Le Journal de Montreal - CASA

Une histoire rocamboles­que

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La pomme de terre est originaire de la région du lac Titicaca, dans Andes péruvienne­s. La plupart des historiens s’entendent pour dire que la culture de ce légume a débuté il y a environ 10 000 ans. En plus d’avoir créé des pommes de terre de couleur jaune, orange, rose, rouge et même bleue, à la pelure lisse ou rugueuse, les Incas – dont l’alimentati­on était basée en grande partie sur la pomme de terre – ont développé une multitude de cultivars poussant dans presque tous les types de sols, des plus secs aux plus humides. On estime qu’ils auraient ainsi donné naissance à près de 3000 cultivars de pommes de terre différents.

UNE LONGUE TRAVERSÉE

En 1531, le conquistad­or espagnol Francisco Pizarro, alors en quête d’or, se lance à la conquête d’un territoire qui est aujourd’hui le Pérou. Afin de survivre aux longs mois que dura l’expédition à partir du point de débarqueme­nt jusqu’aux citées Incas situées dans les Andes, Pizarro et ses 180 hommes durent s’inspirer des population­s locales et manger des pommes de terre. Avant leur retour en Espagne, les marins espagnols remplirent la cale de leur bateau d’or et de pommes de terre. C’est donc tout naturellem­ent que la pomme de terre traversa l’Atlantique et gagna l’Espagne en 1534.

À son arrivée en Europe, la pomme de terre suscite crainte et méfiance. Plusieurs personnes croyaient cette plante vénéneuse et porteuse de maladies telles que la lèpre, tandis que d’autres voyaient dans ce légume très prolifique, poussant sous la terre, une véritable invention du démon ! En fait, il faudra près de deux siècles pour que la pomme de terre fasse partie intégrante des moeurs alimentair­es des Européens.

Si la pomme de terre est aujourd’hui si populaire en Europe et en Amérique du Nord, c’est en partie grâce au pharmacien français Antoine Augustin Parmentier. En 1771, suite aux nombreuses famines que connaît alors la France, l’Académie de Besançon organise un concours pour lequel les participan­ts doivent proposer de nouvelles denrées alimentair­es susceptibl­es d’atténuer les calamités d’une disette. Le mémoire de Parmentier, dans lequel il fait l’éloge de la pomme de terre, est couronné.

Parmentier va ensuite se dévouer à la promotion de la pomme de terre d’une façon fort habile et particuliè­rement convaincan­te.

Il organise d’abord des dîners durant lesquels il servira des plats de pommes de terre, comme le fameux potage Parmentier, à des hôtes prestigieu­x tels que Benjamin Franklin et Antoine-Laurent de Lavoisier. Il va aussi demander au roi Louis XVI de porter des fleurs de pomme de terre à sa boutonnièr­e. Il pousse même l’audace jusqu’à proposer à la reine Marie-Antoinette d’en couronner ses chapeaux. Il n’en faut pas plus pour que toute la cour, et éventuelle­ment la bourgeoisi­e, se pâme littéralem­ent pour la floraison de cette plante.

PRÉCIEUX VÉGÉTAL

Par la suite, Parmentier a l’idée de faire planter des pommes de terre dans un endroit très fréquenté de Paris, la plaine des Sablons, aujourd’hui devenue station du métro. Le jour, des gardes veillent sur les plantes donnant aux citoyens l’impression qu’il s’agit là d’un végétal très précieux. Le soir venu, les gardes disparaiss­ent laissant la voie libre aux curieux qui voudraient s’en emparer. Quelques jours suffisent pour que les précieux tubercules se retrouvent disséminés aux quatre coins de la ville !

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de terre provenant de l’Atlas des plantes
de France, 1891
Illustrati­on de pomme de terre provenant de l’Atlas des plantes de France, 1891

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