Le Journal de Montreal - Weekend

SÉBASTIEN RAVARY

sur les chapeaux de roues

- Marc-andré Lemieux Le Journal de Montréal

À 26 ans, Sébastien Ravary occupe l’un des postes les plus convoités en humour par les temps qui courent : coauteur du Bonheur, le nouveau one man show de Patrick Huard. Un rôle qui pourrait lui permettre d’accéder aux plus hautes sphères du métier… si tout se passe bien, évidemment.

Ravary est conscient de la chance qui s’offre à lui. Quant à la pression qui accompagne de telles responsabi­lités, le jeune comique tente de l’ignorer. « J’ai commencé à ressentir la pression la semaine dernière, quand on a présenté le spectacle pour la première fois à un petit groupe de personnes, admet-il. J’étais tellement nerveux ! Ma chemise était détrempée ! C’était ridicule ! »

« Si après chaque ligne que j’écris, je m’arrête pour me dire “les enjeux sont énormes… t’es peut-être en train de jouer ta carrière”, je n’y arriverai pas, ajoute-t-il. Je ne peux pas me concentrer si je passe mon temps à me poser ce genre de questions. »

À l’adolescenc­e, Sébastien Ravary ne pensait jamais pouvoir un jour gagner sa vie en écrivant des blagues. Bien qu’il consommait « une dose faramineus­e d’humour », il n’avait songé à transforme­r sa passion en profession.

« Ça m’a pris beaucoup de temps avant de réaliser que j’aimais ça à ce point-là, dit ce ressortiss­ant de Saint-eustache. Je me destinais vers des métiers qu’on n’a pas le droit de faire. J’étais un petit bum. Je me tenais avec des gens peu recommanda­bles. Je n’avais pas vraiment d’ambition. Je ne voulais pas travailler. Je ne m’enlignais pas vers quelque chose de précis… Et je ne me posais pas de question. »

UN DÉPART CANON

Sébastien Ravary n’a pas chômé depuis sa sortie de l’école nationale de l’humour (ENH) en 2010. Du gala des prix Gémeaux aux Enfants de la télé, en passant par Les Parlemente­ries et le Bye Bye, les projets de premier plan se sont succédé à un rythme effréné. En raison de son horaire chargé, Ravary a pu se tenir à l’écart de l’éternelle tournée des bars, un passage quasi obligé pour les humoristes de la relève.

« La scène, j’en ai fait un peu. J’ai beaucoup aimé ça… mais ce n’est pas le cas de mon système nerveux, confie-t-il. À la base, je suis quelqu’un de très anxieux et de très angoissé. Au quotidien, je gère bien mon stress, mais dans des situations comme ça, je vire fou. Chaque fois, c’est la même affaire : je vais voir le producteur cinq minutes avant le show pour lui demander de tout annuler ! »

Sébastien Ravary le dit franchemen­t : la compétitio­n entre les jeunes humoristes est énorme. « C’est presque malsain, observe-t-il. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Tout le monde veut atteindre le même but, tout le monde veut s’entraider, mais au final, c’est chacun pour soi. C’est triste de voir ça. »

À CAUSE DU BANQUIER

Quand on lui demande comment il a réussi à infiltrer le clan Huard, Sébastien Ravary hésite. Après une pause de quelques secondes, le jeune homme de 26 ans crache le morceau. « J’étais en train d’écouter Le banquier », dit-il, visiblemen­t embarrassé. Sentant le besoin irrépressi­ble de justifier ses habitudes télévisuel­les, Ravary passe la minute suivante à plaider les circonstan­ces atténuante­s : « Mon ex-copine travaillai­t à TVA en gestion de contenu web… Un soir, elle devait regarder Le banquier pour alimenter le site internet. C’était un spécial sur les 50 ans de TVA. Patrick Huard était là pour annoncer son retour sur scène. J’ai commencé à écrire tout de suite après l’émission. » À la première heure le lendemain matin, Ravary donnait un coup de téléphone à Louise Richer, la directrice de L’ENH. Quelques heures plus tard, il discutait de vive voix avec François Flamand, l’ami et gérant de Patrick Huard. « J’ai foncé. Je ne me préoccupe pas des convention­s quand je veux quelque chose », résume-t-il. Sa stratégie a porté fruit, mais pas nécessaire­ment instantané­ment. Ravary s’est plutôt retrouvé à plancher sur la première saison de Traitement choc, une minisérie développée spécialeme­nt pour Lib tv, une chaîne de télé mobile dont Patrick Huard allait assurer la direction quelques semaines plus tard. « On a commencé à travailler ensemble et ça a cliqué » ,

raconte la jeune recrue.

Sébastien Ravary se souvient très bien de leur première rencontre à propos du spectacle. « Les indication­s de Patrick étaient tellement riches, tellement claires, que j’ai pu écrire 60 pages de texte à partir des notes que j’avais prises », déclare-t-il.

Sébastien Ravary se fait plutôt discret quant aux thèmes que Patrick Huard abordera sur scène. « Patrick a une “license to kill” : il a mérité le droit de parler de tout ce qu’il veut, de tout ce dont il a envie. C’est un des rares qui peut se le permettre au Québec. »

Le bonheur

Au Théâtre St-denis à Montréal du 14 au 24 mars

À la Salle Albert-rousseau à Québec du 2 au 12 mai

En tournée à Brossard, Drummondvi­lle, Joliette, Ottawa, Saguenay, Sherbrooke, Terrebonne et Trois-rivières.

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