Le Journal de Montreal - Évasion
Capitale mondiale DE NOËL
À l’approche de la célébration de la Nativité, nombreux sont les pratiquants qui rêvent de visiter le lieu exact où Jésus est né entouré d’animaux, du moins si on en croit la mère de l’empereur Constantin, Hélène, qui a déterminé l’endroit.
A-t-elle été guidée par le Saint-Esprit ? Des bergers lui ont-ils seulement indiqué la plus grosse grotte des environs ?
Je fais partie des sceptiques, mais comment demeurer insensible à ce lieu ?
Un lieu riche d’histoire certes, mais vous risquez d’être déçus. Comme à Jérusalem avec le Saint-Sépulcre, l’Église a complètement éliminé l’aspect champêtre du site. Par-dessus la grotte, on a construit une chapelle. Et par-dessus cette chapelle, on a érigé une immense basilique. Bref, on a joué à la « poupée russe » religieuse.
Je suis allé trois fois à Bethléem. Mon souvenir le plus intense fut d’y apercevoir une délégation éthiopienne de fidèles vêtus de blanc. Ils étaient comme obnubilés d’arriver là ! Je me suis bien abstenu de montrer mon amusement devant cette naïveté… Que voulez-vous ? Je ne comprends plus les croyants. Combien de jésuites et de dominicains ai-je vu défiler près de la « crèche », dont je me suis demandé : « Comment des gens aussi instruits peuvent-ils y croire ? »
UN ENVIRONNEMENT PARADOXAL
Drôle de paradoxe : le christianisme, censé propager la paix entre les hommes, évolue ici dans une enclave extrêmement conflictuelle ! En 1986, je me souviens avoir vu le chef rebelle palestinien
Yasser Arafat assister à la messe. Une cohorte de militaires israéliens l’encadraient. Ces derniers plaçaient des fleurs dans le canon de leur fusil… fleurs qu’ils donnaient ensuite aux pèlerins. Un détail charmant.
Autre paradoxe de Bethléem : la majorité de la population est musulmane. On sent bien que tout le monde ne partage pas l’enthousiasme de Noël, loin de là ! Ça s’est un peu calmé depuis trente ans, mais une foule hostile m’a déjà lancé des pierres là-bas… chose qui ne s’est pas produite souvent dans ma vie !