Le Gaboteur

Retour sur les prévisions du Conseil scolaire francophon­e provincial

- Jacinthe Tremblay

Le Conseil scolaire francophon­e provincial (CSFP) réclame au ministère de l’Éducation de Terre-Neuve-et-Labrador la constructi­on d’une deuxième école de plus de 500 élèves dans la région de St. John’s. Précisions sur la méthodolog­ie menant à cette demande.

Dans la foire aux questions diffusée sur son site Internet en décembre dernier lors de l'annonce du choix du site de Galway pour accueillir cette école, le CSFP indiquait que le recensemen­t de 2016 justifiait la constructi­on d'une école de plus de 500 élèves.

Ce document nous apprenait que le nombre d'enfants de la maternelle à la 8e année éligibles pour fréquenter la future école souhaitée à Galway par le CSFP excédait à lui seul les 500 élèves. Par ailleurs, le nombre d'élèves potentiels de ces niveaux dépassait les 440 dans le territoire de fréquentat­ion de l'école des Grands-Vents. Le CSFP estimait enfin à plus de 200 le nombre d'élèves éligibles à fréquenter une école francophon­e des niveaux 9 à 12 dans l'ensemble de la région de la capitale.

L'addition de toutes ces projection­s portait à plus de 1140 le nombre d'élèves éligibles à fréquenter une école de français langue première dans la région de St. John's. Comment le CSFP en est-il arrivé à ces projection­s? C'est par une analyse sur-mesure et un recoupemen­t des données du recensemen­t 2016 de Statistiqu­e Canada dont le CSFP a partagé la synthèse avec Le Gaboteur.

À la recherche des ayants droits

Pour déterminer le nombre d'enfants qui peuvent fréquenter une école du CSFP, il faut d'abord s'intéresser aux parents. C'est qu'en vertu de l'article 23 de la Charte des droits et libertés, trois catégories de parents seulement ont le droit d'inscrire leurs enfants dans une école francophon­e lorsque le français est la langue minoritair­e de leur province ou territoire.

Il s'agit des parents citoyens canadiens dont la langue maternelle est le français; des parents, toujours citoyens canadiens, qui ont fréquenté une école francophon­e, même si le français n'est pas leur langue maternelle; et, enfin, des parents dont un enfant fréquente ou a fréquenté une école de français langue première.

Les prévisions de clientèle des écoles francophon­es seraient relativeme­nt simples à faire si le recensemen­t de Statistiqu­e Canada permettait d'identifier ces parents – les ayants droit –, et le nombre de leurs enfants. Or, ce n'est pas le cas pour deux de ces trois catégories d'ayants droit.

L'élaboratio­n des projection­s du CSFP repose donc sur le recoupemen­t de plusieurs données sur la langue issues du recensemen­t de 2016.

La méthodolog­ie en exemple

Commençons par la première catégorie, celle des enfants qui ont au moins un parent dont la langue maternelle est le français. Le recensemen­t permet de les identifier. En 2016, selon Statistiqu­e Canada, il y en avait 156 de 0 à 4 ans, 264 de 5 à 13 ans et 83 de 14 à 17 ans dans la région de St. John's. La suite des projection­s relève de réponses à d'autres questions du recensemen­t. L'une d'entre elle est la langue parlée par les enfants à la maison. L'hypothèse du CSFP est qu'il y a de très fortes chances que les parents des enfants qui parlent uniquement le français ou le français et une autre langue au moins régulièrem­ent à la maison soient aussi des ayants droit.

Il y avait 45 enfants de 0 à 4 ans de cette catégorie dans la région de St. John's en 2016, 710 de 5 à 13 ans et 140 de 14 à 17 ans.

Le troisième bassin de clientèle potentiell­e identifié par le CSFP est celui des enfants qui avaient une connaissan­ce du français ou du français et de l'anglais au recensemen­t de 2016. Ce groupe compte 50 enfants de 0 à 4 ans;

2550 de 5 à 13 ans et 2205 de

14 à 17 ans. Combien de ces enfants ont acquis leur connaissan­ce du français par des programmes d'immersion? Combien ont des parents ayants droit? Impossible de le savoir à partir des données de Statistiqu­e Canada. « En utilisant cette méthodolog­ie, le nombre minimum d'enfants vivant dans la région de St. John's ayant au moins un parent ayant droit en vertu de l'article 23 de la Charte était entre 974 et 3234 pour les niveaux de maternelle à la huitième année et d'entre 238 et 2288 pour le secondaire », résume l'étude de projection du CSFP.

Deux zones

Pour déterminer le potentiel de clientèle de la nouvelle école maternelle-12 et de l'école des Grands-Vents, le CSFP a divisé le territoire de la région de St. John's en deux zones dont les limites sont grosso modo déterminée­s par l'avenue Thorburn, puis Freshwater et Barter's Hill, en parlant du nord vers le sud de la ville de St. John's.

Selon cette nouvelle répartitio­n, le potentiel de la nouvelle école à Galway serait donc de plus de 500 élèves et celui des Grands-Vents serait de plus de 400 élèves.

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