Pourquoi changer d'école?
Qu’est-ce qui motive l’abandon de l’école francophone avant la 12e année? Qui prend la décision? Pour Alimenter La Réflexion, Le Gaboteur a effectué un minuscule coup de sonde auprès de parents d’écoles du CSFP dont les enfants ont terminé leur parcours scolaire dans des écoles anglophones.
De façon générale, les parents à qui nous avons parlé se disent plutôt satisfaits du milieu scolaire francophone au niveau primaire et élémentaire, soit avant la 7e année, tout autant aux Grands-Vents, à L'ENVOL qu'à Boréale.
Le bon coup des écoles francophones : le suivi personnalisé qui est offert aux élèves. « Les petites classes, le ratio élève-professeur, sont de très grands avantages », soulignait un parent du Labrador.
Les atouts des petits écoles semblent toutefois se transformer en faiblesses plus on avance dans le cheminement scolaire. Entre autres avantages transformés en inconvénients identifiés par les parents : les classes multi-niveaux.
Autres motifs
Autre motif de changement d'école rapporté par une mère ayant pris la décision d'envoyer son aînée à l'école anglophone plutôt que dans la nouvelle école intermédiaire francophone Rocher-du-Nord : « Mon enfant s'y sent traitée en grande du fait qu'elle change de classe et de professeur. »
Pour certains parents de langue maternelle française interviewés et dont les enfants ont commencé leur scolarité dans des francophonies majoritaires, comme le Québec ou la France, le cursus scolaire des écoles francophones de la province ne pose pas suffisamment de défis pour les faire progresser. Paradoxalement, la façon de les stimuler est de les plonger dans l'apprentissage en anglais.
L'accès à une offre diversifiée de cours et d'activités fait ainsi partie de l'équation. « Avoir opté pour l'école anglophone a permis à notre enfant d'ouvrir ses horizons, de s'épanouir dans cet environnement plus grand, pourvu de voyages et d'un plus grand choix d'activités parascolaires sportives et culturelles », souligne l'une des mamans dont l'enfant a fait le saut. Elle avoue tout de même s'être senti « trahir sa francophonie » au moment de trancher.
L’attrait du bilinguisme
Même si les écoles anglophones font de l'oeil à plusieurs familles dès l'entrée à l'école, tous les parents consultés ont insisté pour que leurs enfants fréquentent l'école en français langue première. Du moins jusqu'en 6e année. « Le français est une langue minoritaire dans notre province. Nous sommes une famille exogame [c'est-à-dire une famille formé d'un parent francophone et d'un parent qui parle une autre langue], alors je voulais que mes enfants aient le français comme langue première. Je ne m'inquiétais pas pour leur apprentissage de l'anglais », témoigne une des mamans de notre coup de sonde. Ses enfants ont toutefois obtenu l'aval parental pour poursuivre à l'école anglophone une fois en 7e année.
Cette autorisation, plusieurs parents la donnent à leurs enfants à ce moment du parcours scolaire, avons-nous constaté. Ce qui motive aussi cette transition? Le bilinguisme, principalement, qui est la priorité de nombreux parents. « Lorsque notre famille s'est installée à Terre-Neuve, nous voulions offrir à nos enfants le cadeau d'être bilingues », justifie un père dont les enfants sont passés en immersion au niveau intermédiaire.
Reste qu'au sein de toutes les familles, l'épineuse décision d'abandonner l'école en français langue première ne s'est pas prise sur un coup de tête. Ni sans songer à l'impact de cette prise de position sur la pérennité et la transmission de la culture francophone.
Des constats dans le bulletin scolaire, des visites d'écoles et, surtout, des discussions avec les principaux intéressés ont apporté un éclairage aux parents. Dans tous les cas, le poids de l'épanouissement scolaire et personnel des jeunes a fait pencher la balance, d'un côté plus souvent que de l'autre.