Galway : loin de l’unanimité
L'annonce du choix de Galway Living comme site pour ériger une deuxième école francophone pour la région de la capitale a somme toute suscité très peu de réactions enthousiastes chez les premiers concernés, soit les parents ayants droit de très jeunes enfants et ceux des élèves du primaire et de l'élémentaire qui fréquentent déjà les Grands-Vents et qui seront logiquement les premiers à voir leur progéniture inaugurer et, nous l'espérons, terminer leurs études secondaires dans cette future école.
Absence de réjouissance
Il y a bien eu quelques pouces levés de « J'aime » sur la page Facebook du Gaboteur lorsque nous avons publié la nouvelle, mais aucun commentaire n'est venu saluer avec ardeur ce choix. Nous n'avons observé aucune réjouissance dans les autres pages Facebook qui ont partagé l'information.
Faut-il s'en inquiéter? Pas nécessairement, si on croit le proverbe « qui ne dit mot consent ».
Mais il faut certainement s'en inquiéter si on croit qu'il faudra une énorme adhésion à ce projet pour qu'il se concrétise selon les projections du CSFP au chapitre du nombre d'élèves – plus de 500. Pour qu'une telle projection devienne réalité, il faudrait en effet multiplier par cinq le nombre d'inscriptions d'élèves qui habitent dans sa zone sud-ouest telle que définie par le CSFP et qui fréquentent actuellement les Grands-Vents et Rocher-du-Nord (voir notre article en page 3).
Il faut aussi s'en inquiéter parce que la pression des francophones sera certainement nécessaire pour que ce projet de nouvelle école franchisse avec succès toutes les étapes qui mèneront à l'achat d'un terrain et du financement de la construction d'une école neuve à Galway par le gouvernement de TerreNeuve-et-Labrador et le financement, par le gouvernement du Canada, d'espaces communautaires également prévus dans le projet du CSFP.
Une école neuve de 500 places avec des locaux communautaires, c'est au moins 20 millions de dollars, plus vraisemblablement 30 millions. Il y a fort à parier qu'un tel investissement ne passera pas comme une lettre à la poste chez les décideurs publics et les payeurs de taxes, malgré l'invocation des obligations constitutionnelles enchâssées dans l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés d'assurer aux minorités linguistiques francophones au Canada et anglophones au Québec des établissements équivalents à ceux de la majorité.
Réactions chez les anglophones
Dans un tel contexte, il y a de bonnes raisons de s'inquiéter ne serait-ce qu'à la consultation des nombreux commentaires qui ont suivi l'annonce du choix de Galway sur le site de CBC NL et de sa page Facebook. En résumé : de très nombreux payeurs de taxes d'ici sont fâchés. Plusieurs sont en colère contre Danny Williams – et par conséquent contre le choix de sa ville pour une nouvelle école. D'autres plaident l'urgence et la priorité de construire des écoles anglophones dans des secteurs où ça déborde comme Mount Pearl ou dans des régions rurales où les enfants doivent faire des trajets d'autobus interminables. Certains se demandent pourquoi l'utilisation de Holy Cross (établissement actuel de l'école Rocher-du-Nord) n'est pas une option, etc.
Mais il y a quand même des anglophones d'ici qui se réjouissent de la construction d'une école francophone où ils pourront inscrire leurs enfants privés de programmes d'immersion qui ont subi des coupures. En gros les commentaires de réjouissance viennent de parents qui voient dans cette nouvelle école une super solution à l'apprentissage du français en immersion.
Cet afflux de commentaires en provenance de la majorité anglophone sur les réseaux sociaux ne doit surtout pas être ignorée ni leur contenu rejeté du revers de la main. Car il n'est pas impossible que, malgré leur silence, des francophones se posent exactement les mêmes questions.
Et si on se donnait comme résolution pour 2019 d'ouvrir un réel dialogue sur l'avenir de l'enseignement en français dans la région de la capitale?