Le Gaboteur

CLEAR clarifie le panier du Gaboteur

Vous trouvez que votre portefeuil­le est plus léger après une visite à l'épicerie? Se nourrir à Terre-Neuve-et-Labrador devient de plus en plus coûteux, et selon des récentes recherches dans la province, le montant que vous dépensez dépend le plus de votre

- Www.civiclabor­atory.nl/ nl-food-pricing-project

Si Le Gaboteur Inc. publie régulièrem­ent ses analyses dans VOTRE journal, nous ne sommes pas les seuls à aller à l'épicerie avec une calculatri­ce. Dans cette quatrième édition du «Panier du Gaboteur,» nous invitons les chercheurs universita­ires à la table.

Mettant la loupe sur 23 aliments, le laboratoir­e CLEAR de l'Université Memorial, chapeauté par Max Liboiron, prof et chercheur.euse au sein du départemen­t de géographie, a mené une analyse sur les coûts alimentair­es autour de la province. Le rapport, Comparativ­e Food Pricing in Newfoundla­nd and Labrador using Citizen Science, 2020-2021 («Les coûts alimentair­es comparatif­s à Terre-Neuve-et-Labrador en utilisant la science citoyenne, 2020-2021», ou la CFPNL), présente les données tirées de presque 4700 entrées fournies par des bénévoles dans la province, de St. John's jusqu'à Nain, entre octobre 2020 et décembre 2021. Le rapport a été publié en mars dernier.

S'il existe des variables, comme les soldes, c'est avant tout la région dans laquelle vous résidez qui détermine les coûts alimentair­es. Le Gaboteur confirme cette analyse en s'appuyant sur ses propres recherches.

Les résultats en bref

Fruit de collaborat­ion entre le laboratoir­e CLEAR, l'organisme Social Justice Co-operative NL et le gouverneme­nt du Nunatsiavu­t, le rapport CFPNL se base sur la science citoyenne tout comme les résultats du Gaboteur, mais sur une échelle beaucoup plus large.

La CFPNL présente, semblable au Gaboteur, «un petit goût» de la situation, mais ses données en disent long.

«Au niveau régional, c'est au Nunatsiavu­t que le prix moyen des denrées alimentair­es est le plus élevé, suivi de l'Ouest et du Labrador-Grenfell, puis de l'Est et du Centre,» peut-on lire dans le rapport. Les données du Gaboteur en témoignent.

Sur l'île de Terre-Neuve, les localités de la côte ouest offrent de meilleurs prix que la capitale. À Corner Brook et Stephenvil­le, les fraises congelées coûtent 1$ de moins qu'à St. John's par exemple. Parmi tous les acheteurs, Andrew Hibbits, de Stephenvil­le, a trouvé la meilleure affaire sur les amandes à 2,99$ et Kenny Grady, de Corner Brook, a économisé le plus d'argent sur le brocoli à 3,49$.

À St. John's, les townies n'ont pas beaucoup d'avantages. L'article ayant le meilleur prix est le tofu à 1,89$. C'est le même prix que le tofu que l'on trouve à Stephenvil­le et Corner Brook. Sylvie LeBreton de Labrador City, quant à elle, paie le plus parmi les collaborat­eurs du Gaboteur.

Les québécois et une bluenoser s'invitent à la table

Si le rapport CFPNL s'intéresse seulement aux coûts alimentair­es à Terre-Neuve-etLabrador, Le Gaboteur a voyagé un peu plus loin pour comparer les coûts sur le continent. Le lait, les oeufs et les concombres coûtent moins cher au Québec et en Nouvelle-Écosse qu'à Terre-Neuve-et-Labrador, comme en témoignent Patrick Renaud à Montréal, Véronique Dumais à Fermont, et Jessica Pratt à Lower Sackville.

En suivant la comparaiso­n à travers la frontière, Le Gaboteur a mis la loupe sur deux localités voisines, une québécoise et l'autre labradorie­nne. À Fermont, ville minière québécoise située à environ 30 km de l'Ouest du Labrador, Véronique Dumais a trouvé plus de produits moins chers que Sylvie LeBreton à Labrador City.

Les résidents de l'Ouest de Labrador ont le choix entre deux grandes surfaces pour faire leur épicerie: IGA et Walmart. Mais lorsque les options semblent limitées ou que le portefeuil­le est un peu plus léger que d'habitude, cela peut valoir la peine de faire ses courses dans la Belle Province.

Soldes et autres stratégies

Selon la CFPNL «différents distribute­urs au même endroit s'alignent davantage sur les prix que le même distribute­ur dans des endroits différents.»

«Les épiceries Dominion, Sobeys et Colemans d'une région seront plus proches les unes des autres en matière de prix que la même épicerie dans une autre région.»

C'est à Lower Sackville, situé dans la banlieue d'Halifax, que Jessica Pratt a trouvé le plus d'articles en solde. Cependant, selon la CFPNL, avoir une stratégie de même pour faire ses courses n'est pas toujours payante.

«Les consommate­urs utilisent une grande variété de stratégies, telles que l'achat de produits soldés, la visite de plusieurs épiceries, l'utilisatio­n d'applicatio­ns téléphoniq­ues, l'inscriptio­n à des programmes de fidélisati­on et la substituti­on de produits pour réduire les coûts alimentair­es. Toutefois, en moyenne, les différence­s entre les articles en solde et les articles non soldés sont minimes lorsque la taille ou le poids des produits alimentair­es est pris en compte.»

Selon le rapport, le rythme variable des ventes pose également un problème: «Comme l'a observé un bénévole à Port aux Basques, "toutes les tomates ont disparu à cause des soldes (elles ont été mises en vente le jeudi et ont disparu le vendredi)."»

Laissant les réponses à de futures études, le rapport conclut par une série questions, comme:

• Comment une étude comme celle-ci pourrait-elle aborder plus directemen­t la question de la nourriture disponible dans la nature, y compris la capacité de déterminer l'impact de la vente de poisson ou de produits provenant de la nature par les population­s locales? • Quel est le rôle des épiceries dans la fixation des prix, en particulie­r par rapport à leurs coûts d'exploitati­on? Quel rôle les monopoles locaux jouent-ils dans la fixation des coûts alimentair­es? • Comment le coût des denrées alimentair­es s'inscrit-il dans le cadre plus large de l'insécurité financière, lié aux médicament­s, au sans-abrisme et à d'autres nécessités?

• L'amalgame entre sécurité alimentair­e et souveraine­té alimentair­e contribuet-il à la colonisati­on des régimes alimentair­es nordiques et/ou nuit-il aux efforts visant à renforcer les traditions alimentair­es nordiques?

Pour découvrir le rapport entier, c’est par ici (en anglais seulement):

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