Le Journal de Montreal - Weekend
LA MALADIE QUI VOLE LA MÉMOIRE
Ce sont deux figures marquantes de notre théâtre qui ont uni leurs efforts pour nous présenter la pièce, L’oratorio de Noël, prochainement à l’affiche au Théâtre Duceppe. Une toute nouvelle création de Michel Tremblay et une mise en scène de Serge Denonco
Michel Tremblay a voulu nous raconter l’histoire d’un homme dans la soixantaine atteint de la maladie d’alzheimer. Au lieu de nous raconter le récit que vivent ses proches, comme c’est souvent le cas dans ce genre de scénario, il a voulu plutôt nous faire vivre l’angoisse et les émotions que vit celui qui en est atteint.
C’est l’histoire de Noël et de sa maladie. Sa mémoire lui fait faux bond, ses repères disparaissent peu à peu, sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. C’est l’ironie du sort, car Noël est un grand neurochirurgien jouissant d’une grande réputation. Il connaît parfaitement bien cette maladie, elle faisait partie du quotidien de ses patients. Et voilà ! C’est maintenant à son tour. Noël est beaucoup trop conscient de ce qui l’attend. Surtout, il est impuissant devant l’effet dévastateur de la maladie, qui ne pardonne pas. Il sait pertinemment bien qu’à travers cette terrible et longue maladie, il va progressivement perdre toute sa lucidité et ses moyens. « Noël pensera au suicide dès le début de la pièce », révèle le metteur en scène, Serge Denoncourt. Selon ce dernier, ce sera le suspense qui nous tiendra en haleine tout au long du spectacle.
UN RETOUR AU THÉÂTRE
Pour Raymond Bouchard, c’est un retour au grand théâtre institutionnalisé après 12 ans d’absence. Pour celui qui a joué au théâtre pendant une vingtaine d’années, avant de mettre la scène en veilleuse, alors que son talent d’acteur était réclamé dans différents longs-métrages, le voici de nouveau sur les planches. Séduit par le texte de Michel Tremblay, il a accepté le rôle, principalement parce qu’il représentait un défi pour lui.
« Ce rôle aura été un des plus difficiles de ma carrière, confie-t-il. Déjà, jouer au théâtre, c’est très demandant, mais le rôle de Noël est particulièrement difficile en raison de cette terrible maladie. J’ai été touché par le texte de Michel Tremblay, j’ai vu toute son intensité et son sens dramatique. La maladie d’alzheimer est une maladie qui m’interpelle. »
La pièce s’amorce alors que Noël est déjà à un stade assez avancé de la maladie. Le personnage va revivre sa vie sous les yeux des spectateurs. C’est lorsque Noël a des moments de lucidité qu’il va raconter sa vie.
L’acteur, perfectionniste et soucieux des détails, a voulu se préparer pour ce grand rôle en se documentant sur la maladie. « J’ai lu le guide de la maladie d’alzheimer du Dr Poirier, un grand spécialiste du sujet. J’ai compris qu’en plus des pertes de mémoire sur les événements actuels, il arrive que des scènes du passé reviennent, précise le comédien. Dans le cas de Noël, il reconnaît son ex-femme et ses enfants, mais la confusion est au niveau des époques. » Soulignons que Raymond Bouchard a déjà joué un personnage souffrant de pertes de mémoire, dans l’émission Annie est ses hommes.