INONDÉS DEUX FOIS PLUTÔT QU’UNE
Les inondations, les propriétaires du commerce Expert Marine Gatineau y ont goûté deux fois plutôt qu’une. D’abord à titre de résidents du Vieux-Gatineau en 2017, puis à titre de commerçants, lors de la crue des eaux le printemps dernier.
S’il s’en est fallu de peu pour que le magasin de la rue Sanscartier soit infiltré d’eau, il reste que les activités du commerce spécialisé dans l’entreposage et la réparation de bateaux ont passablement été chamboulées.
« On n’a pas eu d’eau dans le commerce, à deux pouces près, mais tout autour, c’était comme une île entourée d’eau », explique la copropriétaire, Nancy Kingsberry, qui raconte avoir dû se rendre travailler en canot durant la période des inondations.
Les activités du commerce saisonnier ont donc dû être reportées d’un mois et demi et un investissement de 5000 $ a notamment dû être fait en roches, en terre et en nettoyage pour réparer les dommages encourus.
« Normalement, notre saison commence au début du mois d’avril, mais là, avec les inondations, on a commencé vers la fin mai. »
Les bateaux que leur clientèle avait remisés au commerce durant l’hiver ont dû être déplacés en hauteur sur le terrain pour éviter d’être déclarés pertes totales. Selon Mme Kingsberry, les inondations de l’an dernier ont d’ailleurs incité plusieurs propriétaires à ne pas renouveler leur contrat de location d’entreposage durant l’hiver. « On a perdu des clients, car plusieurs d’entre eux n’ont pas voulu revenir ici en entreposage cet hiver, car ils ont peur des inondations, même si les bateaux n’ont pas subi de dommages, étant donné qu’on a été présents et que l’eau est montée, mais pas assez pour rentrer carrément dans les bateaux », explique Mme Kingsberry.
Dur coup
La directrice générale de l’Association des gens d’affaires et professionnels ( AGAP ) du Vieux-Gatineau, Pauline Bouchard, affirme que les résidents et commerçants du coin ont dû encaisser un « dur coup » dans la foulée des inondations de 2017 et de 2019.
Selon elle, l’impact de ces événements sur les gens d’affaires est indissociable de l’impact qu’ils ont aussi eu sur les résidents du secteur. Difficile toutefois de chiffrer exactement l’impact économique qu’ont eu ces catastrophes sur la soixantaine de commerces que l’AGAP Vieux-Gatineau représente.
« On ne peut pas le traiter seulement par rapport aux gens d’affaires, il faut le traiter aussi avec la communauté et les résidences », estime-telle.
« Je me souviens de 2017, on avait l’armée au marché Notre-Dame. Les gens consomment moins, car ils sont plus en détresse. Donc c’est certain que sur l’ensemble de la zone commerciale, il y a un achalandage qui est moindre et des ventes qui ne sont peut-être pas aussi au rendez-vous», poursuit-elle.
Selon Mme Bouchard, ces contrecoups de Dame Nature ont provoqué un stress dans la communauté, ainsi qu’un mouvement de solidarité qu’elle qualifie « d’exceptionnel ».
« La résilience, c’est un mot à la mode, mais c’était vraiment ça qu’on voyait et de l’entraide. Moi j’ai vu des commerces qui ont fermé. Ont-ils fermé en raison de cela ou parce que c’était des mauvaises années consécutives à cela ? Les gens ne viennent pas toujours nous voir pour nous le dire », affirme la directrice générale de l’AGAP Vieux-Gatineau.
À la lumière de ces inondations,
Mme Bouchard indique que l’AGAP cherche maintenant à trouver des idées pour assurer la pérennité du secteur. «
Il y a plusieurs résidences où tu ne peux même plus aller habiter, il y a des lots vacants. On est en train de regarder à trouver des stratégies pour faire en sorte que le quartier survive, car ce sont des consommateurs de proximité, donc ça a un impact direct sur l’artère commerciale qui est juste à côté », souligne-t-elle.