Les tendances auraient déjà changé depuis mai 2016
La population et la force économique du Canada se sont déplacées depuis 2005 vers l’Ouest et le Nord, a révélé Statistique Canada dans ses données sur le revenu des ménages publiées le 13 septembre. La forte montée du revenu médian dans ces régions reflèt
« Le plus marquant dans les données, explique l'économiste néo-brunswickois Richard Saillant, montre qu'on a vécu à l'échelle nationale la décennie des ressources naturelles. Les endroits où la croissance des revenus a été la plus forte sont dans les régions minières et pétrolières. Les économistes parlent d'un supercycle. »
Selon monsieur Saillant, la montée du prix des ressources naturelles a fait baisser le taux de change, entraînant une forte concurrence étrangère et la perte d'emplois dans les usines canadiennes. L'Ontario est ainsi devenu bénéficiaire de la péréquation (les paiements égalisateurs de l'État fédéral).
Les juridictions ayant connu les plus fortes croissances depuis 2005 sont le Nunavut (36,7 %), la Saskatchewan (36,5 %), Terre-Neuve et Labrador (28,9 %), les Territoires du Nord-Ouest (24,5 %) et l'Alberta (24 %).
La plus faible croissance a été enregistrée en Ontario (3,8 %), suivie du Québec (8,9 %) et des trois provinces maritimes, soit le Nouveau-Brunswick, l'Îledu-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse (entre 10 et 11 %).
Une redistribution déjà déplacée
Le Canada a vu une redistribution de la puissance économique au cours de la décennie, note Richard Saillant. « Mais il ne faut pas extrapoler cette tendance vers l'avenir. L'examen des données depuis mai 2016 révèlerait un changement majeur. Le Québec, l'Ontario et la Colombie-Britannique connaissent déjà une résurgence. Terre-Neuve-et-Labrador a vécu une croissance fulgurante, mais les beaux jours sont révolus, à moins d'une remontée du pétrole. »
L'Alberta connaît un revenu médian qui est de 33 000 $ plus élevé que celui du Nouveau-Brunswick, constate l'économiste. « Si on considère qu'une part de ces revenus sont des transferts gouvernementaux (assurance-emploi et prestations de vieillesse) et que les provinces pauvres de l'Est et de l'Atlantique en reçoivent davantage, l'écart serait encore plus grand. »
La répartition des groupes d’âge en cause ?
Le pourcentage de personnes âgées au Nouveau-Brunswick serait deux fois plus élevé qu'en Alberta, selon le recensement de 2016 de Statistique Canada. À l'échelle nationale, le nombre de personnes âgées vivant au sein de ménages à revenus faibles a grimpé, tandis que le nombre de jeunes enfants a baissé dans cette catégorie.
Richard Saillant estime que le Canada possède un « assez bon » système pour les personnes âgées. Mais il reconnaît qu'il reste encore des aînés vivant sous le seuil de la pauvreté.
« Ce qui est important, c'est que les revenus médians ont augmenté fortement un peu partout au pays. Aux États-Unis, les revenus médians n'ont pas changé depuis des décennies. »
Une nouvelle tendance s'affirme quant aux revenus des couples. Le tiers des conjoints gagne des salaires semblables, une hausse de 20 % en 30 ans. Par ailleurs, 50,7 % des hommes touchent un revenu relativement plus élevé que leur conjointe alors que seulement 17,3 % des femmes gagnent plus que leur partenaire de vie.
Les données de Statistique Canada sur le revenu des ménages tirés du recensement de 2016 indiquent enfin que les couples du même sexe auraient, en moyenne, des revenus plus élevés que les couples de sexe différent.