Le Conseil scolaire francophone provincial (CSFP) invité à refaire ses devoirs
L’opposition solidaire des parents et de nombreux membres de la communauté de Cap-Saint-Georges a eu raison de l’idée du CSFP d’installer les élèves et le personnel de l’École Notre-Dame-du-Cap (NDC) dans les locaux de l’école anglophone du village à la r
C'est à l'unanimité que la soixantaine de participants à une assemblée publique organisée conjointement par le CSFP et le Newfoundland and Labrador English School District (NLESD) le 1er novembre dernier ont rejeté cette idée de jumelage.
Pas question de fermer, dans les faits, une école francophone qui est le résultat d'une bataille rangée menée dans les années 1980 pour assurer la survie du français sur la péninsule de Port-au-Port, ont dit en substance les défenseurs de NDC lors de cette rencontre.
Le message a été entendu par les membres du conseil d'administration du CSFP. Ses membres auraient convenu d'abandonner l'idée de jumelage lors d'une conférence téléphonique tenue le 7 novembre dernier, a appris
Le Gaboteur. La décision devait toutefois être entérinée officiellement lors de la réunion régulière du CA le 18 novembre.
Dans l'intervalle, les défenseurs de NDC ont dressé un plan de travaux destinés à sauver NDC : doter le gymnase de l'école d'un plancher sécuritaire; ajouter un local extérieur à l'école pour entreposer le matériel actuellement gardé dans le gymnase dans des casiers métalliques, et négocier avec le NLESD l'utilisation du gymnase de l'École Our Lady of the Cape quelques heures par semaine pour les élèves de l'intermédiaire de NDC.
Les francos au sous-sol?
Les modalités du jumelage prévoyaient que le personnel et les élèves de NDC occuperaient des espaces situés au premier niveau, selon le terme utilisé le 1er novembre par la directrice générale du CSFP Kim Christianson. Les gens du coin, eux, étaient unanimes à les désigner comme le sous-sol. Cette perspective a également soulevé leur grogne.
Avant son décès, Jenny Fenwick, membre du premier CSFP en 1997 (voir page 13) avait fait connaître son désaccord avec la relocalisation à sa fille Catherine, la directrice générale de l'Association régionale de la côte Ouest (ARCO). « Ma mère faisait partie de la dernière cohorte d'enseignants à faire la classe dans les locaux prévus pour les francophones. Elle se rappelait que le plafond coulait et qu'il y avait de la moisissure dans les locaux. C'est pour cette raison qu'ils avaient cessé d'être utilisés par le NLESD », a relaté Catherine Fenwick au Gaboteur.
De l'avis des gens de la place qui connaissent bien Our Lady of the Cape, il était impossible d'y installer les francophones sans effectuer des rénovations importantes. « Lors de la réunion publique du 1er novembre, la directrice générale du CSFP Kim Christianson n'a pas été en mesure de chiffrer le coût de ces rénovations, pas plus que celui des réparations de NDC », a souligné pour sa part Paula Simon de Cap-Saint-Georges, une autre batailleuse pour la survie du français sur la péninsule.
« Madame Christianson s'était engagée à fournir ces informations après l'assemblée du 1er novembre, mais ce n'est plus nécessaire en raison de l'abandon du projet de jumelage », a poursuivi madame Simon.
Vigilance et fierté
Selon l'enseignant à la retraite Jos Benoit, cet épisode a amené les gens de la péninsule à serrer les rangs et à faire preuve d'une grande vigilance envers les décideurs du CSFP. « Nous avons réalisé combien les acquis de l'éducation en français sur la péninsule étaient fragiles et pouvaient être perdus rapidement si on n'y prenait pas garde », a dit dans le même veine Paula Simon.
Catherine Fenwick, pour sa part, a observé une grande fierté chez les parents et la communauté scolaire de Notre-Dame-du-Cap. « Les gens se sont pris en main localement, de concert avec les représentants de la péninsule au CA du CSFP, pour sauver leur école et trouver des solutions simples pour régler ses problèmes d'infrastructures », a-t-elle résumé.