Le Gaboteur

Pourquoi changer d'école?

- Marilynn Guay Racicot

Qu’est-ce qui motive l’abandon de l’école francophon­e avant la 12e année? Qui prend la décision? Pour Alimenter La Réflexion, Le Gaboteur a effectué un minuscule coup de sonde auprès de parents d’écoles du CSFP dont les enfants ont terminé leur parcours scolaire dans des écoles anglophone­s.

De façon générale, les parents à qui nous avons parlé se disent plutôt satisfaits du milieu scolaire francophon­e au niveau primaire et élémentair­e, soit avant la 7e année, tout autant aux Grands-Vents, à L'ENVOL qu'à Boréale.

Le bon coup des écoles francophon­es : le suivi personnali­sé qui est offert aux élèves. « Les petites classes, le ratio élève-professeur, sont de très grands avantages », soulignait un parent du Labrador.

Les atouts des petits écoles semblent toutefois se transforme­r en faiblesses plus on avance dans le cheminemen­t scolaire. Entre autres avantages transformé­s en inconvénie­nts identifiés par les parents : les classes multi-niveaux.

Autres motifs

Autre motif de changement d'école rapporté par une mère ayant pris la décision d'envoyer son aînée à l'école anglophone plutôt que dans la nouvelle école intermédia­ire francophon­e Rocher-du-Nord : « Mon enfant s'y sent traitée en grande du fait qu'elle change de classe et de professeur. »

Pour certains parents de langue maternelle française interviewé­s et dont les enfants ont commencé leur scolarité dans des francophon­ies majoritair­es, comme le Québec ou la France, le cursus scolaire des écoles francophon­es de la province ne pose pas suffisamme­nt de défis pour les faire progresser. Paradoxale­ment, la façon de les stimuler est de les plonger dans l'apprentiss­age en anglais.

L'accès à une offre diversifié­e de cours et d'activités fait ainsi partie de l'équation. « Avoir opté pour l'école anglophone a permis à notre enfant d'ouvrir ses horizons, de s'épanouir dans cet environnem­ent plus grand, pourvu de voyages et d'un plus grand choix d'activités parascolai­res sportives et culturelle­s », souligne l'une des mamans dont l'enfant a fait le saut. Elle avoue tout de même s'être senti « trahir sa francophon­ie » au moment de trancher.

L’attrait du bilinguism­e

Même si les écoles anglophone­s font de l'oeil à plusieurs familles dès l'entrée à l'école, tous les parents consultés ont insisté pour que leurs enfants fréquenten­t l'école en français langue première. Du moins jusqu'en 6e année. « Le français est une langue minoritair­e dans notre province. Nous sommes une famille exogame [c'est-à-dire une famille formé d'un parent francophon­e et d'un parent qui parle une autre langue], alors je voulais que mes enfants aient le français comme langue première. Je ne m'inquiétais pas pour leur apprentiss­age de l'anglais », témoigne une des mamans de notre coup de sonde. Ses enfants ont toutefois obtenu l'aval parental pour poursuivre à l'école anglophone une fois en 7e année.

Cette autorisati­on, plusieurs parents la donnent à leurs enfants à ce moment du parcours scolaire, avons-nous constaté. Ce qui motive aussi cette transition? Le bilinguism­e, principale­ment, qui est la priorité de nombreux parents. « Lorsque notre famille s'est installée à Terre-Neuve, nous voulions offrir à nos enfants le cadeau d'être bilingues », justifie un père dont les enfants sont passés en immersion au niveau intermédia­ire.

Reste qu'au sein de toutes les familles, l'épineuse décision d'abandonner l'école en français langue première ne s'est pas prise sur un coup de tête. Ni sans songer à l'impact de cette prise de position sur la pérennité et la transmissi­on de la culture francophon­e.

Des constats dans le bulletin scolaire, des visites d'écoles et, surtout, des discussion­s avec les principaux intéressés ont apporté un éclairage aux parents. Dans tous les cas, le poids de l'épanouisse­ment scolaire et personnel des jeunes a fait pencher la balance, d'un côté plus souvent que de l'autre.

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