Des caribous pour s’en souvenir
Le 1er juillet 1916, 800 Terre-Neuviens et Labradoriens du Royal Newfoundland Regiment faisaient partie de la première vague d'assaut de la Bataille de la Somme, qui fût le jour le plus meurtrier de toute l'histoire militaire britannique. Seuls 68 de ces
Le 20 septembre de cette année, le Comité de l'UNESCO a ajouté plusieurs sites de la Première Guerre mondiale en France et en Belgique à leur liste de sites du patrimoine mondial. Parmi eux était le mémorial du caribou à Beaumont-Hamel, un site important pour les Terre-Neuviens et les Labradoriens.
Il y a 107 ans, un régiment de Terre-Neuve-etLabrador a été anéanti dans les environs de ce petit village français. Chaque année, le jour du Souvenir sert à encourager la population de la province à réfléchir sur cette contribution, pour qu'elle ne soit jamais perdue au fil du temps.
Le début de la Première Guerre mondiale
La guerre éclate en juillet 1914. À la suite d'une vague de recrutement en septembre, 537 soldats de Terre-Neuve-et-Labrador partent en Angleterre pour leur entraînement. Ce furent les «premiers 500» membres du Régiment de Terre-Neuve. C'était un groupe de fiers soldats, baptisé les Blue Puttees, car les bandes molletières de leurs uniformes étaient fabriquées de tissu bleu plutôt que de kaki.
Parmi ces «premiers 500», on compte aussi des francophones de la péninsule Port-auPort, comme Eugène Cornect. Pêcheur de Cap Saint-Georges, Eugène s'est engagé en septembre 1914 et a combattu sur les deux fronts où a été déployé le Royal Newfoundland Regiment. Premièrement en 1915, le Régiment a débarqué à Gallipoli en Turquie pour soutenir les corps d'armée australien et néo-zélandais. En combattant, Cornect est tombé malade, souffrant comme plusieurs autres soldats de la dysenterie. Il est évacué vers Alexandrie en Égypte en novembre pour pouvoir reprendre ses forces.
En 1916 il rejoint le Régiment de nouveau, cette fois-ci sur le front ouest en Europe. Il assiste à la bataille de Beaumont-Hamel et subit un coup de feu à la cheville, ce qui lui a sauvé la vie. En restant allongé par terre pendant la bataille, il a pu rejoindre les 68 soldats qui ont répondu à l'appel le lendemain.
À la fin des combats, presque 10 pour cent de la population masculine de la province s'est engagée pour cette cause. Après la guerre, la distinction de «Royal» a été décernée au Régiment afin de souligner l'immensité du sacrifice et le dévouement continu des soldats comme Eugène.
Préservés dans un mémoire collectif
Après la guerre, le champ de bataille près du village de Beaumont-Hamel a été préservé et classé comme un site mémorial. Un caribou en bronze, symbole du Régiment, y a été érigé pour commémorer les soldats perdus, et le champ est devenu un site de mémoire. Dans les années suivantes, plusieurs autres caribous ont été disposés autour du monde, de Bowring Park à St. John's jusqu'à Gallipoli, en Turquie. Ensemble, les six statues forment le Trail of the Caribou et sont des lieux de pèlerinage pour beaucoup de Terre-Neuviens et Labradoriens.
Chaque année, le jour du Souvenir sert à déposer ce devoir de mémoire dans les mains des citoyens. Parmi les dizaines de sites commémoratifs érigés autour de la province, il y a toujours un bel endroit pour rendre hommage à ces soldats. C'est à ces sites qu'on se souvient des soldats comme Eugène Cornect, un de presque 12 000 hommes de la province qui ont participé à la Première Guerre mondiale.