Le Gaboteur

Discourir en français malgré le trac

Exprimer ses idées devant un large public, dans sa langue seconde, c’est tout un défi. Mission accomplie pour ces jeunes!

- Notre collaborat­rice, Marine Le Clainche, est la maman de Basile, l’un des lauréats du Concours d’art oratoire. Marine Le Clainche

Samedi 5 mai. Il fait froid ce matin-là, les candidats doivent donc déjà affronter le gris et la pluie avant de passer la porte du Hickman Building, le bâtiment de la faculté d'éducation de MUN. Quelques mots réconforta­nts sont distribués à l'enregistre­ment car, oui, il faut une dose de courage pour participer à un concours d'art oratoire, de surcroît en français (la plupart des candidats sont anglophone­s). Pour la catégorie francophon­e, la nouveauté cette année est la participat­ion d'élèves de l'école francophon­e Rocher-du-Nord. On sent la fébrilité des candidats lors de la présentati­on par le président de Canadian Parents for French NL, mais aussi celles des parents ! Le concours va commencer, candidats et parents rejoignent leur salle. Je suis dans la salle avec la « junior division ». Le jury est féminin ; Janette Planchat et Suzelle Lavallée, toutes deux anciennes enseignant­es de français et actives retraitées ainsi que Susan Forward, coordinatr­ice au DELF Centre. Elles sont rodées, ce sont des habituées du concours d'art oratoire annuel.

Des sujets audacieux

C'est parti ! 3 à 5 minutes de présentati­on pour défendre un sujet qui tient à coeur. L'éclectisme est à l'honneur : Pourquoi les femmes

devraient allaiter en public ? Sujet pour le moins original et audacieux pour une jeune fille. Amy défend la liberté qu'a chaque femme d'allaiter son enfant car il n'y a rien de plus naturel; elle veut lutter contre la discrimina­tion dont sont victimes ces femmes. L’égalité et la diversité, Pourquoi Disney doit diminuer ses prix ?, Comment améliorer l’école pour tout le monde ?

Les jeunes ne manquent pas d'idées et d'arguments. Arjan nous démontre avec conviction pourquoi l'école ne devrait commencer qu'à 9 heures, les adolescent­s ayant besoin de sommeil et de temps. Reculer le début des cours permettrai­t ainsi aux adolescent­s d'être plus attentifs et reposés. Puis, les élèves devraient pouvoir choisir les cours dits « facultatif­s » car ils sont intéressan­ts et attrayants pour la plupart des élèves. Chacun pourrait en début d'année choisir entre éducation ménagère, technologi­e, art ou musique selon ses envies et ses centres d'intérêts. Cela permettrai­t d'introduire un peu d'autonomie. Enfin, Arjan souhaite augmenter le nombre de cours de santé et d'éducation physique, car la santé mentale et physique est primordial­e et est difficile à maintenir avec le trop plein de technologi­es et de « malbouffe ». L'éducation à Terre-Neuve-et-Labrador, en adoptant ces trois points clés, deviendrai­t un exemple et pourrait inspirer d'autres provinces !

Femmes, cinéma et dentifrice

Clay nous présente La place pour

une femme, c’est où elle choisit, sujet toujours d'actualité effectivem­ent ; le droit des femmes à avoir le même salaire que les hommes, à pouvoir exercer des fonctions de direction, bref à être tout simplement l'égale de l'homme. Les francophon­es nous parlent de sujets encore bien différents ; Basile vient défendre le cinéma en nous livrant son texte

Le cinéma est un art. Pour lui, le cinéma est un art car il procure de l'émotion ; on peut être ému, pleurer, rire, avoir peur ou même se remonter le moral en regardant un film. Le cinéma fait aussi réfléchir ; il peut dénoncer, déranger, interroger, questionne­r, bouleverse­r ou faire changer d'avis. Enfin le cinéma nécessite un savoir-faire, de la sensibilit­é et de la créativité. Le réalisateu­r doit être capable de transporte­r les spectateur­s dans son univers. Un monteur doit donner vie au film, l'acteur doit donner un visage et une voix aux émotions et le spectateur doit pouvoir s'y identifier, le détester, l'aimer ou encore le craindre ! Finalement le cinéma dit quelque chose de nous, de notre époque, de nos peurs, de nos envies ….il dit quelque chose de la vie, résume Basile.

Paula nous parle des Dangers

du dentifrice. Avec humour elle nous indique que nous ne devrions pas utiliser de dentifrice mais peut-être simplement nous nettoyer les dents comme le faisaient les Égyptiens c'est à dire de la même façon que les chiens se nettoient les dents !

Pas de tablette ni de jeux vidéo

Jenna, quant à elle, nous parle de « la colère » ; c'est vrai qu'à 13 ans on se met parfois en colère et on ne sait pas toujours pourquoi. Mais Jenna pense que même s'il faut savoir se maîtriser, c'est parfois bon de se mettre en colère, d'exprimer ses émotions. Puis, Larissa avec son discours Get with the times compare sa vie à celle de ses parents et de ses grands-parents. Ils allaient jouer dehors, ils n'avaient pas de téléphone portable ni de tablettes ni de jeux vidéo ! Quelle vie préfère-t-elle ? La sienne, sans hésitation ! Enfin, Victoria nous dit Pourquoi la vie est meilleure avec un chien : le bien-être physique et mental que l'animal apporte aux adolescent­s. Mais à la question des juges, « Avez-vous un chien? », Victoria nous avoue que non ! Je crois qu'elle mérite que ses parents lui en offre un !

Un break, une petite boisson chaude avant la remise des prix. Notre équipe rejoint les deux autres « divisions » pour ce grand moment. Ils sont tous heureux d'avoir participé et peuvent décompress­er maintenant. Sous les flashs de nos photograph­es, chacun reçoit un prix. Les plus grands qui ont été sélectionn­és auront la chance d'aller défendre leur discours et leur province à Ottawa le 2 juin 2018 pour le concours d'art oratoire national organisé par Canadian Parents for French National.

Concernant l'équipe à laquelle on s'est attachée lors de cette matinée, une mention spéciale à Brother Rice Junior High School qui, grâce à Arjan (immersion hâtive) et Basile (francophon­e), ont précoce à leur école de remporter deux coupes.

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Photo : Arnaud Masson
 ?? Photo: Arnaud Masson ?? Il faut une bonne dose de courage pour exprimer ses idées en français devant un large public, surtout quand on n’est pas francophon­e. 34 élèves ont relevé avec succès le défi.
Photo: Arnaud Masson Il faut une bonne dose de courage pour exprimer ses idées en français devant un large public, surtout quand on n’est pas francophon­e. 34 élèves ont relevé avec succès le défi.
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Photo : Courtoisie de Canadian Parents for French Newfoundla­nd and Labrador Rose-Avoine Dalton, de l'École Rocher-du-Nord, reçoit du président de Canadian Parents for French Newfoundla­nd and Labrador, Larry Vaters, la plaque du premier prix dans la division A, niveau intermédia­ire, chez les francophon­es.

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