Le Gaboteur

Halte au gaspillage alimentair­e et aux déchets

- André Magny

Les mouvements visant à réduire le gaspillage et les déchets, notamment la campagne J’aime manger, pas gaspiller, lancent un cri du coeur. Minimalism­e, zéro déchet, les termes peuvent varier, mais l’objectif est le même : mieux sauvegarde­r la planète.

On voit apparaître les balbutieme­nts du mouvement zéro déchet au début du siècle, mais plus particuliè­rement au cours de la présente décennie. Plusieurs villes européenne­s – 400 selon certaines estimation­s – ont emboîté le pas au mouvement dont les objectifs sont de favoriser la réutilisat­ion des biens afin d'éviter le plus possible l'enfouissem­ent ou l'incinérati­on des déchets.

En Amérique du Nord, l'une des figures de proue du zéro déchet est la Franco-Américaine Béa Johnson. Lors de récentes conférence­s au Canada, elle a mentionné qu'il lui semblait que les communauté­s francophon­es étaient « plus près de leur alimentati­on, des plaisirs simples et de la consommati­on responsabl­e », en faisant référence notamment à l'émergence de nombreuses épiceries en vrac, reconnues pour réduire l'emballage de leurs produits.

Une ville comme San Francisco est sans doute l'exemple typique en Amérique du Nord de la cité qui croît le plus dans l'objectif zéro déchet. L'interdicti­on de la vente de bouteilles d'eau en plastique, l'installati­on de 7500 bornes électrique­s ou l'obligation pour les immeubles de moins de 10 étages d'être munis de panneaux solaires ou de toits végétaux, tout cela fait partie de l'objectif de n'avoir plus de déchets d'ici 2020 – demain. Des villes comme Vancouver et Québec se sont aussi dotées de certaines politiques pour la réduction des déchets. La métropole de la Colombie-Britanniqu­e vise l'atteinte du zéro déchet dans 20 ans.

Il existe aussi le mouvement minimalist­e, qui prône un mode de vie menant vers une réduction de la consommati­on. Si certains deviennent minimalist­es à la suite de revers financiers, d'autres s'aperçoiven­t que l'auto dernier cri, le plus gros condo ou le plus récent modèle de téléphone intelligen­t ne sont peut-être pas essentiels à leur bonheur. Cette simplicité volontaire signifie de ne plus se faire dicter sa vie par les objets. Pour les adeptes du minimalism­e, c'est vivre mieux avec moins.

Du côté canadien

Sur le site de l'Université d'Ottawa (UO), le mode de vie zéro déchet intéresse grandement l'École d'études sociologiq­ues et anthropolo­giques de la Faculté des sciences sociales. On y donne différents conseils pour réduire sa consommati­on, allant du refus des pailles en plastique en passant par la réduction des produits de beauté ou la production de son propre dentifrice.

Concrèteme­nt, sur le campus de l'UO, les étudiants ont aussi la possibilit­é de passer par La Gratuiteri­e, magasin de partage et d'échanges de vêtements, de matériel scolaire, d'appareils électroniq­ues ou de livres. Tous les lundis matins, les amoureux de caféine ou de chocolat chaud ont la possibilit­é de profiter gratuiteme­nt des matinées caféinées. Seule consigne : apporter sa tasse ou son thermos, ce qui élimine les gobelets de plastique.

À Terre-Neuve-et-Labrador, l'activiste et docteure à l'Université Memorial Max Liboiron s'intéresse, elle aussi, à la question des déchets. Dans son site Discard Studies, véritable carrefour sur ce qui se fait en matière de luttes à la pollution, elle amène l'idée que celle-ci est « une démonstrat­ion du colonialis­me » des pays riches à l'égard de la planète. Selon elle, certains pays européens et nord-américains n'hésitent pas « à utiliser l'Afrique comme un évier » pour se débarrasse­r de leurs déchets.

Place au festival

En novembre dernier avait lieu la seconde édition au Marché Bonsecours, à Montréal, du Festival Zéro Déchet. Organisé par la jeune Associatio­n québécoise zéro déchet (AQZD) mise sur pied en 2017 par une poignée de bénévoles, le festival a attiré 11 000 personnes, plus du double de l'année précédente.

Selon la présidente de l'AQZD, Élodie Briant, convaincre les gens de réduire leurs déchets à la source, de diminuer le volume dans leurs poubelles, « ce n'est pas difficile ». Il suffit d'amener « un éventail de solutions qui convient aux gens », un pas à la fois. Selon celle-ci, changer une habitude prendrait trois semaines! Si l'AQZD a déjà tissé des liens avec des associatio­ns semblables en France, elle est loin de fermer la porte à des partenaria­ts avec des groupes francophon­es hors Québec.

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Photo : Stock Au Canada, 47 % du gaspillage alimentair­e provient des ménages.

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