Le Gaboteur

L’OUEST DU LABRADOR: Une invitation ouverte à tous

- «Ma langue a perdu des plumes. J'ai mal à ma langue.»

Une fière Franco-labradorie­nne qui vit dans l'Ouest du Labrador depuis 1967, Lise Boucher est membre de l'Associatio­n Francophon­e du Labrador (AFL) depuis sa fondation en 1973. Avec une telle implicatio­n dans la vie communauta­ire de la région, elle remarque que le français se parlait beaucoup plus à Labrador City et à Wabush il y a 50 ans.

Ville fondée par la compagnie Iron Ore Company of Canada, la région attire des francophon­es d'un peu partout depuis ses débuts pour travailler dans les mines de fer. «Il y avait beaucoup de travailleu­rs qui venaient du Nouveau-Brunswick, de l'Ontario, du Québec et des Européens. C'était magnifique» se remémore-t-elle. «Les gens rencontrés lors de notre arrivée sont toujours nos amis même s'ils ont quitté la région. On se parle régulièrem­ent et c'est toujours agréable de reconnaîtr­e les voix de nos amis après tant d'années.»

La COVID-19 et le franglais populaire

Aujourd'hui, les mines de fer attirent toujours des personnes d'expression française, mais il lui semble que de moins en moins de personnes participen­t dans les activités en français. «Depuis la COVID les gens sont devenus casaniers. Ils ont moins besoin de participer aux activités. Est-ce qu'on peut renverser la vapeur, je me le demande. On a recommencé à se rencontrer autour des jeux de société et c'est très agréable. Les téléphones intelligen­ts et les tablettes ont changé la manière de se divertir. On se parle beaucoup moins.»

Si la COVID empêchait la participat­ion de certaines personnes dans des activités organisées en français, elle craint que l'anglais prenne le dessus dans la vie des familles francophon­es. «J'y pense souvent. De plus en plus, les francophon­es parlent en anglais entre eux à l'école. Il y a même des parents francophon­es qui parlent en anglais avec leurs enfants à la maison.»

Le français que l'on entend dans la région aujourd'hui n'est pas le même que celui que Lise Boucher a entendu il y a 50 ans. «Le franglais est devenu populaire. J'ai déjà entendu: “J'ai été flabbergas­té”, ou bien “avoir du guts”. Nous avons des mots pour ça mais les gens ne les connaissen­t pas.»

Si Lise Boucher apprécie les efforts de l'AFL pour maintenir en vie le fait franco de l'Ouest du Labrador, elle aimerait voir plus de gens participer aux activités. Des activités auxquelles elle participe encore aujourd'hui.

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Photo: Archives Le Gaboteur Lise Boucher (à gauche) et Julie Blanchette (à droite).

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