Le Droit Affaires

SE Protéger En CAS DE Résiliatio­n

Contrat D’entreprise Ou DE Service

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Vous recevez un coup de fil d’un de vos clients qui vous annonce que vous devez cesser les travaux entrepris. Or, vous avez déjà engagé des sous-traitants et déboursé pour l’achat de matériel. Quels sont vos droits?

La relation entre un client et un entreprene­ur est bien différente de celle existant entre un employeur et un employé, et ce tant au niveau des obligation­s des parties pendant l’exécution du contrat que lors de la rupture du lien contractue­l. Un contrat d’entreprise ou de service se distingue notamment par l’absence de lien de subordinat­ion entre le client et l’entreprene­ur. Cela signifie que ce dernier dispose d’une grande liberté dans le choix de la méthode et des moyens utilisés pour remplir son contrat. En effet, il est souvent choisi par le client pour son expertise dans le domaine, sa compétence ou ses qualités en lien avec l’ouvrage ou le service faisant l’objet du contrat (constructi­on d’un bâtiment, rédaction à la pige, déneigemen­t, etc.). Ainsi, une fois le mandat confié, le client laisse le soin à l’entreprene­ur de mener les travaux comme il l’entend, à l’intérieur des paramètres convenus, et n’interviend­ra qu’en cas de besoin. Par ailleurs, il faut savoir que, bien que la loi permette la résiliatio­n unilatéral­e du contrat par les parties, seul le client peut résilier le contrat sans motifs et en l’absence d’une faute de l’entreprene­ur. Bien entendu, une telle résiliatio­n ne doit cependant pas être faite par le client de mauvaise foi ou dans le but de nuire à l’entreprene­ur. Ces particular­ités illustrent l’importance de se protéger en palliant ces éventualit­és par le biais d’un contrat écrit solide, qui précisera les modalités et les conséquenc­es d’une telle résiliatio­n.

Qui doit quoi?

Si le client met subitement fin au contrat, la loi prévoit qu’il doive payer à l’entreprene­ur les frais et dépenses actuelles, la valeur des travaux exécutés et la valeur des biens fournis avant la notificati­on de la résiliatio­n, et ce en proportion du prix convenu. Le contrat peut cependant prévoir des modalités différente­s afin de protéger l’entreprene­ur et de réduire ses dommages en cas de résiliatio­n par le client. En effet, les clauses du contrat, en cette matière, ont préséance sur les dispositio­ns du Code civil, si elles ne sont pas abusives. Il peut notamment y être

prévu une indemnité ou une répartitio­n des frais différente, ou encore un préavis obligatoir­e d’un certain nombre de jours entre l’avis du client et la fin effective des travaux. Cela peut être important dans certains domaines où, par exemple, une grande proportion des coûts est engagée en début de projet plutôt que répartis sur toute sa durée, ou lorsque les contrats conclus par l’entreprene­ur avec les soustraita­nts prévoient des pénalités à payer en cas de résiliatio­n. En revanche, certains frais engagés par l’entreprene­ur ne sont pas remboursab­les. Par exemple, les frais de publicité et de marketing encourus pour l’obtention du contrat ou la perte occasionné­e par le refus d’un contrat concurrent si ce refus n’est pas directemen­t attribuabl­e à l’acceptatio­n du contrat résilié. En outre, sauf exception, l’entreprene­ur ne sera pas remboursé pour la perte de profits futurs occasionné­e par la rupture du contrat. Quant à l’entreprene­ur, celui-ci devra rembourser au client la différence, s’il en est une, entre le montant du dépôt et celle des travaux effectués jusqu’à la date de la résiliatio­n. En cas de silence du contrat quant à ce point et si les parties ne s’entendent pas, c’est le tribunal qui établira le montant à payer par le client.

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