L’immigration francophone et l’avenir de l’identité québécoise et canadienne
Avec 16 300 nouveaux arrivants francophones s'installant en contexte minoritaire en 2022, soit 4,4%, le gouvernement fédéral a annoncé le 23 janvier que sa cible du nombre de nouveaux arrivants francophones dans les provinces hors Québec était officiellem
Lorsque Sean Fraser et Ginette Petitpas Taylor - respectivement ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté et ministre des Langues officielles ont souligné la dixième Semaine nationale de l'immigration francophone, ils ont exprimé une vérité sur l'immigration contemporaine au Canada: il n'a probablement jamais été aussi facile pour les francophones de s'établir ici.
Les preuves les plus frappantes à l'appui de cette affirmation sont sans doute les efforts déployés par les différents niveaux et branches du gouvernement pour encourager et faciliter l'immigration des francophones au Canada au cours de la dernière décennie.
Nouvelles politiques, nouvelles pratiques
La politique du Québec a longtemps été influencée par la position de la province en tant que seule province majoritairement francophone dans un Canada principalement anglophone, et le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) sous François Legault a vu une promotion continue de l'utilisation du français dans la province, posant souvent un défi aux parties prenantes telles que les migrants internationaux. En plus des nouvelles mesures proposées pour encourager les migrants francophones à rester de façon permanente au Québec, la province a également vu l'introduction du projet de loi 96, la loi linguistique controversée qui obligerait, entre autres, de nombreux nouveaux arrivants à recevoir la plupart de leurs services gouvernementaux exclusivement en français pendant les six mois après leur arrivée.
Mais le gouvernement du Québec n'est pas le seul à avoir élargi le rôle de la langue française dans le domaine de la migration. Récemment, le gouvernement fédéral a lancé l'initiative «Communautés francophones accueillantes», un programme qui incite les francophones à immigrer à l'extérieur de la belle province, dans des villes aussi éloignées que Calgary et Labrador City-Wabush, ce qui augmenterait certainement le nombre de francophones dans le reste du Canada. Il y a également des groupes d'intérêt au niveau provincial et territorial en dehors du Québec qui facilitent l'arrivée de nouveaux arrivants francophones, comme Horizon TNL de Terre-Neuveet-Labrador et le Réseau en immigration francophone du Centre-Sud-Ouest de l'Ontario.
L'ingénierie démographique par la langue
L'encouragement de l'établissement des francophones au Québec et au niveau fédéral est essentiellement une forme d'ingénierie démographique - c'est-à-dire des politiques gouvernementales visant à influencer la taille et la composition d'une population - en particulier une forme d'addition démographique, où la migration d'un groupe spécifique vers une région donnée est activement encouragée.
Mais si l'objectif des politiques d'ingénierie démographique de la CAQ est d'augmenter le nombre d'immigrants francophones au Québec, leurs politiques ne produiront pas nécessairement le résultat souhaité. Le fait d'offrir des services gouvernementaux presque exclusivement en français aux immigrants pendant les six mois après leur arrivée entraînera très probablement une diminution de l'immigration non-francophone au Québec, mais ni le projet de loi 96 ni les autres nouvelles propositions de politiques au Québec ne garantissent une grande migration de francophones vers la province.