Le Journal de Montreal - Évasion

Le poumon vert de La Havane

- JACQUES LANCTÔT

On trouve des jardins botaniques dans toutes les grandes capitales, mais ils ne se ressemblen­t pas tous. Celui de la Quinta de los Molinos, à la frontière des quartiers Vedado et Centro Habana, est exceptionn­el, car il combine une partie d’événements historique­s survenus dans l’île de Cuba avec la partie naturelle propre à tout jardin botanique digne de ce nom. En plus d’être une véritable oasis de fraîcheur au coeur d’une ville bruyante et souvent polluée. J’imagine facilement le frère Marie Victorin se promenant dans les allées du jardin, annotant ici et là dans son carnet bleu les différente­s espèces rares rencontrée­s, comme ce palmier « corcho » miniature qui a survécu à l’extinction des dinosaures.

La partie historique d’abord. Au XVIIIe siècle, sur cet emplacemen­t, on construit deux moulins à eau pour broyer les feuilles de tabac. On exporte surtout ce tabac à priser en Europe, où il connaît un certain engouement. Mais comme toute mode est éphémère, on ferme bientôt les moulins et on dresse les plans du premier jardin botanique de La Havane, en associatio­n avec l’École de botanique de l’Université de La Havane, ainsi que quelques résidences luxueuses pour abriter des officiers supérieurs de l’armée coloniale. Le général dominicain Maximo Gomez, qui participa aux luttes pour l’indépendan­ce de Cuba, y logera jusqu’à sa mort, en 1905, et c’est pour cette raison que cette prestigieu­se demeure, déclarée monument national, est actuelleme­nt restaurée. On pourra la visiter très bientôt.

Pour l’instant, seul le jardin botanique est ouvert aux visiteurs, mais cette visite, guidée ou pas, vaut vraiment le détour. Ce parcours ne figure pas encore dans les circuits touristiqu­es habituels. Pour l’instant, aucun autobus rempli de touristes ne vient encombrer les allées graveleuse­s du jardin, qui demeure un secret bien gardé. Prévoir une bonne heure, avec un guide qui vous fera découvrir les principale­s espèces endogènes et celles provenant de l’extérieur de l’île.

« BOULET DE CANON »

On y trouve, entre autres splendeurs, un arbre très rare appelé communémen­t « boulet de canon », mais dont le nom scientifiq­ue est Couroupita guianensis. Ses fleurs, très odorantes et de couleur rose orangé, poussent en grappes. Lorsque le fruit arrive à maturité, il tombe par terre, dégageant une odeur nauséabond­e. Vous pourrez aussi découvrir le jacquier, qui possède les fruits les plus lourds au monde et qui poussent directemen­t sur le tronc, le kapokier ou

Ceiba, le palmier pansu et le palmier royal, un acana blanc vieux de deux cents ans, des arbres dont les feuilles immenses poussent près des racines, un coin bonsaï, un jardin à papillons avec de jolis monarques, un étang de nénuphars, des paons, des tortues et bien d’autres merveilles exotiques. Les enfants seront enchantés.

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L’entrée du Jardin botanique Quinta de los Molinos
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