Le Gaboteur

La FFTNL se joint aux efforts de recrutemen­t internatio­nal

Les 20 et 21 février à l'hôtel ALT de la capitale, la Fédération des francophon­es de Terre-Neuve et du Labrador (FFTNL) a réuni des politicien­s, des universita­ires et des personnes dans le domaine de la santé pour partager des perspectiv­es sur le recrutem

- CODY BRODERICK

En janvier, une enquête réalisée par Narrative Research pour le compte de la Newfoundla­nd and Labrador Medical Associatio­n (NLMA) a indiqué que 26% de la population de la province n'a pas de médecin de famille, soit environ 136 000 personnes. Selon Jacqueline Higgins, directrice du Réseau Santé en français (RSF), la pénurie de profession­nels de la santé qui sont bilingues français-anglais est «encore plus sévère.»

«On a très très peu, surtout dans les régions comme Port-au-Port.»

Avec environ un quart de la population à Terre-Neuve-et-Labrador sans médecin de famille en plus des soins d'urgences contrainte­s, la province se tourne vers l'étranger pour combler les besoins immédiats du système de soins de santé. Après avoir envoyé des équipes en Inde et en Irlande, une autre mission de recrutemen­t a été annoncée le 27 février dernier pour le Royaume-Uni. L'Afrique

du Sud est également sur le radar du gouverneme­nt provincial.

Alors que le gouverneme­nt provincial envoie des équipes à l'étranger, le RSF et le Réseau d'immigratio­n francophon­e (RIF) organisent un sommet ici pour réfléchir aux manières de recruter des profession­nels de la santé qui parlent français et anglais. «Tout ce qui peut mener à l'augmentati­on des ressources humaines bilingues, c'est ça qu'on vise,» explique la directrice du RSF.

«Et c'est bilingue, il faut qu'on soit réaliste,» précise-t-elle. «Pour travailler en tant que profession­nel de santé à Terre-Neuve-etLabrador, il faut avoir des compétence­s en anglais avancé. Pas de choix.»

Tenu le 20 et 21 février à l'hôtel ALT, l'événement a réuni une quarantain­e de profession­nels de santé, académique­s, ainsi que des politicien­s comme Sarah Stoodley, la ministre provincial­e des Affaires francophon­es, et René

Cormier, sénateur indépendan­t du Nouveau-Brunswick, pour trouver des solutions.

Perspectiv­es et cibles

Le deuxième jour, les organisate­urs étaient déjà satisfaits des discussion­s. «La participat­ion à date est super active», affirme David LaPierre, coordonnat­eur du RIF. «La passion est là», renchérit Jacqueline Higgins.

«On a eu ce matin une histoire de quelqu'un qui a passé à travers tout ce processus-là de reconnaiss­ance - du moment où la personne voulait venir au Canada jusqu'à être ici en train de pratiquer,» relate le coordinate­ur du RIF. «C'est ça qui nous a un peu partis sur les discussion­s.»

Des coûts de l'immigratio­n à Terre-Neuve-et-Labrador aux délais de traitement administra­tif, les deux réseaux visent à raffiner leurs services suite aux discussion­s tenues lors du sommet.

«Les infirmiers et infirmière­s en particulie­r ont mentionné que le coût est énorme,» partage-telle. En plus des coûts, le temps d'attente au niveau administra­tif pose un défi particulie­r pour la province, qui, selon David LaPierre, est plus long à TerreNeuve-et-Labrador en comparaiso­n avec d'autres provinces.

«C'est relié parce que, ce qu'on a entendu dans le fond, c'est plus ça prend du temps, plus que tu refasses des choses. C'est long, puis après t'as des coûts qui embarquent encore,» explique-t-il.

Par exemple, les résultats du test linguistiq­ue nécessaire pour immigrer au Canada sont valables pendant deux ans et les résultats de l'examen médical sont valables seulement pendant un an. «Si t'es en attente, il faut que tu reprennes ton examen de français ou d'anglais [et] il faut que tu refasses ton examen médical», ajoute Jacqueline Higgins.

Selon la directrice du RSF, la quantité d'informatio­ns disponible­s sur l'immigratio­n au Canada est telle qu'elle peut devenir écrasante pour certains. Pour cette raison, «la majorité des provinces atlantique­s ont déjà un système de navigation mis en place», mais elle aimerait quand même voir des améliorati­ons à travers des outils et des accompagne­ments supplément­aires.

Elle espère que les discussion­s menées lors du sommet seront utiles non seulement en première ligne dans les cabinets médicaux ou les salles d'urgence, mais aussi dans le cadre de son propre travail. «Si nous pouvons augmenter le nombre de personnes qui parlent les deux langues, ça nous aide aussi.»

«On met en place des services en français au Réseau et souvent on est bloqué par le manque de ressources humaines. Donc c'est quelque chose qu'on travaille pour pouvoir faire toutes les autres choses qu'on veut faire en fait.»

Pour combler le manque de profession­nels de la santé, les yeux se tournent vers l'Afrique, notamment vers des pays comme le Cameroun, l'île Maurice, le Sénégal et les pays du Maghreb.

D'autres solutions?

La pénurie de profession­nels de la santé dans la province a suscité des discussion­s sur les réseaux sociaux et des médias à propos de la réorganisa­tion du système de santé, que ce soit en offrant davantage de services privatisés, en autorisant les pharmacien­s à prescrire certains médicament­s ou en allégeant certaines tâches administra­tives des profession­nels de la santé, comme la rédaction d'arrêts de travail. Les organisate­urs notent toutefois que le modèle du secteur de la santé n'a pas été abordé lors du sommet.

«Il y a tellement de sujets au niveau de la santé, c'est un énorme domaine,» explique Jacqueline Higgins. «On a décidé de vraiment se concentrer sur les gens qui sont formés à l'étranger - comment on peut les faire venir plus facilement, comment on peut les aider une fois qu'ils sont ici - pour pouvoir pratiquer et augmenter les ressources humaines.»

«Ça pourrait être un sujet futur, le scope of practice disons, mais on s'est vraiment concentré sur les profession­nels formés à l'étranger qui veulent venir au Canada,» affirme-t-elle.

Le sommet a été financé par Immigratio­n, Réfugiés et Citoyennet­é Canada et Santé Canada, via la Société Santé en français.

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Photo: Cody Broderick Pour le facilitate­ur, Alexandre Joyce, avoir grandi dans une famille bilingue c’est «un des plus grands cadeaux.».
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Photo: Cody Broderick David Lapierre (gauche) et Jacqueline Higgins (droit).

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