Vous êtes dans les patates !
L’expression « être dans les patates », qui signifie se tromper ou être dans le champ (très appropriée pour les agriculteurs urbains !), illustre bien la méprise dont est victime la pomme de terre, puisque celle-ci est souvent appelée à tort patate.
La patate, aussi nommée patate douce, est un légume proche parent de la gloire du matin dont le feuillage en forme de coeur est plutôt rampant ou grimpant. Ce tubercule a une forme allongée et présente une chair généralement blanche ou orange.
DOMESTIQUÉE IL Y A 10 000 ANS
Pour sa part, la pomme de terre est une cousine de la tomate originaire des Andes péruviennes. Il y a environ 10 000 ans que les Incas ont débuté la domestication et la culture de cette plante qui s’adapte à presque tous les types d’environnement. Les pommes de terre sont habituellement ovales ou rondes et leur chair est blanche, jaune ou parfois violette, mais jamais orange.
Les plants de pommes de terre produisent un feuillage plutôt érigé, découpé comme celui de la tomate, ainsi que de jolies fleurs blanches, lilas ou violettes. Il arrive parfois qu’un plant de pommes de terre produise des fruits ronds ressemblant à des petites tomates vertes. Attention ! Comme les feuilles et les tiges, ceux-ci contiennent de la chaconine et de la solanine, deux substances indigestes et toxiques à forte dose.
La pomme de terre est assurément le légume le plus populaire et le plus cultivé sur le globe. En 2014, la production mondiale se chiffrait à 385 millions de tonnes ! Cultivée dans 150 pays, la pomme de terre est très prisée en Chine, en Russie et en Inde, qui sont les trois plus grands producteurs du monde.
UN LÉGUME FACILE À CULTIVER
Contrairement à la majorité des plantes potagères, les pommes de terre ne sont pas propagées par semences. On doit plutôt mettre des morceaux de tubercules dans la terre. Vous pouvez évidemment planter des pommes de terre achetées dans un supermarché. Toutefois, sachez que certains tubercules sont traités avec un produit qui inhibe leur bourgeonnement.
Optez donc pour des tubercules issus de culture bio, dont la pelure est lisse et saine. Afin d’obtenir des variétés plus originales, vous pouvez aussi vous procurer des tubercules auprès de grainetiers spécialisés (voir encadré à la fin de l’article).
Environ deux à trois semaines avant la plantation à l’extérieur, placez les tubercules dans un endroit lumineux, sur un comptoir de cuisine, par exemple, à une température qui se situe entre 15 et 20 °C, afin de les faire germer. Vous pourrez ensuite les mettre en terre vers le début ou la mi-mai, au moment où le pissenlit fleurit.
Vous pouvez planter les petits tubercules directement dans le sol sans avoir à les couper. Toutefois, les tubercules plus gros – qui comprennent au moins un bourgeon – doivent être tranchés en morceaux de la grosseur d’un oeuf comprenant au moins un ou deux bourgeons.
Afin d’éviter la pourriture, n’oubliez pas d’enduire les plaies avec du soufre en poudre avant de planter vos tubercules. Les tubercules doivent être disposés à une profondeur d’environ 10 cm et être distancés de 30 cm.
La pomme de terre affectionne les terres légères, profondes et riches, situées au plein soleil. Avant de planter, enrichissez le sol avec un peu de compost. Évitez d’utiliser du fumier frais ou des engrais azotés qui favorisent le développement de la gale commune, une maladie qui affecte la pomme de terre. Cette plante apprécie croître dans un sol acide. Le pH optimal pour la culture de la pomme de terre se situe entre 5,0 et 6,5. Évitez également d’amender le sol avec de la chaux ou des cendres là où vous planterez vos pommes de terre, un sol alcalin favorisera la prolifération de la gale commune.
Lorsque les plants auront atteint près de 30 cm de hauteur, rechaussez-les à l’aide d’un râteau afin de placer de la terre sur la base des tiges de façon à créer un monticule qui maintiendra les tubercules à l’abri de la lumière. Sans cela, les tubercules exposés au soleil verdiront et produiront de la solanine, une substance toxique. La récolte s’effectue généralement 90 à 100 jours après la mise en terre.
Si vous n’avez pas de terrain, il est tout à fait possible de cultiver des pommes de terre en contenant, sur votre balcon ou votre terrasse. Pour ce faire, vous pouvez utiliser un contenant en textile ou un sac réutilisable servant à transporter les provisions. Percez quelques trous au fond de votre sac réutilisable afin d’assurer un bon drainage (cela n’est toutefois pas nécessaire dans le cas d’un pot en textile). Remplissez votre pot en textile ou sac jusqu’au tiers avec du terreau conçu pour la culture des légumes, composé de compost et de tourbe de sphaigne. Déposez quelques morceaux de tubercules de pommes de terre sur le terreau et recouvrez-les ensuite avec du terreau allant jusqu’à environ 4 à 5 cm du rebord du contenant.
Bien qu’elle soit facile à cultiver, la pomme de terre a toutefois un ennemi qui peut causer bien des soucis aux jardiniers : le doryphore. Les plants de pommes de terre sont très souvent la proie de cet insecte à carapace noire rayée de jaune qui dévore les feuilles.
Le meilleur moyen de protéger les plants de pommes de terre des attaques du doryphore est de les cultiver sous un agrotextile. Comme cette toile est très légère et qu’elle lève au fur et à mesure que les plantes croissent, il n’est pas absolument nécessaire d’installer les piquets ou des arceaux pour la surélever.
Évitez également de planter vos pommes de terre en rangs ou en massifs pour ne pas concentrer l’odeur de cette plante ce qui la rendra ainsi moins facilement détectable par le doryphore. Plantez plutôt les pommes de terre çà et là à travers les autres plantations afin de diluer leur odeur.