Une soirée compositrice prévue à St. John's
Depuis que la musique existe, il y a des compositrices. Pourtant, le rôle des femmes en musique est rarement abordé. Le répertoire habituel des orchestres comprend toujours les symphonies de maîtres tels que Beethoven, Mozart et Brahms. Mais qu'en est-il
Louise Farrenc, compositrice et pianiste française du 18e siècle, a dû suivre des cours clandestins avec Anton Reicha, l'un des plus grands compositeurs de l'époque, car les femmes n'étaient toujours pas autorisées à étudier au conservatoire avec les hommes.
Toujours peu connues aujourd'hui, ses oeuvres font partie du répertoire du spectacle Les Femmes, ainsi que les oeuvres de Fanny Mendelssohn et Clara Schumann.
Cheffe d'orchestre montréalaise, Mélanie Léonard, note que le répertoire régulier des orchestres inclut rarement des femmes et que les mêmes opportunités n'ont pas été accordées aux compositrices, malgré leur immense talent.
Cependant, selon elle, le regard actuel sur la situation est différent.
«Les choses ont énormément évolué, et non seulement en musique,» explique-t-elle. «On peut voir l'évolution des mentalités dans toutes les sphères. En direction d'orchestre, il y a de plus en plus de femmes, ce qui me réjouit. Je suis heureuse de faire partie de cette époque.»
L'écoute: une force des cheffes d'orchestre
Bien que sa baguette soit silencieuse, la conductrice accomplit beaucoup avec les musiciens avec qui elle travaille. Pour Mélanie Léonard, c'est aussi une question de leadership.
Selon la cheffe d'orchestre, on ne peut y arriver seul. «Il y a plusieurs manières d'approcher un passage, de définir les articulations, et la couleur des nuances, par exemple. Même si j'arrive
préparée avec une vision, j'écoute la proposition de l'orchestre.» La montréalaise réaffirme l'importance d'un esprit collaboratif, ce qui demande de l'écoute ainsi que de l'ouverture des personnes dans sa profession.
Une de ses forces en tant que cheffe d'orchestre vient du fait qu'elle rend les autres puissants.
«Quand on laisse une certaine liberté dans le compromis, ça respire mieux. Nous avons un réel désir d'avoir du plaisir en faisant de la musique ensemble. On ne peut pas insister le meilleur de quelqu'un, nous donnons le meilleur de nous-mêmes lorsque nous nous sentons soutenus et respectés.»
Le spectacle
Le spectacle Les Femmes aura lieu au Arts and Culture Centre à St. John's le 10 février et mettra en vedette non seulement Mélanie Léonard mais aussi la pianiste québécoise Isabelle David. Cette dernière honore la musique des femmes dans ses propres oeuvres, ayant ellemême sorti un album Wild Swans avec la violoniste Yolanda Bruno, qui comprend 11 autres compositrices exceptionnelles.
Les sélections musicales sont toutes des compositrices et comprennent: «Ouverture en do» de Fanny Mendelssohn; «Concerto pour piano op. 7 en la mineur» de Clara Schumann; et «Symphonie no. 3» de Louise Farrenc.
«Mettre les oeuvres des compositrices au programme, c'est une question de l'égalité,» affirme Mélanie, «on donne la place aux femmes.»