CHIFFRER ET MODÉLISER LES POPULATIONS
C'est au moment de la mise bas que les scientifiques peuvent commencer leur comptage des jeunes phoques, principalement par dénombrement aérien. En survolant les trois aires de concentration de mise bas, ils peuvent estimer le nombre de petits présents sur la banquise. «La surface que nous devons survoler est plus grande que les territoires de l'Angleterre, de l'Écosse et du Pays de Galles réunis,» nous glisse Garry Stenson avec un sourire.
Ces estimations de blanchons sont intégrées aux estimations des taux de reproduction et aux renseignements sur les captures afin de construire un modèle pour évaluer la taille de la population. Le modèle, constamment amélioré, permet de suivre les tendances de l'espèce. D'après le chercheur, outre les quotas, qui ont permis d'éviter le pire aux populations de phoques au 20e siècle, d'autres facteurs ont des impacts sur leur évolution, dont le taux de reproduction des femelles et l'état de la glace, variables qui sont affectées par les changements climatiques.
Cependant, malgré les changements climatiques, la population augmente aujourd'hui de manière stable. La chasse est en déclin général depuis plusieurs années. Bien que le quota actuel soit de 400 000 phoques, seulement environ 60 000 phoques du Groenland sont chassés. Dans la province, seulement 32 000 phoques de cette espèce ont été débarqués en 2019, une diminution de 46 % par rapport à 2018. La demande pour ce produit a fortement diminué, notamment avec la décision de l'Union Européenne d'interdire la vente des produits dérivés du phoque en 2009. Cette population abondante inquiète notamment les pêcheurs, concernés par la pression exercée par les phoques du Groenland sur les stocks de poissons, notamment le capelan et la morue arctique, dont se nourrit en partie cette espèce.
*L'entretien avec Garry Stenson a été réalisé par le Gaboteur en mars 2020. Les données et informations ont été mises à jour pour ce dossier.