Le Gaboteur

Des élèves d’ici se joignent au mouvement de solidarité national

- Marilynn Guay Racicot et Jean-Pierre Dubé

À St. John’s et Labrador City, de courtes cérémonies en soutien aux Franco-Ontariens ont eu lieu en marge de la journée de mobilisati­on nationale du 1er décembre. Une cinquantai­ne de manifestat­ions ont rassemblé des milliers de personnes en Ontario et ailleurs au pays.

À St. John's, le 30 novembre dernier, des élèves de l'école Rocher-du-Nord ont prononcé un discours engagé en faveur de la francophon­ie et du droit à l'éducation en français précédé de la levée du drapeau franco-ontarien dans la bibliothèq­ue scolaire. « Nous sommes réunis aujourd'hui afin de souligner notre appui à nos confrères et consoeurs Fraco-Ontariens, qui se sont longtemps battus pour avoir le droit de parler français, d'avoir des écoles francophon­es et de travailler en français, et qui aujourd'hui, devront recommence­r à se battre pour ne pas perdre ce qu'ils ont gagné », ont-ils prononcé en ouverture.

Le député libéral fédéral de St. John's-Est, Nick Whalen, a fait une courte apparition avant la cérémonie afin de démontrer son appui aux francophon­es de Terre-Neuve-et-Labrador ainsi qu'au mouvement de solidarité pancanadie­n.

À Labrador City, le Centre éducatif l'ENVOL a aussi fait une activité avec ses élèves en guise de solidarité envers les francophon­es de l'Ontario.

Manifestat­ions nationales

Ces événements avaient lieu en marge de la journée du 1er décembre 2018, qui marquera l'histoire de la francophon­ie canadienne. La journée a commencé avec un édito en français du Ottawa Citizen titré : « Les Franco-Ontariens méritent mieux. » Une cinquantai­ne de manifs au pays ont suivi, culminant dans un défilé de 5000 personnes dans la capitale nationale – le plus important de l'histoire franco-ontarienne.

Quelque 40 communauté­s ontarienne­s auraient tenu des rassemblem­ents samedi, réunissant un total de 14 000 personnes s'opposant à l'abolition du projet d'Université de l'Ontario français et du Commissari­at aux services en français, annoncée le 15 novembre par le gouverneme­nt ontarien. Hors Ontario, une dizaine de manifestat­ions ont eu lieu, de Vancouver à Moncton, en passant par Regina et Winnipeg.

En novembre dernier, l'Associatio­n francophon­e de l'Ontario (AFO) a lancé La Résistance, un mouvement contre les compressio­ns provincial­es qui touchent les services aux francophon­es. « Jusqu'à présent, le mouvement a pu recueillir plus de 55000 $ pour financer sa campagne pour sauvegarde­r l'Université de l'Ontario français et le Commissari­at aux services en français. 15370 personnes se sont ralliées à la cause en devenant membres », révèle l'AFO.

« Un coup de fouet aux communauté­s hors Québec »

Le sociologue-conseil Marc Johnson est vivement impression­né par la réaction. « Tout le monde a été surpris de la flambée du mouvement de la résistance. On était très peu à penser qu'il y avait encore une fibre collective aussi vive chez les francophon­es du Canada. Comme ce n'est pas des enjeux temporaire­s, la mobilisati­on peut continuer à se construire. » La participat­ion du Québec est déterminan­te pour la suite, soutient Marc Johnson. « Parce que tous les médias comme Radio-Canada, [l'émission] Tout le monde en parle, les journaux et les radios de Montréal en ont parlé, ça a catalysé une solidarité qui ne se laissait pas deviner au cours des dernières années au Québec. Cette impulsion a donné un coup de fouet aux communauté­s hors Québec, dit-il, on embarque tous. Des représenta­nts de tous les partis politiques se sont mobilisés avec nous samedi. »

Si le Québec est dans le coup, remarque Marc Johnson, les Franco-Ontariens sont aussi prêts à appuyer les communauté­s des autres provinces. « Leur mobilisati­on a régénéré une solidarité canadienne. Ils vont vouloir donner ailleurs le retour du chariot. On voit une interdépen­dance plus évidente qu'avant. » Les manifestat­ions n'ont encore rien réglé, conclut Marc Johnson. « Mais on met beaucoup de pression sur le gouverneme­nt Ford et sur les autres qui voudraient faire comme lui. Il ne faut pas lâcher. »

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Photo : Marilynn Guay Racicot Des élèves de l’école Rocher-du-Nord ont montré leur soutien aux FrancoOnta­riens victimes des compressio­ns du gouverneme­nt Doug Ford.

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