Le Journal de Montreal - Weekend

LA FIN DE L’ANONYMAT

Il y a deux ans, Sugar Sammy passait incognito dans les rues de Montréal. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Après deux passages à Tout le monde en parle, une altercatio­n avec Pauline Marois au gala Les Olivier et une apparition remarquée au Festival Juste

- Marc-andré Lemieux Le Journal de Montréal

Cette perte d’anonymat ne le tracasse pas… à condition qu’il ne soit pas en plein rush de magasinage du temps des Fêtes.

« L’an dernier, je suis revenu d’haïti le 24 décembre, raconte-t-il. J’avais trois heures pour trouver le cadeau de ma mère. Je savais ce que je voulais lui acheter, j’ai mis une casquette, j’ai foncé et personne n’est venu me déranger. »

Une fois n’est pas coutume puisque d’ordinaire, Sugar Sammy aime beaucoup échanger avec ses fans… surtout lorsqu’il passe la soirée au resto avec une conquête potentiell­e. « Le meilleur moment pour m’aborder, c’est pendant une date, indique-t-il. Agissez comme un fan fini, demandez-moi mon autographe, prenez-moi en photo, faites tout ce que vous voulez… Donnez-moi la chance de faire mon big shot. Ça allume tellement les filles ! »

UN SPECTACLE FRANGLAIS

La popularité grandissan­te de Sugar Sammy se mesure aussi à l’engouement du public face à son nouveau one man show, You’re Gonna Rire. Depuis la mise vente des billets, en octobre dernier, plus de 26 supplément­aires se sont ajoutés à l’agenda du comique. Pour répondre à la demande des amateurs, Sugar Sammy a même dû prévoir des représenta­tions à l’extérieur de Montréal, la ville qui l’a inspiré dans la création de ce spectacle bi- lingue qui marque le début de sa collaborat­ion avec le Groupe evenko, le plus grand promoteur indépendan­t d’événements au pays.

« Ça faisait deux ans que j’essayais de vendre mon show à des producteur­s, raconte-t-il. J’ai cogné aux portes de toute la ville. On me disait qu’un spectacle dans les deux langues, ça ne fonctionne­rait jamais, que les francophon­es ne voudraient pas se taper un show en anglais et vice-versa. »

You’re Gonna Rire s’adresse à des amateurs de stand up comique à l’américaine doté d’un grand sens de l’autodérisi­on. Car Sugar Sammy n’est pas le type d’humoriste qui se plaît à flatter son public dans le sens du poil. Oh que non. Fédéralist­e jusqu’au bout des ongles, il s’en prend volontiers aux souveraini­stes une fois sur les planches, abordant – avec le sourire – des thèmes délicats comme le racisme et les tensions linguistiq­ues.

« J’aime taquiner les gens, explique-til. Je fais la même chose avec les Américains quand je donne des shows aux États-unis. Ils se demandent toujours s’ils doivent rire ou me sauter dessus ! »

QUÉBEC-INTERNATIO­NAL

Élevé à Montréal dans le quartier multiethni­que de Côte-des-neiges, Sugar Sammy, de son vrai nom Samir Khullar, s’est taillé une place sur la scène anglophone et internatio­nale avant de se lancer à la conquête du marché francophon­e. S’exprimant dans quatre langues (anglais, français, hindi et punjabi), il donne chaque année une bonne centaine de spectacles partout sur la planète, de l’angleterre à la Nouvelle-zélande, en passant par la Malaisie et l’arabie Saoudite.

Au cours des prochaines années, il souhaite apprendre l’espagnol et le portugais afin d’explorer un nouveau territoire : l’amérique du Sud.

« Mon ambition n’est pas motivée par l’argent, souligne-t-il. Mon but, ce n’est pas de gagner 8 M$ par année ; je veux juste apprendre à connaître différente­s cultures. »

Bien qu’il ait emprunté une voie différente de celle des ressortiss­ants de l’école nationale de l’humour, Sugar Sammy ne se considère pas comme le mouton noir de la grande famille du rire au Québec. « Le milieu m’a super bien accueilli, insiste-t-il. Si je clash avec le reste des humoristes québécois, ce n’est pas par choix. Je ne me suis jamais dit : “Il faut que je me démarque.” Je ne me force pas pour apporter un point de vue différent. Je reste fidèle à moi-même, c’est tout. »

GO HABS GO ?

Comme plusieurs humoristes de sa génération, Sugar Sammy aime bien donner libre cours à ses pensées sur Twitter. Son sujet de prédilecti­on ? Le Canadien de Montréal. Grand amateur de hockey depuis son tout jeune âge, Sugar Sammy pimente chaque partie du Tricolore de commentair­es et d'observatio­ns bien personnels.

Les déboires du CH ne semblent pas avoir tempéré son enthousias­me. « J'aime l'énergie des jeunes joueurs, comme Desharnais, Leblanc, Subban et Palusha. L’avenir du club, c’est eux, dit-il. Ça me fait de la peine de voir que le Canadien en arrache, mais toutes les équipes passent par là un jour ou l'autre. C'est comme la bourse: il y a des hauts… et il y a des bas. »

D’ici la fin de cette saison de misère, Sugar Sammy souhaite voir le Canadien se battre pour une place en série (« Mathématiq­uement, c’est encore possible », dit-il) et pour le bonheur des amateurs. « N’abandonnez pas. Gagnez autant que vous pouvez. Et continuez à nous donner de belles games comme celle de dimanche dernier. » Amen. You’re Gonna Rire – Le show franglais est présenté à l’olympia de Montréal à partir du 23 février Pour plus d’infos sur les dates de spectacles : sugarsammy.com Des représenta­tions 100 % en français seront aussi offertes à Brossard, Québec, Saint-hyacinthe, Granby et dans plusieurs autres villes de la province l’automne prochain.

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