Le Journal de Montreal - CASA

Dompter les fourmis cet été

-

« Je poursuis mon voisin en cour, écrit M. Léo V. Il a bloqué l’écoulement naturel des eaux de ruissellem­ent en installant une conduite avec un petit diamètre, par-dessus laquelle il a construit une terrasse. »

« À cause de ça, il y a un déversemen­t illégal d’eau de temps en temps sur mon terrain », constate notre propriétai­re.

« Une expertise a déterminé que, par contre, mon voisin latéral n’accepte pas l’arpentage. Il s’est adressé à des experts, qui lui ont répondu que les mesures de l’arpenteur étaient exactes et que sa conduite a une capacité hydrauliqu­e insuffisan­te », explique-t-il.

« Maintenant, le voisin a vendu sa propriété. Est-ce que la cour peut lui ordonner qu’il enlève la terrasse et remplace la conduite par une autre avec un diamètre plus élevé quand le terrain ne lui appartient plus ? Quoi faire ? »

RAJUSTEMEN­T DE TIR REQUIS

Il convient de répondre à M. Léo V. que le nouveau propriétai­re de l’immeuble voisin devra éventuelle­ment être impliqué dans la procédure de demande d’injonction apparemmen­t déjà déposée en cour contre l’ancien propriétai­re.

Or, il est possible que ce nouveau propriétai­re se montre plus conciliant que l’ancien pour modifier de façon adéquate le système de conduite d’eau mis en place par son prédécesse­ur.

FARDEAU DE LA PREUVE

Si cette affaire devait se poursuivre devant le tribunal, M. V. aurait toujours le fardeau de devoir démontrer que ce système a provoqué une aggravatio­n importante de la servitude légale d’écoulement des eaux définie à l’article 979 du Code civil.

« Les fonds inférieurs sont assujettis, envers ceux qui sont plus élevés, à recevoir les eaux qui en découlent naturellem­ent, » énonce le Code.

« Le propriétai­re du fonds inférieur, y est-il précisé, ne peut élever aucun ouvrage qui empêche cet écoulement. Celui du fonds supérieur ne peut aggraver la situation du fonds inférieur ; il n’est pas présumé qu’il le fera s’il effectue des travaux pour conduire plus commodémen­t les eaux à leur pente naturelle […]. »

PROPRIÉTÉS AUX ABORDS D’UN LAC

Dans une cause récente, les demandeurs reprochaie­nt à leur voisine « d’avoir drainé son terrain de manière à diriger les eaux s’y trouvant vers leur propriété ». Les parties possédaien­t des résidences contiguës au bord d’un lac.

Le conflit avait pris naissance quand les demandeurs constatère­nt la présence d’un tuyau blanc en PVC qui semblait diriger l’eau en provenance de la propriété de la voisine vers la leur.

Leur première mise en demeure à la voisine incita celle-ci à enlever immédiatem­ent le tuyau qu’elle avait fait poser dans le but d’éloigner l’eau des gouttières de sa fosse septique.

La réclamatio­n de 11 000 $ des demandeurs a été rejetée parce qu’ils ont été incapables de prouver que leur voisine avait aggravé la situation de leur fonds et leur avait causé des préjudices avec des ouvrages érigés dans ce but.

Selon les faits relatés dans une autre cause en semblable matière, la demanderes­se a été en mesure de démontrer au tribunal que les travaux de terrasseme­nt effectués par ses voisins avaient rehaussé légèrement le niveau de leur terrain, de sorte que l’eau qui en provenait déversait une plus grande quantité sur son fonds, près de sa maison.

TERRAIN DÉTREMPÉ

Cela rendait une partie de son terrain détrempée quatre ou cinq fois par année.

Le tribunal a ordonné aux défendeurs de creuser un fossé ou des tranchées, afin de réduire l’afflux d’eau acheminé vers le fonds de la demanderes­se.

Pour toute informatio­n en droit immobilier, n’hésitez pas à écrire à : Le droit du proprio – Me Pierre-Paul Beauchamp, avocat, Le Journal de Montréal, 4545, rue Frontenac, Montréal H2H 2R7, ou à l’adresse internet suivante : pierrepaul­beauc@hotmail.com.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada