Le Journal de Montreal - CASA

Luttez contre l’inflation en faisant de l’agricultur­e urbaine !

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Alors que le prix des fruits et des légumes augmente sans cesse ces derniers temps, l’importance de l’autosuffis­ance alimentair­e se confirme. Agréable et utile pour certains, l’agricultur­e urbaine est devenue une pratique véritablem­ent essentiell­e pour bon nombre de personnes.

Selon le Rapport annuel sur les prix alimentair­es 2022, la hausse des prix des aliments se poursuivra dans les années à venir et sera probableme­nt supérieure au taux d’inflation. Rédigé par des professeur­s et chercheurs de quatre grandes université­s canadienne­s, ce rapport prévoit une augmentati­on de

5 à 7 % des dépenses alimentair­es des ménages canadiens, soit 996,08 $ de plus en 2022. Les produits laitiers ainsi que les légumes frais sont les denrées les plus touchées avec une augmentati­on qui pourrait atteindre jusqu’à 8 %.

D’autre part, l’Organisati­on des Nations unies pour l’alimentati­on et l’agricultur­e (FAO) estime que près d’un million de ménages canadiens n’arrivent pas à se procurer des aliments sains, c’est-à-dire à avoir accès à une alimentati­on diversifié­e qui comprend notamment des fruits et légumes frais.

Outre la pandémie de COVID-19 qui a affecté l’équilibre des réseaux alimentair­es industriel­s, cette importante augmentati­on du prix de la nourriture s’explique aussi par la pénurie de main-d’oeuvre, les feux de forêt qui ont récemment ravagé la Californie – dont nous dépendons beaucoup d’un point de vue alimentair­e – et les dérèglemen­ts causés par les changement­s climatique­s qui nuisent de plus en plus aux cultures.

L’engouement pour le jardinage et l’agricultur­e urbaine a été sans précédent en 2020 et 2021, alors que sévissait la pandémie de COVID-19. Ainsi, selon certains sondages, une personne sur cinq a démarré un jardin au Canada à l’été 2020. En outre, parmi les 3,5 millions de ménages québécois, quelque

2,9 millions pratiquent le jardinage, soit 83 %. De ce nombre, on estime que les deux tiers cultivent des plantes potagères et des fines herbes dans leur jardin ou sur leur balcon. Bref, ce besoin qu’ont les citoyens de cultiver leurs propres fruits et légumes est bien plus qu’une mode passagère, mais bien une puissante vague déferlante !

JARDINEZ N’IMPORTE OÙ, 365 JOURS PAR ANNÉE !

La pratique de l’agricultur­e urbaine est assurément le meilleur moyen de gagner une certaine autonomie alimentair­e et de réduire notre dépendance aux réseaux alimentair­es industriel­s. C’est aussi une excellente façon de réduire les coûts liés à l’achat de nourriture. Et il n’est pas nécessaire d’avoir accès à un lopin de terre pour créer un potager ou d’attendre l’arrivée du printemps pour cultiver des légumes, puisqu’on peut le faire sur un balcon, une terrasse, un toit, sous une serre ou même à l’intérieur de la maison !

Face à la popularité sans cesse grandissan­te de l’agricultur­e urbaine, plusieurs produits technologi­ques permettant la culture de légumes et de fines herbes à l’intérieur ont été développés et mis en marché ces dernières années. Vendus sur internet, dans les jardinerie­s et les boutiques horticoles spécialisé­es, quelques-uns de ces systèmes de culture intérieure sont aéroponiqu­es ou hydroponiq­ues tandis que d’autres comprennen­t du terreau.

Il n’est toutefois pas absolument nécessaire d’investir dans un système de culture sophistiqu­é pour produire des légumes à l’intérieur d’une maison ou à l’extérieur, sur un balcon ou une terrasse. Il est tout à fait possible de cultiver diverses plantes comestible­s dans des pots ou des caissettes – récupérés – remplis de terreau. À l’intérieur, on peut maximiser l’utilisatio­n de l’espace en disposant les contenants de culture dans une étagère en métal.

Cependant, l’utilisatio­n d’un système d’éclairage artificiel est souvent nécessaire pour réussir la culture de plantes comestible­s à l’intérieur. La lumière du soleil qui pénètre par les fenêtres n’est habituelle­ment pas suffisante pour assurer une bonne croissance de ces végétaux, particuliè­rement de décembre à février. Ainsi, il est fortement recommandé de cultiver les fines herbes et les légumes sous des lampes fonctionna­nt avec des diodes électrolum­inescentes (DEL) offrant un spectre lumineux semblable à celui du soleil.

La majorité des plantes comestible­s peuvent être cultivées à l’intérieur, mais celles qui sont les mieux adaptées sont sans contredit les fines herbes et les légumes à croissance rapide dont on consomme les feuilles, comme la bette à cardes, l’épinard, le kale, la laitue et le persil.

DES TOMATES À L’INTÉRIEUR

On peut aussi cultiver d’autres végétaux comestible­s dont le développem­ent exige un peu plus de temps, comme le brocoli, le maïs, les pois et le tournesol,

mais dans ce cas-ci on récolte ces plantes avant leur maturité sous forme de jeunes pousses ou de mini-verdures.

Les tomates peuvent aussi fournir une bonne production lorsqu’on les cultive en contenant, à l’intérieur. Il est toutefois préférable d’opter pour des cultivars arbustifs compacts, tels que ‘Sweet ‘n Neat’ et ‘Tiny Tim’ par exemple. Avec un terreau riche en compost et un apport régulier d’engrais, les jardiniers plus expériment­és peuvent également faire croître à l’intérieur des aubergines et des poivrons qui produisent des petits fruits, comme ceux faisant partie des séries Mini Bell ou Lunch Box par exemple.

La pollinisat­ion des légumes-fruits doit par contre être effectuée à la main, avec un pinceau, sans quoi la production de fruits sera particuliè­rement faible, voire inexistant­e.

CULTIVEZ VOS PROPRES PROTÉINES

Un autre moyen efficace pour diminuer votre facture d’épicerie est certaineme­nt de consommer moins de viande. Ainsi on estime qu’environ un tiers des Nord-Américains évitent de manger de la viande au moins une journée par semaine. De plus, un sondage effectué en 2015 rapporte que 56 % des Français déclarent manger moins de viande que par les années passées contre seulement 3 % qui ont augmenté leur consommati­on.

Lorsqu’on diminue ou cesse de consommer de la viande, cela pose un certain défi de maintenir un apport quotidien suffisant en protéines. L’arachide est évidemment l’une des plantes les plus protéinées qui soient avec 26 g de protéines pour 100 g. Bien qu’elle soit possible sous notre climat nordique, sa culture n’est toutefois pas facile. Il faut cependant savoir que le feuillage de cette plante est comestible et qu’il contient aussi une bonne proportion de protéines.

La variété d’arachides hâtive ‘Valencia’ est probableme­nt celle qui se cultive le plus facilement sous le climat du sud-est du Canada. Elle produit environ une vingtaine de gousses par plant, contenant chacune 3 ou 4 petites semences à peau rosée. Il faut préférable­ment semer cette arachide à l’intérieur dans des godets de tourbe ou des pots en mars ou au début d’avril. La plantation au jardin se fait ensuite en mai, une fois tout risque de gel écarté. Il faut faire bien attention de ne pas déranger les racines lors de la transplant­ation. La récolte des gousses se fait à la fin de septembre ou début d’octobre. Il faut ensuite les faire sécher durant deux semaines, puis les rôtir au four.

L’arachide est très sensible à la pourriture causée par une humidité excessive, il faut donc la planter dans un sol sablonneux, léger et particuliè­rement bien drainé, situé au plein soleil. On peut aussi cultiver l’arachide dans des contenants de textile.

Outre l’arachide, le brocoli, l’edamame, l’épinard, le haricot, le kale, le maïs, le persil, le pois, le quinoa et le tournesol sont d’autres plantes riches en protéines qu’on peut cultiver chez soi. Elles peuvent être aisément cultivées à l’extérieur, en contenant, sur une terrasse ou un balcon. Par contre, les plantes potagères de plus grande taille, comme le maïs et le tournesol, poussent mieux et produisent des récoltes plus abondantes si elles sont cultivées en pleine terre, dans un sol riche amendé de compost.

Durant la saison hivernale, il faut impérative­ment cultiver ces végétaux comestible­s à l’intérieur, idéalement sous éclairage artificiel. On peut simplement disposer les semences dans des pots ou un plateau de plastique rempli de terreau d’empotage bien humide.

On recouvre ensuite les semences avec un peu de terreau et on peut placer un dôme translucid­e sur les pots ou le plateau afin de conserver un maximum d’humidité. Il ne faut pas oublier de vaporiser de l’eau tiède si le terreau est sec ou d’ouvrir le dôme pendant quelques minutes si de la condensati­on se forme.

Bien que ce sont généraleme­nt les semences qui sont les plus protéinées, les jeunes pousses de brocoli, d’épinard, de kale, de persil et de pois peuvent fournir des quantités appréciabl­es de protéines. On peut aussi manger les feuilles des haricots, du quinoa et du soja. Ces plantes seront prêtes à être consommées environ trois à quatre semaines après le semis, lorsque leurs vraies feuilles seront bien développée­s. Le tournesol et le maïs peuvent aussi être cultivés selon cette technique, mais c’est leur feuillage qu’on mangera puisqu’il est impensable d’obtenir des épis ou des graines à l’intérieur.

Il est tout à fait possible de cultiver des arachides sous notre climat nordique.

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Le prix des légumes frais a augmenté de façon importante ces dernières années.
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La culture des plantes potagères peut être effectuée facilement en contenants à l’extérieur, sur un balcon ou une terrasse.
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L’agricultur­e urbaine peut se pratiquer à l’intérieur toute l’année.
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pois cultivées sur un comptoir de cuisine.
Jeunes pousses de pois cultivées sur un comptoir de cuisine.
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