Le travail d’être parent
La Fêtes des mères, le 13 mai, sera célébrée de multiples façons dans la province. Chez les Français de l’Anse-à-Canards, par exemple, il y aura spectacle de musique traditionnelle et de variétés à compter de 19 h, suivi d’une danse. À l’approche de cette journée, notre collaboratrice Prajwala Dixit plaide en faveur d’une véritable reconnaissance du travail des parents au foyer, les papas, comme les mamans.
J'ai un nouveau travail et c'est tout simplement génial! Je travaille 24 heures sur 24, sept jours par semaine, 52 semaines par année, sans salaire ni avantages sociaux et ni congé payé. Pourtant, je trouve ce boulot très gratifiant. Il me donne l'occasion d'acquérir plusieurs compétences nouvelles, incluant, entre autres, le mentorat, l'encadrement et la réflexion rapide. En outre, il m'aide à perfectionner la créativité, le multitâche, le leadership et la débrouillardise.
En raison de la nature exigeante et des changements rapides d'humeur de mon « client », j'ai atteint un niveau plus élevé de patience et de tolérance, des vertus que je n'avais jamais semblé avoir. Quel est ce travail? C'est celui d'être un parent, plus précisément d'être une mère.
Parent à temps plein
Après deux bons mois de soutien après mon accouchement, mes parents ont quitté St. John's. J'ai alors embrassé mon nouveau rôle de mère de façon indépendante. Tout au long de ce voyage de 28 mois (dont 9 mois de grossesse), j'ai fait de nouveaux apprentissages tous les jours. Je n'ai connu aucun moment d'ennui.
Comme dans n'importe quel travail, il y a un revers à assumer le rôle d'une mère. Bien que j'aie choisi de considérer mon nouveau rôle comme mon travail, je pense que la société au XXIe siècle continue malheureusement de diminuer la contribution d'un parent qui reste à la maison.
On me demande constamment à quel moment je retournerai au travail. Au début, je considérais que cette question ne faisait aucun mal. Je l'ai probablement posée à d'autres parents. En y réfléchissant, je me suis rendu compte à quel point cela diminuait le travail d'un parent qui reste à la maison. En lui demandant quand il retournera au boulot, je crois que la société néglige le travail et la contribution d'un parent qui choisit de prodiguer des soins de qualité à son enfant et en veillant sur lui, jour après jour.
Loin d’être une pause du boulot
En faisant des recherches pour cet article, j'ai constaté que la plupart des auteurs parlaient du choix d'un parent de prendre soin de son enfant à la maison comme d'une pause du travail. Cette idée très répandue dans notre société est, selon moi, très regrettable. Heureusement, ce n'est pas le cas partout. La Norvège, par exemple, a choisi de récompenser progressivement le choix de s'occuper des jeunes enfants à la maison. En 1998, son gouvernement a lancé un programme intitulé Cash-for-Care qui, deux décennies plus tard, continue d'offrir des incitatifs financiers aux parents au foyer ayant des enfants de moins de trois ans. Un sondage mené en 2012 sur le site Salary.com pour évaluer le salaire que devraient recevoir les mamans au foyer est arrivé à la conclusion que la somme de 118 899 $ pas de virgule, US, j'enlèverais "il va s'en dire",
serait un revenu digne de leur labeur.
Un parent à la maison jongle avec plusieurs rôles (qui changent parfois de minute en minute): enseignant, mentor, cuisinier, chauffeur, fournisseur de soins de santé, diététiste, analyste logistique et chef de la direction! N'empêche, nous continuons à considérer le temps choisi pour s'occuper d'un enfant comme une rupture dans la carrière et à refuser de le considérer comme un « travail légitime » qui pourrait se retrouver dans un curriculum vitae.
Les pères aussi
Avec la croissance du nombre de femmes complétant des études supérieures et de plus en plus présentes sur le marché du travail salarié, le nombre de pères au foyer s'est également accru. Ainsi, dans l'étude « Évolution du profil des parents au foyer » publié par Statistique Canada en 2016, on apprend qu'en 2015, une famille sur 10 avait un père au foyer. En 1976, c'était seulement une famille sur 70. L'étude révélait de plus que c'est dans les provinces de l'Atlantique que le pourcentage des familles avec un père au foyer était la plus élevée au pays, à 18 %.
Cette tendance est réjouissante, mais il reste bien du chemin à parcourir avant que l'importance et la valeur des contributions de ces héros soient reconnues. Pour ma part, j'ai incorporé quelques trucs dans ma vie dans l'espoir de renverser la sous-estimation de mon travail de maman à temps plein. Les voici.
Trucs de survie
Pour commencer, parlez à quelqu'un qui va écouter. Engager des échanges sur le sujet est, je crois, le début du changement. Quand je rencontre de nouvelles mères, je leur demande consciemment si elles « travaillent comme mères à temps plein » ou ont une forme différente d'engagement.
Si vous êtes un parent à la maison, définissez votre rôle dans vos propres mots. Je me considère comme à la fois comme PDG, chef des opérations et directrice des finances et je dis avec fierté que c'est mon travail. Soyez fier du fait que vous passez du temps avec votre enfant en le transformant en personne autonome.
Si vous cherchez à adopter un autre rôle (qui a besoin d'un curriculum vitae), mettez en évidence les compétences que vous avez acquises en tant que principal fournisseur de soins pour votre enfant. Vous pourriez le faire si vous étiez nounou de l'enfant de quelqu'un d'autre, n'est-ce pas?
Et n'hésitez pas à vous donner quelques tapes dans le dos…