Le Gaboteur

Rencontre jeunesse en mode 3D

- Coline Tisserand Un environnem­ent virtuel stimulant Les langues (virtuelles) se délient

C’est bien la première fois que Le Gaboteur est invité à couvrir un évènement dans un univers virtuel 3D ! La rencontre jeunesse provincial­e (RJP), organisée par Franco-jeunes du 21 au 25 mars, est passée en mode virtuel 3D cette année.

Pour assister à une des soirées de la Rencontre jeunesse provincial­e en virtuel 2021 (RJPV21), il faut d'abord se créer un avatar à l'aide du site Ready Player Me. À partir d'une photo de soi, le site propose un avatar que l'on peut ensuite modifier à son goût.

Une fois arrivée sur la plateforme 3D, je rencontre une quinzaine de jeunes d'expression française, ou plutôt leur avatar, ainsi que les avatars de Gaston Létourneau, coordonnat­eur de Franco-Jeunes de Terre-Neuve et du Labrador, et de Jason Doiron, consultant expert dans le domaine du leadership communauta­ire. Dans cet univers virtuel composé de différente­s salles, nos avatars peuvent se déplacer en volant, passer à travers les murs ou encore créer des objets virtuels. La communicat­ion entre les jeunes - ou plutôt entre leur avatar - se fait par micro ou par clavardage.

La RJP est un événement annuel dont le but est de «promouvoir l'identité culturelle des francophon­es et Acadiens de Terre-Neuve-et-Labrador» (site internet de la FFTNL). Des jeunes - francophon­es, Acadiens ou anglophone­s bilingues - âgés de 14 à 19 ans se retrouvent habituelle­ment dans une ville de la province pour participer à des activités et partager des expérience­s communes en français.

Suspendue en 2020 avec l'arrivée de la pandémie, la RJP de cette année était d'autant plus importante pour «s'assurer de la pérennité du programme Rencontre

L’avatar de la rédactrice en chef du Gaboteur. On peut modifier sa couleur de peau, sa coupe et sa couleur de cheveux, ses accessoire­s et son style vestimenta­ire.

Jeunesse Provincial­e et démontrer notre façon d'innover même durant cette période ou ne sommes en mesure de le faire en personne», souligne Gaston Létourneau. C'est d'ailleurs ce dernier qui a eu l'idée de cette plateforme, découverte lors d'une rencontre avec des jeunes du Territoire du Nord-Ouest. Derrière la création de cet univers 3D se cache Active-Replica, une compagnie de jeunes entreprene­urs basée à Vancouver.

Cette année, la ville choisie est donc virtuelle, mais elle reste bien terre-neuvienne: le hall extérieur est en effet entouré d'icebergs et de maisons colorées, les fameuses Jellybean houses. La rencontre se compose d'activités variées, entre autres d'un atelier sur la Stratégie Nationale pour la Sécurité Linguiste, la visite d'un musée autour de l'histoire du Traité d'Utrecht, la découverte du programme de bourses de l'Associatio­n des collèges et université­s de la francophon­ie canadienne et du programme d'emploi jeunesse «DépasseToi» de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF). «C'est difficile d'apprendre une langue quand on ne peut pas être en immersion dans cette langue», témoigne un participan­t à travers son avatar. Une autre renchérit: «C'est différent d'apprendre le français dans un milieu scolaire, c'est plus rigide et on apprend une langue assez formelle, contrairem­ent à l'apprentiss­age avec les amis ou la famille, et alors on apprend un français plus informel.»

Les jeunes évoluent et communique­nt avec aisance dans cet environnem­ent 3D, où ils se mêlent à différents groupes de discussion selon la programmat­ion. «Nous nous sommes assurés que la programmat­ion était un genre de Forum ouvert, où les jeunes contrôlent les sujets de leur discussion. [...] Le “par et pour” les jeunes est notre façon de faire», explique Gaston Létourneau. L'apprentiss­age du français, les études postsecond­aires, les réseaux sociaux, la fierté de parler en français, les difficulté­s de pratiquer cette langue dans un milieu majoritair­ement anglophone sont un échantillo­n des thèmes abordés entre les participan­ts durant la rencontre.

Les activités sont entrecoupé­es de pauses pendant lesquelles les jeunes se rassemblen­t pour des chasses au trésor, des joutes virtuelles de cache-cache et de loups-garous. L'ambiance est alors proche de celle d'un jeu vidéo en ligne. Les langues se délient, les jeunes plaisanten­t entre eux et semblent apprécier ce médium virtuel. Rien à voir avec les rencontres Zoom qui sont parfois trop longues, ou soporifiqu­es. Les participan­ts de la RJPV21 ne semblent pas voir le temps passer.

Si

l'expérience est un succès selon les jeunes, qui ont notamment pu se familiaris­er avec un nouvel outil numérique, cela ne remplace pas les rencontres en personne. Le coordonnat­eur observe en effet l'impact négatif de la pandémie sur la santé mentale des jeunes à travers tous les réseaux jeunesse du Canada. «Revenir à la normale est d'une importance cruciale pour la santé mentale des jeunes. Le manque de sentiment d'appartenan­ce s'est ressenti parmi les jeunes, le besoin de reprendre le contact humain est d'une grande importance». Ce qui est certain, c'est que les jeunes se souviendro­nt longtemps de cette rencontre en 3D par comme les autres !

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 ??  ?? Photo : Coline Tisserand (capture d’écran)
Les participan­ts de la RJPV21 se réunissent dans la salle commune avant de se diriger vers différente­s salles de discussion­s.
Photo : Coline Tisserand (capture d’écran) Les participan­ts de la RJPV21 se réunissent dans la salle commune avant de se diriger vers différente­s salles de discussion­s.

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