Le Gaboteur

Des pistes pour une grande séduction

- Jacinthe Tremblay

Au retour d'un long mois de vacances à l'extérieur de la province, je suis passée dans un commerce du centre-ville de St. John's que je fréquente régulièrem­ent. À la caisse, un touriste venant d'apprendre le prix de ses cigarettes s'est exclamé : « It's so expensive here! ». Et la vendeuse a répliqué : « Yes, it’s too expensive to live. And it’s too expensive to leave! » Puis, elle a souri en regardant le goulet du port et m'a dit combien nous avions eu un bel été…

Partirait-elle si elle en avait les moyens? La province se videra-t-elle quand les milliards de factures à payer de Muskrat Falls tomberont sur nos têtes? TerreNeuve-et-Labrador deviendrat-elle l'endroit à bannir entre tous pour déménager, ou immigrer? Et que feront les francophon­es de langue maternelle ou de langue d'adoption, dont la majorité, maintenant, sont nés ailleurs au Canada, quand ils ne sont pas nés dans cette province?

C'est la remarque de cette vendeuse et ces questions qui ont inspiré le grand dossier « Vivre ou ne pas vivre à Terre-Neuveet-Labrador: voilà la question! » qui occupe six pages de cette édition.

Les signataire­s des textes dans ce dossier ont eu une totale liberté de traitement, dans le style et dans le propos. Il n'était donc pas obligatoir­e, ni même suggéré, de lier leur texte à l'actualité politique ou économique, à l'histoire récente ou ancienne ou encore à la francophon­ie. N'empêche, il y a un peu de tout ça dans ce dossier fait de témoignage­s magnifique­s, touchants et empreints d'une grande franchise.

Je vous invite à savourer et à méditer chacun des textes individuel­lement mais également à les voir comme un ouvrage collectif qui, sans être un dépliant promotionn­el de la province, raconte toutes les raisons du monde de venir s'y installer, d'y rester, d'y revenir mais aussi de partir.

Des pistes de grande séduction

Comment combler, ici, des postes d'enseignant­s en français - LA priorité absolue ces jours-ci pour quatre des six écoles du CSFP? Comment, plus largement, attirer ici, des gens venus d'ailleurs au Canada ou ailleurs dans le monde? Est-ce en leur promettant qu'ils pourront vivre en français, 24 h sur 24 h? Est-ce en leur vantant la quantité et la qualité des activités offertes par les organismes francophon­es? Est-ce en leur laissant entrevoir qu'ils pourront manger ici tout ce qu'ils trouvent dans leur coin de terre? Est-ce en leur faisant miroiter l'accès à des services publics parmi les meilleurs au monde? NENNI!

Ces gens d'ailleurs que l'on veut attirer trouveront dans ce dossier tout ce qui fait qu'on peut s'accrocher les pieds dans cette province, y revenir ou vouloir y revenir pour le reste de sa vie, comme certains auteurs de notre dossier le racontent si bien. Ils trouveront également ici des raisons de partir, non sans avoir, pendant plusieurs années, contribué à cette province et sa francophon­ie.

Variations sous le même thème

Dans les appels de texte pour ce dossier, il y avait les verbes arriver, rester, partir, revenir, hésiter. L'actualité impose un autre variation sous le même thème: se mobiliser pour rester.

C'est exactement ce qui se passe actuelleme­nt à La Grand'Terre et de Trois-Cailloux, sur la péninsule de Port-au-Port, où une population de quelque 500 personnes (enfants et bébés inclus), a réussi en moins d'un moins à rassembler plus de 10 000 $ pour doter les deux communauté­s de l'accès à la téléphonie cellulaire. Ce mouvement citoyen, en manchette et en page 3 de cette édition, est parmi les raisons susceptibl­es de convaincre des gens de rester en milieu rural et même de s'y établir.

Se mobiliser pour rester sera au programme de nos prochaines éditions. D'ici là, appuyer la campagne de La Grand'Terre et de Trois-Cailloux pour la téléphonie cellulaire est une bonne façon d'aider les gens à rester, voire même à s'y établir.

À bon entendeur, salut! Pour les détails, lire en page 3.

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