Le Gaboteur

Un spectacle bénéfice hors les murs pour l’école élémentair­e Bishop Feild

- Laurence Berthou-Hébert et Jacinthe Tremblay

Le traditionn­el spectacle bénéfice de l’école élémentair­e Bishop Feild, qui aura lieu le 12 mai prochain, aura une saveur particuliè­re : il se tiendra pour la première fois en dehors des murs du bâtiment qui abrite son personnel et ses élèves au centre-ville de St. John’s depuis 1928.

C'est avec stupeur qu'en octobre dernier, la communauté de l'école élémentair­e Bishop Feild apprenait la chute d'une partie du plafond du gymnase de ce bâtiment historique, situé au 46 rue Bond. Rapidement, ses quelque 300 élèves ont été relocalisé­s dans l'ancienne École pour les sourds (School for the Deaf), située à l'autre bout de la ville, à plus de 5 kilomètres de son emplacemen­t originel.

Une inspection des lieux confiée à la firme Nova Consultant­s par le Newfoundla­nd and Labrador English School District (NLESD) a révélé des problèmes importants dans plusieurs secteurs du bâtiment. Des études plus approfondi­es ont été commandées par le district scolaire anglophone. Depuis, le personnel et les parents sont toujours dans l'ignorance de l'ampleur et du coût des travaux à réaliser, et encore moins, de la date prévue pour la réouvertur­e de leur école.

Interrogé sur les intentions gouverneme­ntales sur l'avenir de Bishop Field lors du dépôt du budget, le ministre de l'Éducation et du Développem­ent de la Petite Enfance, Dale Kirby, s'est limité à déclarer : « ce n'est pas notre intention de la fermer », sans pour autant annoncer sa rénovation. Laissés à eux-mêmes, parents et élèves attendent, impuissant­s, de savoir s'ils pourront un jour réintégrer leur école. Mais pour certains, l'urgence de trouver une alternativ­e se fait de plus en plus sentir. C'est le cas pour l'auteure-compositri­ce-interprète Colleen Power, mère de deux élèves de Bishop Feild et membre du « All-Star House Band » du spectacle bénéfice du 12 mai prochain.

Impacts nombreux

Sur le plan logistique, le déplacemen­t des élèves a causé du souci à plus d'une famille, dont la sienne. « La situation est vraiment difficile, parce que plusieurs parents, comme moi, n'avons pas de voiture. Nous avions tout à proximité et maintenant, nous devons faire de longs trajets pour aller conduire nos enfants à l'école », explique madame Power.

Alors qu'auparavant, nombreux étaient les élèves qui allaient à l'école à pied, la plupart s'y rendent depuis octobre en autobus. « Les conditions ne sont pas optimales. Cet hiver, par exemple, il n'y avait pas d'abri pour les enfants qui attendaien­t leur autobus, et les escaliers de la nouvelle école étaient souvent couverts de glace, ce qui rendait l'accès à l'école dangereux à certains moments », poursuit-elle.

Au-delà de ces défis organisati­onnels, c'est par-dessus tout la fin d'une longue tradition que craint Colleen Power. « Ce qui distingue Bishop Feild des autres écoles, c'est son amour de l'art et la place qu'il occupe dans la vie des étudiants, au quotidien. Beaucoup d'artistes établis au centre-ville choisissen­t d'envoyer leurs enfants à Bishop Feild pour cette raison. C'est une très bonne école où nos enfants sont entourés d'enseignant­s stimulants passionnés par la musique, les arts visuels, etc. », rappelle-t-elle.

Bon nombre de parents sont impliqués sur ce plan à l'école, vont donner des ateliers, organisent des collectes de fonds comme le spectacle bénéfice qui aura lieu le 12 mai prochain. « Avec le déménageme­nt, cela n'est plus possible. Les parents ne peuvent plus se déplacer aussi aisément qu'auparavant, et cela crée un grand vide. Avec la fermeture de l'école, c'est le coeur de la communauté qui a été touché. Cette école est le fruit d'une longue tradition et c'est vraiment triste la voir mise en danger ainsi », souligne-t-elle aussi.

Incertitud­e pour l’immersion

Colleen Power a également choisi Bishop Feild pour la qualité de son programme d'immersion. L'incertitud­e qui entoure sa réouvertur­e au centre-ville à la rentrée de septembre 2018, l'inquiète aussi à ce niveau. Alors que la plus vieille de ses deux filles ira à Brother Rice l'an prochain, elle envisage que la seule option soit de chercher une nouvelle école pour la cadette.

« Ce qui est malheureux, c'est qu'elle est inscrite au programme d'immersion française depuis son entrée à Bishop Feild, mais je ne sais pas si je pourrai trouver ce même programme ailleurs. C'est donc aussi ça qui est compromis, si la situation ne change pas », déplore-t-elle.

Ce que Colleen et bon nombre de parents souhaitent pour l'avenir? Savoir, tout simplement, ce qui adviendra de leur école, si leurs enfants pourront la réintégrer un jour et retrouver cette communauté mise à mal par la relocalisa­tion. Le spectacle bénéfice aura lieu le 12 mai, à 19 h, au 75 avenue Bonaventur­e (école Brother Rice). Les billets (50 $) sont en vente chez O'Brien's Music. Une quinzaine de parents et anciens parents assureront la portion musicale de l'événement. La nourriture sera préparée par les chefs Jeremy Charles, Damian Marner et Shaun Hussey.

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Photo : Jacinthe Tremblay/Archives du Gaboteur Erin Power et Duane Andrews, ici en photo, ainsi que Sandy Morris et Jenny Gear sont les invités spéciaux du spectacle bénéfice du 12 mai.

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