MOT DE LA RÉDACTION
RENCONTRE INOPINÉE AVEC UN PHOQUE
Le 27 mars, c'est en route pour la côte ouest de l'île que je prends connaissance des résultats des élections provinciales. Ma radio coupe, grésille, mais je réussis à apprendre finalement que le Parti libéral est majoritaire, je comprends à la voix émue d'Alison Coffin que cette dernière a perdu de peu dans sa circonscription, et le message préenregistré de Ches Crobie m'indique que le candidat conservateur ne conserve pas son siège à l'Assemblée.
«Chaotique, interminable, rocambolesque, catastrophique»: les adjectifs ne manquent pas pour décrire cette élection dont on aura beaucoup parlé. Si je devais ne retenir qu'un chiffre, ce serait le taux de participation, estimé à 48%, le plus faible de toute l'histoire de la province.
S'il ne fallait retenir qu'une image, ce serait celle des nombreuses pancartes électorales, qui, après presque 70 jours de campagne, se sont retrouvées enfouies sous des tas de neige, emportées par le vent, ou échouées dans des rivières. Une image à l'image de la province, toujours ensevelie sous les dettes, toujours en attente d'un plan de sauvetage.
Le 27 mars, presque arrivée à destination, je dois terminer le trajet avec mon kayak sur le fjord de Bonne Bay - l'unique route pour accéder à Woody Point est fermée à cause d'un bâtiment qui a pris feu. Une fois sur l'eau, un phoque, étonné, sort sa tête pour me saluer. Il ne se doute pas qu'il est - encore aujourd'hui - une bête politisée dans la province, ni qu'un dossier lui est entièrement consacré dans cette édition.