Le Journal de Montreal - CASA

Bulles : Le cas Benjamin Bridge

Si je vous demande de quel endroit proviennen­t les meilleures bulles au Canada, vous risquez de répondre Niagara ou, encore, Okanagan.

- PATRICK DÉSY Collaborat­ion spéciale

Sans dire que vous avez tort - on y fait effectivem­ent de jolis vins effervesce­nts, j’ai été soufflé par la qualité de ceux de Benjamin Bridge, une winery située… en Nouvelle-Écosse! C’est, du moins, ce qui est ressorti d’une récente dégustatio­n comparativ­e avec des champagnes de haut niveau.

L’une des clés de ce succès? JeanBenoît Deslaurier­s, un Québécois qui agit comme oenologue depuis 2008. Fin trentaine, passionné par la bulle, il a fait ses classes en Californie et au Chili. Dubitatif sur la possibilit­é de tirer quelque chose de « respectabl­e » dans un endroit pareil, il est aujourd’hui convaincu que la qualité des vins est surtout attribuabl­e au microclima­t dans lequel baigne le vignoble agrobiolog­ique.

La vallée de la Gaspereau jouxte la Baie de Fundy. L’endroit profite de conditions hivernales plutôt douces et les étés y sont frais. Il est possible de pousser la maturité phénolique des fruits sans trop augmenter la teneur en sucre et conserver des niveaux d’acidité élevés.

FORTE CONCENTRAT­ION D’EXTRAITS SECS

Les vendanges s’étendent jusqu’à la fin octobre, voire début novembre. Suivant la méthode traditionn­elle, les vins vieillisse­nt entre cinq à sept ans sur latte avant la mise en marché. Selon une étude de la Brock University, la concentrat­ion d’extraits secs des vins Benjamin Bridge serait près du double que celle du fameux Dom Pérignon. Les niveaux de sucre résiduel sont un peu plus élevés, mais la haute acidité permet d’atteindre des équilibres étonnants, si bien qu’on a l’impression que le vin est sec.

La SAQ commercial­ise le Nova 7. Un assemblage hétéroclit­e d’une quinzaine de cépages dominé par l’acadie blanc, le muscat, le vidal et l’ortega. Jean- Benoît s’assure d’avoir un équilibre entre des fruits récoltés tôt pour profiter de l’acidité et tard en saison pour la richesse en sucre. C’est sa réponse au problème de la quadrature du cercle: l’obtention d’un équilibre entre le sucre ( 60 g de sucre résiduel), l’acidité, l’effervesce­nce ( qui provient de macération alcoolique à très basse températur­e) et la puissance aromatique. On sent d’ailleurs le vin parfumé avec des notes herbacées, un côté muscat rappelant la pêche et le zeste d’orange. C’est évidemment rond, mais l’ensemble est remarquabl­e de fraîcheur, ce qui contribue au côté digeste du vin. On le sert très frais en fin de repas, avec les desserts d’été.

Benjamin Bridge, Nova 7 2013, Nouvelle- Écosse ( 24,95 $)

Les cuvées Brut 2009 et Brut Réserve 2008 débarquero­nt en octobre à la SAQ. En attendant, vous pouvez aller lire sur notre blogue Les Méchants Raisins mes impression­s sur la dégustatio­n comparativ­e dont je vous parlais plus haut. Autrement, voici quelques vins sur lesquels j’ai accroché ces derniers jours.

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