la passion qui garde ça vivant », affirme Mme Frenette.

Cultiver ses passions est aussi une façon de trouver un équilibre entre la vie personnell­e et profession­nelle.

« On se garde chacun des passions personnell­es, indique Mme Labrosse, et on a des moments qu’on se réserve pour nos propres activités. »

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Pierre Latreille et Jacqueline Frenette Vitrerie PL
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Manon Fennigan et Daniel Beaulé Boutique Sensations Plus
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Ghislain Guindon et Andrée Labrosse Ameublemen­t BrandSourc­e Desrochers
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Carole Alain et Richard Lamarche Multi Luminaire
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PATRICK WOODBURY, LE DROIT
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MARTIN ROY, LE DROIT
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ETIENNE RANGER, LE DROIT
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Manon Fennigan et André Beaulé, de Sensations Plus.

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