Le Gaboteur

2023 n’a pas seulement battu des records de températur­e

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S'il est pratiqueme­nt acquis que 2023 sera l'année la plus chaude depuis un siècle et demi que des mesures sont prises systématiq­uement (et depuis au moins 100 000 ans, d'après les carottes de glaces et les sédiments), elle passera à l'histoire pour de nombreux autres records, et pas uniquement du côté du thermomètr­e.

Il peut en effet sembler banal d'énumérer en fin d'année ces records de températur­es qui se sont accumulés. Entre autres:

• le record de la températur­e mondiale moyenne la plus chaude pour une journée a été battu le 3 juillet, puis le 4, puis le 5, puis le 6;

• le record du mois le plus chaud en un siècle et demi a été battu par juin, puis juillet; • si août, septembre, octobre et novembre n'ont pas été aussi chauds que juin et juillet, ils ont tous battu les records de leurs mois respectifs; • septembre s'est même terminé, à l'échelle mondiale, à 1,8°C au-dessus de la moyenne d'avant la Révolution industriel­le;

• et 2023 pourrait être la première année où la températur­e moyenne dépassera — temporaire­ment — le fameux seuil du 1,5 degré au-dessus des températur­es préindustr­ielles.

Mais trop se concentrer sur les records de températur­es négligerai­t la valeur d'autres records qui sont peut-être plus significat­ifs quant aux conséquenc­es qu'auront les changement­s climatique­s dans un futur proche :

• le Canada a vécu sa pire année sur le plan des feux de forêt, autant pour les superficie­s brûlées (six fois la moyenne annuelle de la décennie précédente) que pour la quantité de CO2 relâchée dans l'atmosphère; aux États-Unis, 25 «désastres météorolog­iques» ont occasionné des pertes dépassant un milliard de dollars, battant le record de 22 événements, remontant à 2020; • l'Antarctiqu­e a connu le plus bas niveau de glace de mer depuis que de telles mesures sont prises, un million de kilomètres carrés en dessous du record de 2022, qui avait battu celui de 2014;

• la quantité de CO2 dans l'atmosphère a atteint en mai un record de 424 parties par million, quoiqu'il s'agit là d'une augmentati­on prévisible (2 parties par million de plus par année depuis 11 ans).

Comme le titre le magazine américain Salon, cette accumulati­on de chiffres ne «démontre» plus que les changement­s climatique­s approchent: ils sont déjà là. Avec le risque croissant, si rien n'est fait pour inverser la tendance, que les choses ne se mettent à accélérer. (ASP)

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