Se nourrir à Saint-Pierre-et-Miquelon
Fromages de la fromagerie, baguettes de la boulangerie et Timbits du vieux Rocher… Anais Hébrard témoigne de la façon dont les Saint-Pierrais et les Miquelonais mangent.
Les Saint-Pierrais et les Miquelonnais sont gourmands! Goûter, cuisiner, tester de nouvelles saveurs et élaborer des recettes inédites sont des passe-temps qui passionnent autant les cuisiniers occasionnels que les habitués des fourneaux.
Il suffit de jeter un discret coup d'oeil dans un caddy [panier d'épicerie, NDLR] lors des courses de fin de semaine pour découvrir des aliments goûteux qui trouveront une place de choix sur leur table.
Sur table
Évidemment, en premier lieu le fromage! Il faut dire que depuis quelques années, l'aliment-phare d'une table à la française est de plus en plus présent sur les étalages des commerces locaux. Un café en a d'ailleurs fait une de ses principales offres avec des fromages au lait cru, importés de métropole, avec aussi des charcuteries en provenance du centre de la France comme la saucisse sèche ou le saucisson.
Pas de fromage sans pain! Les boulangeries-pâtisseries déclinent toutes sortes de pains, miches aux céréales, pavé du sportif, baguette bio. Une pâtisserie en bordure du port a droit à sa queue le dimanche, pour répondre à la coutume, oh combien délicieuse, du coup de thé, avec tartelettes et gâteaux. Si les douceurs ne sont pas achetées, elles seront confectionnées par la maîtresse de maison… comme au bon vieux temps, avec une prédilection pour les buns, sans doute un héritage terre-neuvien.
À l'épicerie
Le dépanneur existe à Saint-Pierre et c'est ainsi qu'il est nommé, comme au Canada. C'est une boutique bien connue des affamés du dimanche soir. Cependant, ce n'est pas dans ce magasin que sont effectuées les courses familiales. En effet, plusieurs supérettes répondent à la demande de la population. Suivant ce dont nous aurons besoin, nous irons chez l'un ou chez l'autre puisque chaque magasin a ses spécialités.
Récemment, une enseigne typiquement métropolitaine, a pris les rênes du plus grand magasin saint-pierrais. Comme ce commerce a établi des règles métropolitaines et fournit des aliments aux marques franco-françaises, je ne serais pas étonnée que de nouvelles habitudes alimentaires s'installent dans notre île.
Comme il y a quelques années, lors de l'ouverture de magasin bio, proposant au consommateur un choix élargi de légumes, fruits et produits à l'attention des végétariens, une autre nouveauté, une ferme de culture hors sol, a vu le jour. Elle offre toute une gamme d'herbes fraîches, de salades mais aussi des micro-pousses et des produits dérivés de cette culture. Ce nouveau choix élargit, elle aussi, les habitudes culinaires.
De la mer à l'air
Cependant, bien que l'éventail alimentaire soit large et diversifié, il arrive que l'approvisionnement connaisse des ratés déplorables pour le commerçant autant que pour le consommateur. Cet hiver, un feuilleton désastreux: les difficultés en série pour le porte-container rempli de produits festifs. Détour par la Colombie, blocage par les douanes, retard dans la livraison, ces péripéties nous ont rappelé combien il pouvait être difficile d'avoir des mets chers à nos coutumes alimentaires sur nos tables de fêtes de fin d'année.
Bien sûr, avec l'augmentation des prix, il est certain que chacun d'entre nous regarde les prix et scrute les étiquettes pour débusquer la bonne affaire ou au contraire pour renoncer à un achat. Mais il serait inutile d'aller acheter des denrées chez Costco puisque les frais de transport seraient à ajouter à la facture.
Une gourmandise passe les frontières. Pour cela, il faut aller à l'aéroport, à l'heure de l'arrivée de l'avion en provenance de St. John's. Il est fréquent de voir l'un ou l'autre passager porter avec lui une boîte de timbits! Oui, les fameux beignets, de temps en temps, donnent au goûter du dimanche une petite saveur…exotique!