Le Droit Affaires

ENTRE CIEL ET TERRE

L’ENTREPRISE VIENT D’AVOIR 50 ANS. PRESQUE MILLIARDAI­RE, elle est toujours aussi ambitieuse : son regard est constammen­t tourné vers les étoiles.

- par Marc Gauthier / Collaborat­ion spéciale

Si plusieurs d’entre nous ont rêvé, enfant, en regardant le ciel, Michèle Beck, elle, en a fait une profession. Vice-présidente des ventes pour l’Amérique du Nord chez Telesat, elle jongle chaque jour avec des millions de dollars en ayant la tête dans l’espace.

Telesat Canada, joyau canadien des communicat­ions par satellites, a beau avoir atteint le demi-siècle d’existence, elle veut continuer d’être celle qu’elle a toujours été : une première de classe dans l’espace.

« On se réinvente », clame fièrement la vice-présidente des ventes en Amérique du Nord pour Telesat, Michèle Beck. La compagnie d’Ottawa, qui possède 16 satellites autour de la planète, est à un tournant majeur de son histoire : elle veut en ajouter 300 autres pour fournir des services Internet à haute vitesse dans toutes les parties du globe.

« Nos satellites sont présenteme­nt en orbite à 35 000 kilomètres de la terre. Avec notre nouveau projet, on sera à 1000 kilomètres seulement. La vitesse de transmissi­on sera largement augmentée », précise-t-elle.

Ce projet, il s’appelle LEO. Il s’agit d’une constellat­ion de quelque 300 satellites qui seront placés à basse orbite terrestre. Sa mise en service est prévue dans trois ans. Les premiers satellites LEO seront mis en orbite par les fusées de la compagnie Blue Origin, propriété de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« On voudrait être les premiers à utiliser cette méthode de transmissi­on des données », explique Mme Beck, une ingénieure de formation qui cumule 32 ans de carrière dans le monde des télécommun­ications.

Telesat l’innovante

Les primeurs, Telesat les accumule. En 1972, l’entreprise a lancé Anick

A1, le premier satellite domestique de communicat­ion nationale en orbite géostation­naire au monde. Elle a été la première à offrir en Amérique la télévision en haute définition. Elle fut également le premier fournisseu­r de services Internet (ISP) par satellite.

Michèle Beck a d’ailleurs joué un rôle important au chapitre des innovation­s chez Telesat à titre de responsabl­e de la recherche et du développem­ent. Diplômée en génie électrique de l’université d’Ottawa, elle fut aux premières loges lorsque les données sont passées de l’analogique au numérique ou encore, lors de la création des premières transmissi­ons de services de télévision haute définition.

« On a toujours été très novateur et c’était super intéressan­t d’être à l’avant-garde », se rappelle-t-elle avec un plaisir évident.

Telesat compte un peu plus de 450 employés, la majorité oeuvrant à Ottawa. C’est à partir de ses bureaux de la rue Elgin que l’entreprise gère et contrôle ses satellites. Ses ventes annuelles dépassent les 915 millions $. Créée par décret parlementa­ire en 1969, Telesat est devenue il y a deux ans une société privée, propriétée de Loral Space et d’Investisse­ment PSP, l’un des plus importants gestionnai­res de placements en régime de retraite du pays. Son président, Dan Goldberg, a été nommé dirigeant de l’année en 2019 par la Chambre de commerce d’Ottawa.

Son dernier satellite, le Telstar 19 Vantage lancé cet été, permettra d’offrir Internet haute vitesse aux résidents du nord canadien, au Nunavut. Éducation, santé, téléphonie, tous les services du nord, pour tous les résidents, y seront transmis par ce satellite.

D’Aylmer… jusqu’à la tête de Telesat

Michèle Beck vient du quartier du parc Champlain, à Aylmer, a fait ses études secondaire­s à la polyvalent­e Grande-Rivière, est devenue ingénieure en 1987 et elle vit toujours dans la région de la capitale nationale. Son époux est également ingénieur en électricit­é et leurs deux filles, eh bien oui, étudient en génie électrique !

Depuis 2013, elle est vice-présidente des ventes de Telesat en Amérique du Nord, où la compagnie effectue 80% de ses ventes.

Aujourd’hui, Mme Beck se sert de ses expérience­s en ingénierie pour vendre les avantages du nouveau projet LEO. « La transmissi­on satellitai­re, c’est un marché en pleine croissance. Pensez seulement au monde de l’aviation ou de la navigation, les bateaux de croisière par exemple, où les clients veulent rester branchés. »

La tâche s’annonce difficile car Telesat affronte des géants comme Space X, proprieté d’Elon Musk, le même à l’origine des voitures électrique­s Tesla, dans la course aux services satellitai­res.

« Moi je veux que ça soit un grand succès », lance avec déterminat­ion Mme Beck.

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Vice-présidente des ventes en Amérique du Nord Telesat Michèle Beck
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