Oser parler
de Terre-Neuve-et-Labrador est une version à retardement du mouvement #Moi aussi. Une version en accéléré aussi. Est-ce terminé ? Parions que d'autres révélations viendront.
Même si la marmite a sauté tout récemment, ce climat pourri dure et perdure depuis des mois, selon les informations qui s'accumulent d'heure en heure. Pendant tout ce temps, des femmes, et on peut imaginer des hommes aussi, ont souffert en silence. Pourquoi ? À cause d'une obligation de « solidarité » ministérielle ? D'un devoir de loyauté ? Peutêtre. Mais sans doute aussi et beaucoup à cause du doute semé par les abus : « est-ce moi ? », en viennent à croire les victimes. À cause de la honte aussi.
Dans son entrevue à la CBC, l'ex-ministre Cathy Bennett a mentionné tout le mal causé par ceux et celles qui sont témoins de comportements inacceptables et qui, par leur silence, en deviennent en quelque sorte complices. C'est aussi une des grandes leçons du mouvement #Moi aussi. Les témoins doivent oser dire aussi. Les « j'aurais donc dû… », des années plus tard, ne viennent en rien en aide aux victimes.
Pourquoi a-t-il fallu tant de temps pour que des comportements inacceptables, voire même une culture d'intimidation, selon Cathy Bennett, éclatent au grand jour à la Chambre d'Assemblée ? En plus des raisons possibles citées plus haut, il y a aussi la crainte de représailles de la part de cercles beaucoup plus larges de la société de cette province.
Il y a, d'une certaine manière, un point commun entre le long silence des élues du gouvernement provincial et l'omerta qui entoure la prise de parole sur les ratés du projet hydro-électrique de Muskrat Falls : c'est la peur ! La mise en place d'outils de divulgation confidentiels et anonymes par les juricomptables de Grant Thorton (voir notre article en page 2) réussira-t-elle à la vaincre ? Nous verrons.
Mais peut-être, peut-être aussi, que la prise de parole de plusieurs élues de la Chambre d'assemblée fera boule de neige. Si c'est le cas, il y a des risques que des gens honnêtes et sans reproche soient éclaboussés. Ce serait extrêmement dommage. Mais il y a aussi des chances que la démocratie et le débat public sain s'en trouvent grandis. C'est la grâce que nous nous souhaitons.