Plus petit mais pas plus simple ! LE FAMEUX TERRAIN
Voyageuse dans l’âme, Elyse Tremblay comptait utiliser l’argent de la vente de son campeur Westfalia pour autoconstruire sa minimaison. Ce projet l’a plutôt conduit à fonder, il y a huit ans, l’entreprise Minimaliste.
« On a bâti notre expertise autour des petits espaces », fait-elle savoir.
Aux adeptes qui souhaitent s’autoconstruire ou acheter une minimaison, Elyse Tremblay leur conseille d’établir un budget réaliste.
« Petit ne veut pas nécessairement dire moins cher ! », insiste-t-elle.
UN BUDGET RÉALISTE
Il faut être conscient des prix du marché et des propriétés des matériaux afin de faire les bons choix, selon les priorités.
Chez Minimaliste, les designers suggèrent toujours le même type de revêtement de plancher pour une même habitation par souci d’uniformité.
Ils rappellent de tenir compte de la composition des murs et de la ventilation pour éviter les moisissures.
S’ils n’utilisent jamais de gypse, c’est parce qu’ils préfèrent ne pas risquer que les joints craquent.
En plus du coût, la valeur d’entretien des matériaux doit être considérée.
Par exemple, le cèdre, au lieu d’un revêtement extérieur en acier, exigera plus d’entretien pour conserver l’aspect visuel.
Toute personne doit disposer d’un terrain et s’informer de ses caractéristiques avant d’aller de l’avant avec son projet, ajoute Elyse Tremblay.
D’abord, il faut connaître la superficie minimale permise pour déterminer si la minimaison sera réglementaire ou non.
Il est important de savoir si le terrain bénéficie d’un accès à l’eau grâce à un service d’aqueduc ou d’un puits.
Dans le deuxième cas, un adoucisseur d’eau sera requis et des tests devront être effectués.
Selon le modèle retenu, il faut déterminer s’il est préférable de construire un cabanon pour la chambre mécanique.
En matière d’énergie, les futurs propriétaires doivent se demander si l’électricité est accessible et quel est l’ampérage possible.
« Ça va orienter le type d’électroménagers qu’on va mettre dans la maison, le type de chauffage, etc. », donne-t-elle en exemple.
Si le choix d’installer des panneaux solaires semble plus propice, il faut s’assurer que l’environnement est ensoleillé et adéquat.
Enfin, le fait d’avoir accès à un service d’égouts ou une fosse septique changera la donne.
S’il faut en installer une, il sera nécessaire de faire analyser le type de sol.
PLAN DE PLANCHER
Finalement, le plan de plancher doit être créé en fonction des priorités identifiées.
Elyse Tremblay et son équipe aiment faire du « design empathique », en se mettant dans la peau des clients.
« On ne prend pas les décisions pour eux, mais avec eux », dit-elle.
Elle déconseille de prévoir plusieurs utilités à un seul objet.
Utiliser une table de cuisine comme table de travail n’est pas viable tous les jours de l’année, surtout avec des enfants.
Il importe d’être très précis pour identifier la place réservée à chaque accessoire avant de faire les élévations.
« Un demi-pouce dans une petite maison fera toute la différence. Ce n’est pas parce que c’est petit que c’est facile et simple ! » prévient-elle.
Malgré les efforts pour créer le Mini Quartier à Drummondville, ce projet qui devait rassembler une trentaine de minimaisons ne s’est toujours pas concrétisé. L’un des instigateurs, Gérard Bourret, attribue cet échec aux nombreuses exigences des municipalités, qui sont libres de modifier leurs propres règlements concernant la taille minimale des constructions acceptées sur leur territoire.
Pour M. Bourret, la raison est très simple : comme la valeur foncière des minimaisons est moindre, elles rapportent moins de taxes qu’une maison unifamiliale standard. « C’est ça qui les frustre », s’indigne-t-il.
La Ville de Drummondville, qui autorise depuis 2017 les minimaisons, selon certaines conditions, dit n’avoir jamais eu à se prononcer sur ce futur quartier. « Aucun projet n’a officiellement été déposé », indique la conseillère en relations publiques, Anne-Élisabeth Benjamin.
PAS DE MINIMAISONS DANS LE PETIT QUARTIER
Après cinq ans de préparation, le Petit Quartier de Sherbrooke, qui figure comme un modèle coopératif défiant les normes d’urbanisme habituelles, accueillera finalement des grappes de petites maisons de 720 à 960 pieds carrés, au lieu de minimaisons, comme prévu au départ.
Ce changement a été effectué à la demande de Desjardins, qui acceptait de faire des prêts hypothécaires si les habitations comptaient minimalement une superficie de 700 pieds carrés, explique Guillaume Brien, directeur général de la Fédération des coopératives d’habitation de l’Estrie.
Il rapporte aussi que des élus craignaient que les minimaisons ressemblent à une remise et qu’elles perdent de la valeur avec les années. « Ils se demandaient s’il y avait un marché de revente après », ajoute-t-il.
Le nouveau chantier des Terrasses de Stanstead, en Estrie, abritera des petites maisons de 620 à 800 pieds carrés et non des minimaisons, comme annoncé récemment. Des modifications à la réglementation municipale ont dû être apportées pour permettre ces dimensions, informe le maire, Jody Stone.
D’ailleurs, la refonte des règlements d’urbanisme, qui est en cours dans sa municipalité, est un processus complexe pouvant prendre des années, indique le directeur général de Ham Sud, Étienne Bélisle. Son conseil municipal promet de réfléchir à la question des minimaisons.
DIFFICILE POUR LES MINIMAISONS SUR ROUES
Certains terrains de camping acceptent les minimaisons sur roues, mais celles-ci ont la vie dure dans la plupart des municipalités. Dixville, en Estrie, fait partie des rares qui les acceptent. Comme les élus craignaient d’aménager les services d’aqueduc et d’égout dans un quartier que les minimaisons sur roues pouvaient quitter en tout temps, ils ont exigé qu’elles aient une fondation sur dalle, sur pieux vissés ou autre. « Ils avaient peur que le quartier devienne désert ! » avance le directeur général, Sylvain Benoit.