Une francophonie qui rime avec solidarité
Terre-neuvien français et enseignant du secondaire à l'École Sainte-Anne, Dwight Cornect se souvient du grand trajet qu'a fait la francophonie de la péninsule de Port-au-Port au cours des cinquante dernières années et bien au-delà.
Originaire de La Grand'Terre, Dwight Cornect a grandi avec le français parlé à la maison. «Tout ce que j'ai entendu à la maison c'était le français. Je le décris comme un registre familier et authentique. Surtout non-académique, vu qu'il n'y avait pas encore d'éducation française à cette époque. Ma grand-mère, mes tantes, mes oncles, toute ma famille était française.»
Pendant longtemps, le français était interdit dans les écoles et les églises de la région. «En 1973, l'anglais fut introduit aux enfants pour qu'ils puissent commencer l'école. Si tu voulais aller à l'école, tu devais parler anglais». Il y a seulement quelques générations, si un enseignant vous entendait parler français, vous auriez été puni.
Aujourd'hui, après avoir lutté pour des écoles francophones, la population a plus que jamais l'occasion de s'exprimer en français. Cependant, Dwight Cornect trouve que la langue française ne se parle pas autant sur les rues aujourd'hui qu'à l'époque de son enfance. «Bien qu'on ait un système de Français Langue Première, le français se parle dans l'école uniquement. Quand vous la quittez, c'est de l'anglais, avec l'exception d'une ou deux familles francophones.»
Dans les cas où il entend parler «c'est la musique aux oreilles.»
français en public,
Une longue lutte qui continue
L'enseignant souligne une force de la francophonie actuelle de la région: la solidarité de sa population.
Au cours des 50 dernières années (voire plus), les Franco-terreneuviens devaient se battre avec acharnement pour maintenir leur langue maternelle en vie. Il fait référence aux manifestations pour les conditions routières, les droits à l'éducation française, et récemment la tour cellulaire: «On a dû s'organiser pour accomplir chaque défi», affirme-t-il. «Il n'y avait pas de choix. C'est une question de survie, les gens font ce qu'ils ont à faire.»
Aujourd'hui, il existe de nombreuses associations communautaires francophones qui contribuent à maintenir la langue française vivante sur la péninsule, mais pour Dwight Cornect, la lutte continue.
Craignant les conséquences de l'installation des éoliennes dans la région sur le fait franco de la région, il compare le développement du mégaprojet à l'introduction de l'aéroport de Stephenville il y a 80 ans. «C'était de l'assimilation. Les Américains épousaient des francophones, ce qui nuisait directement à la francophonie.»
Aujourd'hui, Dwight Cornect se trouve aux manifestations quotidiennes pour plusieurs raisons. Pour lui, refuser la construction d'éoliennes préserve non seulement le mode de vie de sa ville natale, mais aussi la langue française sur la côte ouest de l'île.