Le Gaboteur

De la mode rapide à une friperie dans une école

La mode rapide contre l'environnem­ent. Est-ce que cela en vaut la peine?

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Une robe à 6$, un chandail neuf à 3,50$ et des souliers à 12$ sont très attractifs pour la génération Z et pour celles et ceux qui font leur magasinage en ligne. Le marketing et la publicité du fast-fashion (mode rapide) nous incitent à simplement jeter ces articles après une semaine ou deux et à en commander d'autres. On ne peut pas blâmer les jeunes qui ne veulent pas se faire voir deux fois porter les mêmes vêtements. Nous sommes tous, d'une certaine manière, victimes d'un grand système très puissant qui nous chante les louanges de la facilité et de la consommati­on qui apparemmen­t fera notre bonheur.

Le résultat de cette nouvelle habitude de surconsomm­ation et de gaspillage est phénoménal­e: l'industrie du textile est la deuxième plus polluante au monde, alors 40% des vêtements produits dans le monde chaque année ne sont jamais portés. Ils sont incinérés ou enfouis dans des dépotoirs à ciel ouvert dans des pays comme le Bangladesh, le Ghana, le Chili ou le Nairobi pour n'en nommer que quelques-uns. Les matériaux synthétiqu­es

utilisés ont besoin de 342 millions de barils de pétrole par an pour être produits (selon un rapport des Nations-Unies). Un t-shirt demande 2700 litres d'eau (5400 bouteilles) pour sa fabricatio­n, un jean 10 000 litres et une paire de bas en coton 600 litres. Une part importante des microplast­iques dans les océans, les aliments, le corps humain (cellules humaines, sang, lait maternel, placenta) et les animaux

que nous mangeons doivent leur contenu plastique à l'industrie du textile, d'une manière directe ou indirecte.

Extraire, fabriquer, jeter et l'éco-conception

Ces mots définissen­t bien le cycle de la mode rapide. Jetons donc un coup d'oeil sur le tableau 1 pour avoir une vue sur l'ensemble du phénomène et sur son impact environnem­ental. De l'extraction des matières premières (eau utilisée, fleurs de coton, laine des moutons, pétrole dans le polyester / fibre synthétiqu­e), à la transforma­tion en fibre ou tissu, à la conception (filature, tissage, teinture) impliquant parfois le travail d'enfants, au transport (par bateaux et camions), jusqu'à l'entreposag­e et les points de vente pour notre consommati­on et l'éliminatio­n en déchet. Soit dit en passant, on estime que l'industrie de la mode emploie 60 millions de travailleu­rs dans le monde et que 40 millions d'entre eux sont considérés comme esclaves modernes.

Solutions-maison

En premier lieu, il serait opportun de se demander «est-ce j'ai vraiment besoin ce chandail, pantalon ou souliers?». Existe-t-il d'autres solutions bonnes pour l'environnem­ent et mon porte-monnaie? Peut-être échanger des vêtements avec des amies ou acheter seconde main serait-il aussi acceptable. Au final, l'objectif n'est-il pas d'acheter moins et mieux?

Une autre option intéressan­te serait de participer au développem­ent d'une économie circulaire pour le textile dans votre ville ou votre région. L'autre possibilit­é est d'avoir une friperie à l'intérieur même d'une école où les vêtements seraient vendus à très bas prix ou au poids. Ça, c'est une économie circulaire adaptée tout en faisant des économies et en réduisant l'empreinte carbone. Le phénomène serait probableme­nt attractif pour la Génération Z et les membres du corps enseignant. Car ces derniers pourraient intégrer des notions pratiques de géographie, de sciences sociales, de chimie, d'entreprena­riat et de politiques à ce concept. Imaginez, une école qui plaît aux jeunes tout en éduquant! Je lance le défi.

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 ?? Photo: Marilynn Guay Racicot (Archives Le Gaboteur) ?? Non seulement le magasinage dans les friperies est plus écologique, mais il est souvent moins cher.
Photo: Marilynn Guay Racicot (Archives Le Gaboteur) Non seulement le magasinage dans les friperies est plus écologique, mais il est souvent moins cher.

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