Le Parti vert du Canada en visite sur le rocher
Le 18 janvier, Jonathan Pedneault, chef adjoint du Parti vert du Canada, était de passage dans les locaux du Gaboteur pour parler de la francophonie de la province, de son seul média de langue française et de ses projets politiques. Retour sur la visite.
Originaire de Montréal, Jonathan Pedneault, chef adjoint du Parti vert fédéral était dans la province pendant la semaine pour se familiariser avec les réalités et besoins des Terre-Neuviens et des Labradoriens. Parmi ses arrêts, à l'Université Memorial, au College of the North Atlantic et à la CBC, le nouveau visage du Parti vert a fait escale au bureau du Gaboteur avant de retourner sur le continent.
Du journalisme à la cochefferie politique
Avec une formation en journalisme, le politicien a travaillé pendant longtemps à l'étranger sur les questions de droits de l'homme. De la couverture des crises humanitaires au Tchad en 2008 à son plus récent projet avec Human Rights Watch en Ukraine pendant les premiers jours du conflit en 2022, à son retour au Canada il s'est porté candidat à la direction du Parti vert du Canada.
Citant l'ouragan Fiona et la sécheresse en Colombie Britannique, le politicien explique pourquoi il a décidé de se lancer dans la politique fédérale: «On est dans une période extrêmement décisive et divisée à un moment où les changements climatiques nous imposeraient une union plus forte», dit-il. «C'est un phénomène global qui demande une réponse globale».
«Tous ces enjeux là aujourd'hui ont déjà un impact sur notre infrastructure, sur la sécurité des citoyens, sur la viabilité des communautés - particulièrement des communautés rurales.»
Pendant son séjour en Ukraine, il se demandait déjà ce que fait son pays d'origine pour se préparer à lutter contre le changement climatique. «Le Parti vert à ce moment-là cherchait un nouveau chef donc j'ai décidé de mettre mon chapeau dans la ring, comme on dit.»
Avec Jonathan Pedneault aux côtés d'Elizabeth May, le Parti vert propose un modèle de co-direction. Bien que ce modèle puisse différer des autres partis fédéraux, il n'est pas unique. Au Canada, le parti Québec Solidaire propose déjà ce modèle. À l'étranger, le Parti vert d'Aotearoa Nouvelle-Zélande et le Parti vert de l'Angleterre et du pays de Galles ont également deux chefs. «C'est un modèle qui peut très bien fonctionner ici», dit-il.
Terre-Neuve-et-Labrador sous la loupe
En comparant Terre-Neuve-et-Labrador au Québec, le montréalais a l'impression que de nombreux résidents de la province se sentent exclus de la Confédération et sous-représentés à Ottawa. «Terre-Neuve est oublié - trop souvent - par les politiciens». Tout en admettant que son parti doit se développer davantage dans les provinces de l'Atlantique, il espère avoir une liste complète de candidats du Parti vert dans la province pour la prochaine élection fédérale.
En plus d'une transition écologique, il propose une infrastructure plus résiliente comme réponse aux difficultés économiques de Terre-Neuve-et-Labrador. «L'infrastructure qu'on a, a été planifiée autour de la météorologie des années 50 ou 60 et cette météorologie-là change maintenant et on a plus de précipitation - ou parfois moins - et des banquises fondent. Tout cela a des impacts sur nos activités économiques de manière générale.»
«Il faut qu'on revoie notre système du développement économique», résume-til, sans oublier les réalités de nombreux travailleurs de l'industrie pétrolière dans la province. «C'est correct - ce n'est pas l'industrie du futur mais tant aussi longtemps que le gouvernement n'a pas fait son job d'assurer une transition, on peut pas arriver et demander aux gens “faites votre part, trouvez-vous un job ailleurs” - ce n'est pas comme ça qu'on doit faire des choses.»
Cela dit, il estime que la transition vers une économie plus verte doit être prise plus au sérieux. «À un moment donné il faut faire un choix - nous, on propose que des gouvernements investissent dans cette transition dès maintenant.»
Entre-temps, il aimerait que les revenus provenant des ressources exploitées au Canada restent au Canada, citant en exemple Equinor et le développement pétrolier de Bay du Nord. «Les profits du pétrole du Bay du Nord vont aller où? Ces profits-là vont aller dans le fond souverain norvégien, qui sert à quoi présentement? À bâtir le genre d'infrastructure nécessaire pour faire face aux changements climatiques.»
«Pendant ce temps-là, nous, à cause des décisions politiques, on se prive de revenus importants», explique t-il. «On dit "oui les royalties, des taxes" - c'est des peanuts à côté des profits que ces compagnies le font.»
Une autre priorité du Parti vert est le développement d'un réseau électrique national, qui, selon lui, toucherait directement les revenus de Terre-Neuve-et-Labrador. «Si ce réseau-là existe, cela permet à Terre-Neuve d'exporter directement de l'électricité à travers ce réseau-là». Et cela, sans le vendre au Québec qui le revend ensuite ailleurs.