Le Journal de Montreal - Évasion
UN BISTROT OÙ ON MANGE POUR 2 EUROS
AFP | Dans le très chic VIe arrondissement de Lyon se trouve une table d’hôtes « solidaire » ouverte à tous. On y mange pour 2 euros, fromage et café compris. L’objectif : faire se rencontrer « deux mondes ». Un défi.
Nassira annonce à la criée le menu : « salade mixte, poulet rôti accompagné de purée de patate douce, champignons et carottes à la crème, fromage et salade de fruits ».
La chef du jour, Dominique Jacotet, est « très légumes, fruits, herbes fraîches et épices ». Les amateurs de « chips-saucisson » repasseront.
De dehors, l’endroit ressemble à un énième café cosy, mais ici tout a été chiné ou récupéré.
Servis au moins quatre fois par semaine, les repas sont confectionnés uniquement avec des produits de la banque alimentaire et « on ne met pas les pieds sous la table! », prévient Mélanie Dagneau, l’une des deux salariés du lieu.
Chaque convive – le restaurant peut en accueillir trente – doit aider en cuisine, débarrasser, passer un coup sur la table ou faire la plonge.
RELAIS DU « VIVRE ENSEMBLE »
L’association Habitat et Humanisme a, comme à son habitude, mis les pieds dans le plat en ouvrant cette première « Escale solidaire » dans ce quartier où il n’y a, en apparence, pas ou très peu de mixité sociale.
Cette association, spécialisée dans le logement très social, est à la pointe sur l’innovation sociale.
« Le repas est une méthode d’accroche et un créateur de lien », poursuit M. Dulin. Car l’Escale propose des ateliers d’insertion, coiffure, couture et fait venir des recruteurs. Ce n’est pas un accueil de jour pour SDF, mais un lieu chaleureux où il est possible de reprendre confiance en soi.
Au départ, ce lieu était pensé pour être un relais pour les locataires d’Habitat et Humanisme qui, par souci de mixité, construit ou réhabilite des ensembles de logements de petite taille en plein coeur des villes. Au final, le public de l’Escale va bien au-delà.
À Lyon, il existe déjà des initiatives de repas partagés comme Les Petites Cantines où le repas est à prix libre. Mais, selon Antoine Dulin, peu sont pensées comme de vrais relais du « vivre ensemble et du faire ensemble ».