Bulles : Le cas Benjamin Bridge
Si je vous demande de quel endroit proviennent les meilleures bulles au Canada, vous risquez de répondre Niagara ou, encore, Okanagan.
Sans dire que vous avez tort - on y fait effectivement de jolis vins effervescents, j’ai été soufflé par la qualité de ceux de Benjamin Bridge, une winery située… en Nouvelle-Écosse! C’est, du moins, ce qui est ressorti d’une récente dégustation comparative avec des champagnes de haut niveau.
L’une des clés de ce succès? JeanBenoît Deslauriers, un Québécois qui agit comme oenologue depuis 2008. Fin trentaine, passionné par la bulle, il a fait ses classes en Californie et au Chili. Dubitatif sur la possibilité de tirer quelque chose de « respectable » dans un endroit pareil, il est aujourd’hui convaincu que la qualité des vins est surtout attribuable au microclimat dans lequel baigne le vignoble agrobiologique.
La vallée de la Gaspereau jouxte la Baie de Fundy. L’endroit profite de conditions hivernales plutôt douces et les étés y sont frais. Il est possible de pousser la maturité phénolique des fruits sans trop augmenter la teneur en sucre et conserver des niveaux d’acidité élevés.
FORTE CONCENTRATION D’EXTRAITS SECS
Les vendanges s’étendent jusqu’à la fin octobre, voire début novembre. Suivant la méthode traditionnelle, les vins vieillissent entre cinq à sept ans sur latte avant la mise en marché. Selon une étude de la Brock University, la concentration d’extraits secs des vins Benjamin Bridge serait près du double que celle du fameux Dom Pérignon. Les niveaux de sucre résiduel sont un peu plus élevés, mais la haute acidité permet d’atteindre des équilibres étonnants, si bien qu’on a l’impression que le vin est sec.
La SAQ commercialise le Nova 7. Un assemblage hétéroclite d’une quinzaine de cépages dominé par l’acadie blanc, le muscat, le vidal et l’ortega. Jean- Benoît s’assure d’avoir un équilibre entre des fruits récoltés tôt pour profiter de l’acidité et tard en saison pour la richesse en sucre. C’est sa réponse au problème de la quadrature du cercle: l’obtention d’un équilibre entre le sucre ( 60 g de sucre résiduel), l’acidité, l’effervescence ( qui provient de macération alcoolique à très basse température) et la puissance aromatique. On sent d’ailleurs le vin parfumé avec des notes herbacées, un côté muscat rappelant la pêche et le zeste d’orange. C’est évidemment rond, mais l’ensemble est remarquable de fraîcheur, ce qui contribue au côté digeste du vin. On le sert très frais en fin de repas, avec les desserts d’été.
Benjamin Bridge, Nova 7 2013, Nouvelle- Écosse ( 24,95 $)
Les cuvées Brut 2009 et Brut Réserve 2008 débarqueront en octobre à la SAQ. En attendant, vous pouvez aller lire sur notre blogue Les Méchants Raisins mes impressions sur la dégustation comparative dont je vous parlais plus haut. Autrement, voici quelques vins sur lesquels j’ai accroché ces derniers jours.